Coran Savary/012

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Traduction par Claude-Étienne Savary Voir et modifier les données sur Wikidata.
G. Dufour (1p. 224-237).





JOSEPH. La paix soit avec lui.


donné à la mecque, composé de 111 versets
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Au nom de Dieu clément et miséricordieux.


A. R. L. Tels sont les signes du livre de l’évidence.

Nous l’avons fait descendre du ciel, en langue arabe, afin que vous le compreniez[2].

Nous allons te réciter une histoire admirable,[3] puisque nous t’avons révélé le Coran. Avant sa venue tu l’aurais ignorée.

Joseph dit à son père : J’ai vu onze étoiles, le soleil et la lune qui m’adoraient.

O mon fils ! répondit Jacob, ne raconte pas cette vision à tes frères, de peur qu’ils ne te dressent des embûches. Satan est l’ennemi de l’homme.

Tu seras l’élu de Dieu. Il te donnera l’interprétation des choses futures. Il accomplira ses grâces sur toi, sur la famille de Jacob, comme il les a accomplies sur Abraham et Isaac, parce qu’il est savant et sage.

L’histoire de Joseph et de ses frères servira d’exemple à la postérité.

Les frères de Joseph tinrent entre eux ce discours : Joseph et Benjamin ont toute la tendresse de Jacob ; cependant nous valons mieux qu’eux. Il nous fait une injustice marquée.

Mettons Joseph à mort, ou l’envoyons dans une terre étrangère, afin que le cœur de notre père nous soit ouvert. Dans la suite nous nous convertirons.

Ne trempons point nos mains dans le sang de notre frère, répondit l’un d’eux ; descendons-le dans une citerne profonde ; quelque voyageur l’emmènera.

Pourquoi, dirent-ils à Jacob, ne nous confies-tu pas Joseph ? Nous le conserverions avec soin.

Laisse-le partir demain avec nous, afin qu’il se livre en liberté aux amusemens de l’enfance. Repose-toi sur nous du soin de ses jours.

Je vous le remets en tremblant, dit Jacob[4] ; je crains votre négligence ; je crains que mon fils ne devienne la proie d’une bête féroce.

Si une bête féroce l’attaque, nous sommes en grand nombre, et nous périrons pour le défendre.

Ils partirent et convinrent de le descendre dans une citerne. Nous lui révélâmes qu’il raconterait cette action à ses frères, sans qu’ils puissent la comprendre.

Ils revinrent le soir trouver Jacob, et ils pleuraient.

Nous nous exercions à la course, lui dirent-ils, et nous avions laissé Joseph auprès de nos habits. Une bête l’a dévoré. Tu ne nous croirais pas quoique nous disions la vérité ;

Voici sa chemise ensanglantée. C’est vous, dit le vieillard, qui êtes coupables de sa mort. Il faut souffrir. Dieu seul peut me secourir dans le malheur que vous m’annoncez.

Des voyageurs passèrent. On envoya puiser de l’eau à la citerne. Celui qui descendit le seau, s’écria : Heureuse nouvelle ! voici un enfant. Les fils de Jacob cachèrent qu’il fût leur frère, pour en retirer de l’argent ; mais Dieu voyait leur action.

Ils le vendirent à vil prix, et s’en défirent ainsi.

L’Égyptien qui l’acheta dit à sa femme : Traite cet enfant avec distinction ; il pourra un jour nous être utile ; adoptons-le pour fils. C’est ainsi que nous établîmes Joseph en Égypte. Nous lui apprîmes à lire dans l’avenir. La volonté du Très-Haut s’exécute infailliblement ; et la plupart des hommes ignorent cette vérité.

Lorsque Joseph fut parvenu à l’âge viril, nous lui donnâmes la sagesse et la science, juste récompense de la vertu.

