Coran Savary/Le Coran 015-030

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Traduction de Savary
1783
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HEGR.[1]


donné à la mecque, composé de 100 versets
______
Au nom de Dieu clément et miséricordieux.


A. L. R. Tels sont les signes du livre qui enseigne la vérité.

Un jour les infidèles regretteront de n’avoir pas eu la foi.

Laisse-les jouir des délices de la vie, et nourrir dans leurs cœurs de douces espérances. Bientôt ils verront.

Les villes que nous avons détruites avaient leur terme fixé.

Aucun peuple ne peut avancer ni retarder l’instant marqué pour sa ruine.

Ils ont dit au prophète : O toi qui as reçu le Coran, tu n’es qu’un insensé !

Si tu apportais la vérité, ne viendrais-tu pas accompagné d’anges ?

Les anges ne viendront que quand il sera nécessaire ; alors les impies ne seront plus attendus.

Nous avons fait descendre le livre[2] des avertissemens. Nous sommes chargés de sa conservation.

Nous envoyâmes des prophètes aux sectes des anciens.

Ils furent tous en butte aux traits de la raillerie.

Ainsi nous endurcissons le cœur des méchans.

Ils ne croiront point, malgré l’exemple des peuples qui les ont précédés.

Si nous ouvrions la porte du ciel, et qu’ils fussent prêts à y entrer,

Ils s’écrieraient : L’ivresse offusque nos yeux, ou nous sommes dans l’illusion.

Nous avons placé au firmament des signes[3] pour contenter les regards.

Nous les défendons contre les attentats des démons percés de traits[4].

Si quelqu’un d’eux ose y pénétrer pour entendre, il sera poursuivi par les flammes.

Nous avons étendu la terre et affermi les montagnes. Nous y avons fait éclore toutes les plantes dans un ordre admirable.

Nous y avons mis tout ce qui vous sert d’aliment, et les animaux que vous ne nourrissez pas.

La source de toutes choses est dans nos mains. Nous les dispensons avec une sage économie.

Nous envoyons les vents qui portent la fécondité. Nous faisons couler l’eau des nuages pour vous désaltérer. Vous n’en avez pas les réservoirs.

Nous donnons la vie et la mort. Tout l’univers est notre héritage.

Nous connaissons ceux qui vous ont précédés, comme ceux qui vous suivront.

Ton Dieu les rassemblera tous devant lui. Il est savant et sage.

Nous avons créé l’homme du noir limon de la terre.

Avant lui nous avons créé les esprits de feu pur.

Dieu dit à ses anges : Je formerai l’homme du limon de la terre.

Lorsque j’aurai consommé mon ouvrage, et que je l’aurai animé de mon son souffle, prosternez-vous devant lui pour l’adorer.

Tous les anges l’adorèrent.

Eblis seul refusa d’obéir à l’ordre du Créateur.

Pourquoi n’adores-tu pas l’homme, lui dit l’Éternel ?

Me prosternerai-je, répondit Eblis, devant un être formé de boue ?

Sors de ce séjour, continua le Très-Haut, tu seras réprouvé.

Ma malédiction te poursuivra jusqu’au jour du jugement.

Seigneur répliqua Eblis, diffère ta vengeance jusqu’au jour de la résurrection.

Je t’attendrai, dit Dieu,

Jusqu’au terme marqué.

Puisque tu m’as fait tomber, ajouta l’esprit rebelle, je rendrai le mal agréable aux hommes, et je les séduirai tous.

Tes serviteurs sincères seront seuls épargnés.

Dieu dit : Je suis la voie du salut ;

Tu n’auras aucune puissance sur mes adorateurs ; les infidèles seuls t’obéiront.

L’enfer est leur unique promesse.

Il a sept portes. Ils auront leur place marquée auprès de chaque porte.

Les jardins et les fontaines seront le partage de ceux qui craignent le Seigneur.

Ils y entreront avec la paix et la sécurité.

Nous ôterons l’envie de leurs cœurs. Ils reposeront sur des lits, et auront les uns pour les autres une bienveillance fraternelle.

La fatigue n’approchera point du séjour de délices. On ne leur en ravira point la possession.

Prêche à mes serviteurs mon indulgence et ma miséricorde.

Prêche-leur mes châtimens terribles.

Récite-leur l’histoire des hôtes d’Abraham.

Lorsqu’ils se furent approchés, et qu’ils lui eurent donné le salut, il laissa voir quelques mouvemens de frayeur.

Ne crains point, lui dirent-ils, nous venons te prédire un fils doué de science.

