Contes populaires d’Afrique (Basset)/81

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E. Guilmoto, Éditeur (Les Littératures populaires, tome XLVIIp. 197-198).

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LA CHENILLE ET LA TORTUE DE TERRE[1]


La chenille et la tortue se mirent en route en temps de famine et vinrent dans les contrées voisines. La chenille s’arrêta, regarda d’où il venait le plus de fumée et dit qu’elle voulait aller là-bas ; mais la tortue voulut aller là où il n’y avait pas beaucoup de fumée. Toutes les deux se séparèrent. La chenille alla vers l’endroit choisi par elle et trouva seulement beaucoup de bois entassé, mais la tortue trouva beaucoup d’excellents mets préparés. La chenille ne put voir une bonne place pour loger : elle s’éloigna, s’enfuit, alla vers la tortue, trouva qu’elle avait fini de manger et qu’elle remettait le reste. La chenille arriva, regarda et chuchota :

— Ma bonne amie, viens ici.

La tortue répondit :

— Je ne veux pas ; j’ai travaillé à remplir mon ventre.

— Serres-tu le reste ? demanda la chenille.

— Je n’en ai laissé qu’un peu, dit la tortue.

— Donne-le-moi, apporte-le-moi, que je mange et que je m’emplisse comme toi.

La tortue le lui donna et la chenille l’acheva.

— Vois, dit la tortue ; quand tu te promènes avec ton voisin, tu ne dois pas le tromper. Tu pensais que là où il y avait de la fumée, il y avait de ha nourriture ; tu ne savais pas qu’il n’en est pas ainsi. Si tu avais trouvé quelque chose, tu ne m’en aurais pas donné.




  1. Nylænder, Grammar and Vocabulary of the bullom language, p. 57-59.