La femme du seigneur égyptien porta ses vues sur Joseph. Elle ferma la porte, et le sollicita au mal. Dieu est mon refuge, dit le fils de Jacob. Il m’a comblé de biens dans cette maison ; les ingrats ne prospéreront point.

Elle s’efforça de triompher de sa résistance ; il était prêt de céder à ses désirs, lorsqu’une vision l’arrêta[5]. Ainsi nous l’éloignâmes du crime, parce qu’il était notre fidèle adorateur.

Elle courut après Joseph qui fuyait vers la porte, et lui déchira sa robe par-derrière. Le mari se trouva à l’entrée de l’appartement. Que mérite, lui dit-elle, celui qui vient d’attenter à l’honneur de ta femme, sinon la prison, ou un châtiment rigoureux ?

Seigneur, dit Joseph, c’est votre épouse qui m’a sollicité. Un des parens prononça ces paroles : Si le manteau est déchiré par-devant, votre femme dit la vérité, et Joseph est coupable ;

Mais s’il est déchiré par-derrière, elle est criminelle et Joseph innocent.

Le seigneur égyptien, voyant le manteau déchiré par-derrière, dit à son épouse : Voilà de vos fourberies ! sont-elles assez grandes ?

O Joseph ! garde le silence sur cette aventure, et toi, implore le pardon de ta faute, tu es seule coupable.

Les femmes se dirent dans la ville : L’épouse du seigneur a voulu jouir de son esclave. L’amour a enflammé son cœur ; elle est dans l’aveuglement.

Ayant appris leurs discours, l’épouse du seigneur les invita à un grand festin[6]. Elle leur donna des couteaux tranchans, et elle fit paraître Joseph. Charmées de sa beauté, toutes les femmes le comblèrent de louanges. Elles se coupaient les doigts par distraction, et s’écriaient : O Dieu ! ce n’est pas un homme, c’est un ange adorable.

Voilà, leur dit l’épouse du seigneur, celui qui m’a rendue coupable à vos yeux. C’est lui qui m’a fait naître des désirs. Jusqu’à présent il y a été insensible ; mais s’il n’écoute ma passion, je le ferai renfermer dans une prison, et il sera misérable.

Grand Dieu ! s’écria Joseph : La prison est préférable au crime ; mais si tu ne me délivres des poursuites de ces femmes, je succomberai, et je serai au nombre des insensés.

Le ciel exauça ses vœux. Il fut délivré des pièges tendus à son innocence. Dieu sait et entend tout.

Il fut mis en prison quoique son innocence fût reconnue.

Deux jeunes seigneurs y étant entrés avec lui, un d’eux lui dit : J’ai songé que je pressais du raisin dans mes mains ; l’autre ajouta : J’ai songé que je portais sur ma tête des pains que les oiseaux venaient becqueter, ô toi, qui es juste ! donne-nous l’interprétation de ces songes.

Je vous en donnerai l’explication, dit Joseph, avant que vous ayez reçu de la nourriture. Le Seigneur m’a instruit, parce que j’ai abandonné la secte de ceux qui ne croient ni en Dieu, ni à la vie future.

Je professe la religion de mes pères Abraham, Isaac et Jacob. Le culte des idoles nous a été défendu. C’est une faveur de Dieu, qui comble de biens tous les hommes ; mais la plupart ne l’en remercient pas.

O mes compagnons d’infortune ! Des idoles doivent-elles être préférées au Dieu unique dont la puissance s’étend sur l’univers ?

Vos dieux ne sont que de vains noms que vous avez inventés ou reçus de vos pères. Ils sont dépourvus de puissance. Dieu seul a le pouvoir de juger. Il a commandé qu’on n’adorât que lui. C’est la vraie religion ; mais la plupart des hommes ne la connaissent pas.

O mes compagnons d’infortune ! Un de vous deviendra l’échanson de son roi, l’autre sera crucifié, et les oiseaux se nourriront de sa chair. Voilà l’explication que vous me demandiez.