Vous m’annoncez, répondit Abraham, un enfant dans ma vieillesse ; qui me prouvera votre prédiction ?

La vérité, ajoutèrent les anges. Ne désespère point.

Et qui peut, dit Abraham, désespérer de la miséricorde divine, si ce n’est l’impie ?

Ministre du Très-Haut, quelle est votre mission ?

Nous allons punir des coupables.

Nous sauverons la famille de Loth.

Son épouse seule sera enveloppée dans la ruine générale.

Lorsque les anges furent arrivés à la maison de Loth,

Il leur dit : Je ne vous connais point.

Nous venons tirer tes concitoyens du doute.

Nous sommes véridiques ; nous ne connûmes jamais l’imposture.

Sors cette nuit avec ta famille. Marche après elle. Qu’aucun de vous ne détourne la tête. Allez où l’on vous ordonne.

Nous lui fîmes connaître l’arrêt porté contre les coupables qui devaient tous être exterminés au lever du jour.

Les habitans de Sodôme vinrent tout joyeux à la maison de Loth.

Ce sont mes hôtes, leur représenta l’homme juste. Ne me déshonorez pas.

Craignez Dieu, et ne me couvrez pas d’opprobre.

Ne t’avons-nous pas défendu l’hospitalité, lui répondit le peuple ?

Voilà mes filles, ajouta Loth ; contentez-vous-en.

Par ta vie, ô Mahomet ! ils persistaient dans leur coupable ivresse.

Au lever du soleil le cri de l’ange précipita sur eux nos fléaux.

Nous ensevelîmes Sodôme sous ses ruines, et nous fîmes tomber sur ses habitans une pluie de pierres.

Ce sont des signes pour ceux qui voient.

Sodôme était située sur le grand chemin.

Cet exemple sert d’avertissement aux fidèles.

Les habitans d’Aleïca[5] étaient corrompus.

Nous leur fîmes éprouver nos châtimens. Ces deux villes étaient situées sur la voie publique.

Les habitans d’Hegr[6] accusèrent nos envoyés d’imposture.

Nous leur montrâmes des prodiges, et ils persistèrent dans leur incrédulité.

Ils bâtissaient des maisons dans le rocher, et se croyaient en sûreté.

Le cri de l’ange les anéantit au lever de l’aurore.

Leurs travaux ne leur furent d’aucune utilité.

Nous avons créé le ciel et la terre, et tout ce que renferme l’espace qui les sépare. La vérité présida à notre ouvrage. Certainement l’heure viendra. O Mahomet ! fais une retraite glorieuse !

Ton Dieu est le créateur, le savant.

Nous t’avons apporté les sept versets[7] qui servent de prière, et le Coran précieux.

N’arrête point tes regards sur les biens que nous avons dispensés aux pervers. Ne t’afflige point de leur sort. Étends les ailes sur les fidèles.

Dis-leur : Je suis votre apôtre véritable.

Nous avons puni ceux qui divisent les livres sacrés ;

Qui partagent le Coran.

J’en atteste ton Dieu, nous leur ferons rendre un compte rigoureux.

Toutes leurs actions seront pesées.

Manifeste nos commandemens, et fuis les idolâtres.

Notre assistance te suffit contre ceux qui se moquent de la religion.

Ceux qui donnent un égal à Dieu verront.

Nous savons que leurs discours t’affligent ;

Mais célèbre les louanges de ton Dieu ; adore sa majesté suprême.

Sers le Seigneur jusqu’à l’instant qui terminera les jours.





LES ABEILLES.


donné à la mecque, composé de 128 versets
______
Au nom de Dieu clément et miséricordieux.


La vengeance céleste s’approche. Ne la hâtez pas. Louange au Très-Haut ! Anathème contre les idoles !

A sa voix les anges descendront accompagnés de l’esprit[8]. Il inspirera à son gré ses serviteurs. Prêche l’unité de Dieu. Mortels, craignez-moi.

Il est le véritable créateur des cieux et de la terre. Anathème contre les fausses divinités !

Il a créé l’homme de boue, et il dispute avec opiniâtreté.

Il a formé les troupeaux qui servent à vous vêtir, à vous nourrir, et dont vous retirez plusieurs autres avantages.

Il vous est également glorieux de les ramener au bercail[9], ou de les conduire aux pâturages.

Ils portent vos fardeaux aux lieux où vous ne parviendriez qu’avec peine. Ton Dieu est clément et miséricordieux.

Il a tiré du néant les chevaux, les mulets et les ânes qui servent à vos commodités et à votre luxe, et beaucoup d’autres animaux que vous ne connaissez pas.

