Contes populaires d’Afrique (Basset)/80

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E. Guilmoto, Éditeur (Les Littératures populaires, tome XLVIIp. 196-197).

XXXVIII. — BOULLOM[1]

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L’ÉLÉPHANT ET LE BOUC[2]


L’éléphant et le bouc se disputèrent entre eux pour savoir qui mangeait le plus ; ils allèrent trouver le lion afin qu’il décidât. L’éléphant parla le premier, puis la parole fut donnée à son ami. Quand celui-ci eut fini, le lion leur dit :

— Je vais vous conduire dans un vaste champ ; je permettrai au vainqueur d’habiter parmi mes sujets, mais celui qui sera vaincu, qu’il sache bien qu’il ne me verra pas avec ses yeux.

Il les amena dans un vaste champ et s’arrêta pour les regarder. Ils se baissèrent jusqu’à terre et broutèrent toute la journée, jusqu’à ce que la nuit arriva ; alors ils allèrent se coucher sur un rocher et allongèrent leurs membres. Le bouc commença à faire des efforts et à remâcher ses aliments.

— Qu’est-ce que tu manges encore ? demanda l’éléphant.

— Aïe, Aïe, dit le bouc ; je mange le rocher et comme j’ai fini avec celui-ci, il faut que je prenne du tien.

L’éléphant s’enfuit dans les bois et ne revint plus depuis ce jour-là.



  1. Le Boullom est parlé dans la colonie anglaise de Sierra-Leone.
  2. Nylænder, Grammar and Vocabulary of the bullom language, Londres, 1814, Church Missionary Society, in-12, p. 53-54.