Il dit à celui qui devait échapper au supplice : Souviens-toi de moi auprès du prince ; mais Satan effaça de sa mémoire le souvenir de Joseph, et il resta plusieurs années en prison.

Le roi dit à ses courtisans[7] : j’ai vu en songe sept vaches grasses que sept vaches maigres ont dévorées, et ensuite sept épis verts auxquels sept épis arides ont succédé. Expliquez ma vision, si vous avez cette science.

Seigneur, lui répondirent-ils ; ce sont là des fantômes du sommeil, et nous ne savons point interpréter les songes.

L’échanson s’étant ressouvenu de Joseph, dit au roi : Prince, laissez-moi sortir, je vous en rapporterai l’explication.

O toi qui ne trompe point ! dit-il à Joseph : Explique-nous ce que signifient sept vaches grasses que sept maigres dévorent, et sept épis verts suivis de sept épis arides, afin que je l’apprenne à ceux qui m’ont envoyé.

Vous sèmerez, répondit Joseph, sept années de suite ; mais laissez dans l’épi le grain que vous aurez moissonné, excepté ce qui sera nécessaire pour votre subsistance.

Ces années seront suivies de sept autres entièrement stériles, qui consumeront presque tout ce que vous aurez mis en réserve.

Un temps viendra ensuite où les hommes se corrompront, et presseront le raisin.

Qu’on m’amène Joseph, dit le roi. Un exprès l’alla trouver et lui dit : Prie ton Dieu de te faire connaître quel était le dessein des femmes qui se sont coupé les doigts, parce que le prince est instruit de leur malice.

Le roi leur demanda : Quel a été le succès de vos poursuites auprès de Joseph ? Prince, répondirent-elles, son cœur a résisté au mal. Rendons hommage à la vérité, ajouta la femme du seigneur. J’ai voulu séduire sa jeunesse ; mais il est innocent.

Mon maître verra, dit Joseph, que je ne l’ai point trompé pendant son absence. Dieu ne dirige point les complots des méchans.

Je ne me crois pas exempt de péché. L’homme est enclin au mal. Ceux que le ciel favorise de ses grâces peuvent seuls l’éviter. Le Seigneur est clément et miséricordieux.

Qu’on fasse venir Joseph, dit le roi, je veux me l’attacher. Après l’avoir entretenu, il lui dit : Demeure dès ce jour auprès de moi, et jouis de ma confiance.

Joseph lui répondit : Prince, donne-moi l’administration des grains de ton empire, je saurai les conserver.

Nous établîmes ainsi Joseph en Égypte. Il s’y choisit une habitation à son gré. Nous versons nos faveurs sur ceux qu’il nous plaît, et nous ne laissons point périr le prix dû à la vertu.

La récompense de l’autre vie, bien plus magnifique, sera le partage de ceux qui ont la foi et la crainte du Seigneur.

Les frères de Joseph vinrent se présenter à lui. Il les reconnut aussitôt ; mais ils ne purent le reconnaître.

Il leur fit donner les choses dont ils avaient besoin, et leur dit : Amenez-moi celui de vos frères qui est resté auprès de votre père. Ne voyez-vous pas que je remplis la mesure, et que je reçois bien mes hôtes ?

S’il ne vous accompagne, à votre retour, l’achat du grain vous sera interdit, et vous n’approcherez plus de moi.

Nous le demanderons instamment à notre père, répondirent-ils, et nous ferons ce que vous ordonnez.

Joseph commanda qu’on mît dans leurs sacs le prix de leur blé, afin que de retour chez eux, l’ayant trouvé, ils revinssent.

Arrivés dans leur famille, ils dirent à Jacob : L’achat du grain nous est interdit. Envoie Benjamin avec nous, si tu veux qu’on nous en mesure une seconde fois. Repose-toi sur nous du soin de sa conservation.

Vous le confierai-je, répondit Jacob, comme je vous confiai son frère ? Mais Dieu est le meilleur des gardiens. Sa miséricorde est infinie.