C’est à lui d’enseigner le vrai chemin dont tant d’hommes s’écartent. S’il eût voulu, il aurait éclairé toute la terre.

Il fait descendre la pluie du ciel. Elle sert à vous désaltérer. Elle sert à la croissance des arbres et des herbes qui nourrissent vos troupeaux.

Elle féconde les germes des plantes. Elle fait éclore l’olive, la datte, le raisin, et tous les autres fruits. Ne sont-ce pas là des signes pour ceux qui réfléchissent ?

Il a parlé, et à sa voix, la nuit, le jour, le soleil, la lune et les étoiles, se sont empressés de servir à vos besoins : prodige éclatant pour ceux qui comprennent !

Il a formé les diverses couleurs que la terre étale à vos yeux : signe manifeste pour ceux qui pensent !

Il a soumis la mer à votre usage. Les poissons qu’elle renferme dans son sein deviennent votre nourriture. Vous y pêchez des ornemens qui décorent vos habits. Vois le vaisseau fendre les flots, et le navigateur chercher l’abondance, et rends grâce au Très-Haut.

Il a posé de hautes montagnes sur la terre pour l’affermir ; il y a tracé le cours des fleuves, et des chemins pour vous conduire.

Il a placé au firmament les étoiles où l’homme lit la route qu’il doit suivre.

Le Créateur sera-t-il semblable à celui qui ne peut rien créer ? N’ouvrirez-vous point les yeux ?

Il vous serait impossible de nombrer ses bienfaits. Il est indulgent et miséricordieux.

Il sait ce que vous voilez, et ce que vous produisez au grand jour.

Les dieux chimériques qu’ils invoquent ne sauraient rien créer ; ils ont été créés eux-mêmes.

Ils sont dépourvus de vie et de sentiment.

Ils ignorent le temps où ils ont été fabriqués.

Votre Dieu est le Dieu unique. Ceux qui ne croient point à la vie future ont l’impiété dans le cœur et repoussent orgueilleusement la vérité.

Certainement il connaît leurs pensées secrètes et celles qu’ils dévoilent.

Il n’aime pas les superbes.

Demande-leur : Quel est le livre descendu du ciel ? Ils répondent : Un tissu de fables de l’antiquité.

Ils porteront au jour du jugement le poids entier de leurs crimes, et une partie de celui des aveugles qu’ils ont égarés. Malheureux fardeau !

Leurs prédécesseurs étaient fourbes comme eux. Dieu sapa dès le fondement leur édifice[10]. Le toit se renversa sur eux, et le châtiment les surprit du côté qu’ils ne prévoyaient pas.

Le Seigneur les couvrira de honte au jour de la résurrection, quand il leur demandera : Où sont les dieux qui étaient l’objet de vos disputes ? Ceux qui ont reçu la science s’écrieront : L’opprobre et le malheur vont assaillir les idolâtres.

Lorsque l’ange de la mort frappe les impies, ils demandent grâce, et s’écrient : Nous n’avons point fait de mal. Vous êtes coupables, leur dit l’ange et Dieu connaît vos attentats.

Descendez dans l’enfer. Habitez éternellement la demeure affreuse des superbes.

Quelles faveurs avez-vous reçues de Dieu, demandera-t-on aux justes ? Il nous a comblés de biens sur la terre, répondront-ils ; mais la vie éternelle offre bien d’autres jouissances. Bonheur au séjour des hommes vertueux !

Introduits dans les jardins d’Eden, arrosés par des fleuves, ils auront à souhait tout ce que le cœur peut désirer. C’est ainsi que Dieu récompense la piété.

Les anges diront aux justes, après avoir tranché le fil de leurs jours : La paix soit avec vous. Entrez dans le paradis, digne prix de vos œuvres.

L’infidèle attend-il que l’ange de la mort s’approche ? Attend-il que l’arrêt du ciel soit prononcé ? Tels furent leurs prédécesseurs. Dieu ne les trompa point. Ils se trompèrent eux-mêmes.

Ils ont reçu la peine de leurs crimes. La vengeance dont ils se moquaient les a surpris.

Si Dieu eût voulu, disent les idolâtres, nous et nos pères, n’aurions adorés que lui ; nous n’aurions interdit que ce qu’il a défendu. Ainsi parlaient ceux qui les précédèrent. Nos ministres ne sont chargés que de prêcher la vérité.

Tous les peuples ont eu des prophètes qui leur ont recommandé le culte de Dieu, et défendu celui des idoles. Les uns ouvrirent les yeux à la lumière ; les autres par un jugement de Dieu restèrent dans l’aveuglement. Parcourez la terre, et voyez quelle fut la fin de ceux qui accusèrent nos apôtres d’imposture.