Lorsqu’ils eurent ouvert leurs sacs, ils trouvèrent leur argent, et s’écrièrent : O Jacob ! Qu’avons-nous à désirer ? Voilà le prix du blé. Il nous a été rendu. Nous en achèterons une seconde fois pour notre famille. Nous conserverons notre frère, et en sa faveur on nous accordera la charge d’un chameau. Cette grâce est facile à obtenir.

Je ne le laisserai point partir, reprit le vieillard, à moins que vous ne vous obligiez devant Dieu à me le ramener, s’il ne se rencontre pas d’obstacle invincible. Lorsqu’ils lui eurent donné cette assurance, il s’écria : Le ciel est témoin de votre serment.

O mes fils ! continua-t-il, n’entrez pas tous ensemble dans la ville ; entrez-y par différentes portes ; mais Dieu seul peut vous rendre cette précaution utile. Il possède la sagesse. J’ai mis en lui ma confiance. C’est en lui que tout croyant doit mettre son appui.

Ils entrèrent dans la ville, suivant l’ordre de leur père, et ils n’en retirèrent d’autre avantage que celui de satisfaire son désir. Jacob était doué de science. Nous avions éclairé son esprit, et la plupart des hommes sont aveuglés par l’ignorance.

Ils vinrent se présenter à Joseph qui appela Benjamin et lui dit : Je suis ton frère. Ne t’afflige point de ce qui est arrivé.

Lorsqu’il eut pourvu à leurs besoins, il fit mettre un vase dans le sac de Benjamin, et quand ils s’en retournaient, un héraut leur cria : O étrangers ! Il y a parmi vous des voleurs.

Les fils de Jacob s’étant retournés, dirent : Que demandez-vous ?

Nous cherchons la coupe du roi : celui qui la produira aura pour récompense autant de blé qu’en peut porter un chameau. Nous sommes garans de cette promesse.

Au nom de Dieu, vous savez que nous ne sommes point venus porter la corruption parmi vous, et que jamais on ne nous accusa de larcin.

Quelle doit être, reprirent les Égyptiens, la peine de celui qui en sera coupable, si vous nous en imposez ?

Que celui qui a volé la coupe, répondirent-ils, soit livré pour elle, c’est ainsi que nous punissons ce crime.

On commença à fouiller dans les sacs des frères de Benjamin, et ensuite dans le sien, d’où on retira la coupe. Nous suggérâmes cet artifice à Joseph. Il n’aurait pu faire esclave son frère, suivant la loi du roi[8], si Dieu ne l’eût permis. Nous élevons qui il nous plaît ; mais au-dessus de tous les savans, est celui qui possède la science.

Si Benjamin, dirent-ils, a commis ce larcin, son frère en commit un avant lui.[9] Joseph repassait ces choses en son esprit, et ne leur en faisait rien paraître. Vous êtes plus à plaindre que nous, disait-il en lui-même ; Dieu sait ce que vous racontez.

Seigneur, ajoutèrent-ils, son père est fort âgé, prenez un de nous en la place de Benjamin : nous savons que vous êtes bienfaisant.

A Dieu ne plaise, répondit Joseph, que je retienne un autre que le coupable. Je serais injuste moi-même.

Désespérant de le fléchir, ils se retirèrent et tinrent conseil entre eux. Avez-vous oublié, dit l’aîné, que Jacob a reçu notre serment à la face du ciel ? Rappelez-vous ce que vous fîtes à Joseph. Je ne sortirai point d’Égypte que Jacob ne me l’ait permis, ou que Dieu n’ait manifesté sa volonté. Il est le plus équitable des juges.

Retournez à votre père et lui dites : Ton fils a volé. Nous n’attestons que ce que nous avons vu. Nous n’avons pu être garants de ce que nous ignorions.

Interroge la ville où nous étions, et les marchands avec qui nous sommes partis ; ils rendront témoignage que nous disons la vérité.

Vous avez inventé ce mensonge, leur dit Jacob. La patience est le seul remède à mes maux. Peut-être que Dieu me rendra tous mes enfans. Il est savant et sage.

Il se détourna d’eux et s’écria ! O Joseph, objet de ma douleur ! Le chagrin répandit la pâleur sur son visage. Son cœur était plein d’amertume.

Au nom de Dieu, lui représentèrent ses fils, vous ne cesserez de nous parler de Joseph que quand la mort aura terminé vos jours.

Hélas ! répondit le vieillard, je me plains de l’impuissance de ma douleur ; je porte mes pleurs devant Dieu ; il m’a donné des connaissances que vous n’avez pas.

O mes enfans ! Allez, informez-vous de Joseph et de son frère. Ne désespérez pas de la miséricorde divine. Il n’y a que les infidèles qui en désespèrent.

Ils retournèrent vers Joseph, et lui dirent : Seigneur, la misère s’est appesantie sur nous et sur notre famille. Nous venons vers vous avec peu d’argent. Remplissez pour nous le boisseau. Faites éclater votre bienfaisance. Dieu récompense ceux qui font le bien.

Avez-vous oublié, leur dit-il, ce que vous fîtes à Joseph, et à son frère lorsque vous étiez dans l’égarement ?

Seriez-vous Joseph, s’écrièrent-ils ? Il leur répondit : Je suis Joseph : Voilà mon frère. Dieu vous a regardés d’un œil favorable. Celui qui craint le Seigneur et souffre avec patience, éprouvera qu’il ne laisse point périr la récompense de la vertu.

Le Seigneur, lui dirent-ils, t’a élevé au-dessus de nous parce que nous avons péché.

Ne craignez de moi aucun reproche, continua Joseph. Dieu vous pardonne. Sa clémence est infinie.

Allez, portez ce manteau à mon père[10] ; couvrez-en son visage ; il recouvrera la vue. Amenez ici toute ma famille.

Lorsque la caravane partit d’Égypte, Jacob dit à ceux qui l’environnaient : Je sens l’odeur de Joseph, et ne croyez pas que je sois en délire.

Vous voilà encore, lui répondirent-ils, dans votre ancienne erreur.

Celui qui apportait l’heureuse nouvelle, étant arrivé, jeta le manteau sur la tête du vieillard, et il recouvra la vue.

Ne vous avais-je pas fait connaître, dit-il, ce que Dieu m’avait révélé, et ce que vous ignoriez ?

Implorez notre pardon, lui dirent ses fils. Nous avons péché.

Je prierai Dieu pour vous, répondit le vieillard ; il est indulgent et miséricordieux.

Lorsque la famille de Joseph fut arrivée, il alla recevoir son père et sa mère, et leur dit : Entrez en Égypte. Fasse le ciel que vous y passiez des jours tranquilles !

Il fit asseoir son père et sa mère sur un trône, et tous s’étant prosternés pour l’adorer ; voilà dit-il à Jacob l’interprétation de ma vision. Le ciel l’a accomplie. Il m’a comblé de ses faveurs. Il m’a délivré de la prison. Il vous a tirés du désert pour vous conduire ici, après que Satan a eu mis la désunion entre moi et mes frères. Le Seigneur vient facilement à bout de ses desseins, il est savant et sage.

Seigneur, tu m’as donné la puissance ; tu m’as enseigné l’interprétation des songes. Architecte des cieux et de la terre, tu es mon appui dans ce monde et dans l’autre. Fais que je meure fidèle à la foi. Introduis-moi dans l’assemblée des justes.

Nous te révélons cette histoire. Elle est tirée du livre des mystères. Tu n’étais pas avec eux lorsqu’ils se réunirent pour perdre leur frère, et qu’ils lui tendirent un piège. La plupart des hommes, malgré tes désirs, ne croiront point.

Garde-toi de leur demander le prix du Coran. Il a été envoyé du ciel pour appeler les hommes à leurs devoirs.

Les cieux et la terre leur offrent des merveilles sans nombre. Ils passent et ne veulent pas ouvrir les yeux.

La plupart ne croient point en Dieu sans mêler à son culte celui des idoles.

Peuvent-ils croire que la punition divine les enveloppera, que l’heure fatale les surprendra tout à coup sans réfléchir à ces vérités ?

Dis : Voilà ma doctrine. J’appelle les hommes à Dieu ; j’offre l’évidence à ceux qui me suivent ; je rends grâces au Très-Haut de n’être point idolâtre.

Nous n’avons envoyé avant toi que des hommes inspirés et choisis dans les villes. Les idolâtres n’ont-ils point voyagé sur la terre ? N’ont-ils pas vu quel fut le sort de ceux qui les ont précédés ? La vie future est la meilleure. Ceux qui craignent le Seigneur l’ont choisie. Ne le comprenez-vous pas ?

Lorsque les ministres de la foi n’avaient plus d’espoir, et qu’ils pensaient qu’on les croirait menteurs, ils éprouvèrent les effets pervers de notre protection. Nos élus furent sauvés ; mais rien ne put écarter nos fléaux des impies.

L’histoire des prophètes est remplie d’exemples que doivent retenir les hommes sensés. Ce livre n’est point une fable inventée à plaisir ; il confirme ceux qui l’ont précédé ; il explique clairement toute chose. Il est la lumière et la grâce des croyans.


  1. Le mahométan qui lira ce chapitre, ou qui l’enseignera à ses amis et à ses serviteurs, aura une mort douce et la force de ne porter envie à personne. Bedavi.
  2. Des docteurs juifs ayant engagé les principaux citoyens de la Mecque à demander à Mahomet l’histoire de Joseph, Dieu lui révéla ce chapitre. Bedavi. Zamchascar.
  3. Cette histoire est admirable, dit Zamchascar, parce qu’elle est racontée d’une manière nouvelle, et que le style en est divin.
  4. La crainte de Jacob venait de ce qu’il avait vu en songe une bête féroce dévorer Joseph.
  5. Ce fut Jacob qui lui apparut, et le frappa à la poitrine. Aussitôt le feu de la concupiscence sortit de son cœur. Gelaleddin.
  6. Les femmes égyptiennes se visitent fréquemment et se donnent des festins. Les hommes en sont exclus. On n’y admet que les esclaves nécessaires pour le service. Aux plaisirs de la table, elles font succéder la musique et la danse. Elles aiment l’une et l’autre avec passion. Les Almé, c’est-à-dire les filles savantes, font le charme de ces festins. Elles chantent des airs à la louange des convives et finissent par des chansons d’amour. Elles forment ensuite des danses voluptueuses dont la licence va souvent à l’excès.
  7. Ce roi, dit Gelaleddin, était Elrian, fils d’Éloualid.
  8. Il n’aurait pu faire esclave son frère suivant la loi du pays, parce que l’esclavage n’était pas chez les Égyptiens la peine du vol. Ils se contentaient de flageller le voleur ou de lui faire rendre le double de ce qu’il avait pris ; mais Joseph pouvait retenir son frère esclave comme Hébreu, parce que parmi les juifs, le voleur payait le larcin de sa liberté. Gelaleddin.
  9. Joseph avait volé une idole d’or à son grand-père Laban, et l’avait brisée. Gelaleddin.
  10. Ce manteau est tout-à-fait miraculeux. Gabriel l’apporta à Abraham lorsqu’il fut jeté dans les flammes. Il était fait de soie du paradis. Abraham le laissa à Isaac qui le transmit à Jacob, des mains duquel il était passé à Joseph. Zamchascar.
      Ce manteau répandait une odeur divine et guérissait tous les malades qu’il touchait. Gelaleddin.