Si le zèle de leur salut t’enflamme, songe que Dieu n’est point le guide de ceux qu’il a égarés, et qu’ils n’auront point de protecteurs.

Ils ont juré par le nom du Très-Haut, le plus terrible des sermens, que Dieu ne ressusciterait point les morts. Insensés ! Peut-il manquer à ses promesses ? Mais la plupart sont dans l’ignorance.

Il les ressuscitera pour manifester les vérités dont ils disputaient, et pour que les infidèles voient qu’ils étaient menteurs.

Voulons-nous qu’une chose existe ? Nous disons : Sois ; et elle est.

Nous donnerons une habitation honorable sur la terre à ceux qui, injustement opprimés, se seront expatriés pour la défense de la foi. La récompense de l’autre vie sera bien plus magnifique. S’ils le savaient !

Nous récompenserons ceux qui supporteront l’adversité avec constance, et qui auront mis leur confiance dans le Seigneur.

Tous les prophètes qui t’ont précédé, n’étaient que des hommes à qui nous révélâmes nos volontés. Interrogez ceux qui ont reçu les Écritures, si vous l’ignorez.

Des signes et des livres furent les marques de leur mission. Nous t’avons envoyé le Coran pour rappeler aux hommes la doctrine qu’ils ont reçue, afin qu’ils en gardent le souvenir.

Ceux qui t’ont dressé des embûches croient-ils être en sûreté ? Dieu ne saurait-il ouvrir la terre sous leurs pas, et les abîmer à l’instant qu’ils s’y attendent le moins ?

Ne saurait-il les surprendre dans leurs voyages ? Suspendraient-ils un instant sa vengeance ?

Ne saurait-il les punir par la perte de leurs biens ? Certainement le Seigneur est indulgent et miséricordieux.

Ne voient-ils pas que tous les corps que Dieu a créés fléchissent leur ombre à droite et à gauche, pour l’adorer, et s’humilier devant lui ?

Tout ce qu’il y a de créatures au ciel et sur la terre, adorent le Seigneur. Les anges l’adorent et ne se livrent point à l’orgueil.

Ils craignent Dieu élevé au-dessus d’eux, et exécutent ses volontés.

N’adorez point deux dieux, dit le Seigneur ; je suis le Dieu unique ; craignez-moi.

Il est le souverain des cieux et de la terre. Un culte perpétuel lui est dû. Adorerez-vous un autre que lui ?

Tous les biens dont vous jouissez viennent de lui. Quand le malheur vous visite, c’est vers lui que vous élevez une voix suppliante.

A peine a-t-il soulagé votre misère, que la plupart d’entre vous portent leur encens aux autels des faux dieux.

Nos faveurs ne servent qu’à les rendre ingrats. Jouissez, pervers. Bientôt vous saurez.

Ils offrent, à des divinités inconnues, une partie des biens que nous leur avons dispensés. J’en atteste le Tout-Puissant, vous rendrez compte de vos mensonges.

Ils attribuent des filles au Très-Haut[11]. Loin de lui ce blasphème ! Eux-mêmes forment d’autres vœux.

Si quelqu’un d’eux apprend la naissance d’une fille, la tristesse élève un nuage sur son front.

Accablé de cette nouvelle, il se cache du peuple, incertain s’il n’outragera pas le messager, ou s’il ne l’ensevelira pas dans la poussière. Leurs jugemens ne sont-ils pas sacriléges ?

Ceux qui ne croient point à la vie future sont les méchans. Dieu est le Très-Haut, le Tout-Puissant, le Sage.

S’il surprenait l’homme dans son péché, il ne laisserait point de créatures sur la terre. Il diffère ses châtimens jusqu’au terme marqué que l’on ne saurait hâter ni retarder d’une heure.

Ils attribuent à Dieu ce qu’ils dédaignent. Ils disent que le Paradis sera leur récompense ; ils profèrent un mensonge. Ils seront précipités dans les flammes.

J’en jure par l’Éternel, nous envoyâmes avant toi des prophètes aux nations. Satan leur couvrait le vice de fleurs. Il était leur patron sur la terre ; mais les supplices ont été leur partage.

Nous t’avons envoyé le Coran pour éclaircir les dogmes contestés de la religion, pour conduire les fidèles et leur annoncer les grâces du Seigneur.

Dieu fait descendre la pluie des cieux, et la terre stérile devient féconde. N’est-ce pas là un signe pour ceux qui comprennent ?

Les animaux vous offrent des exemples propres à vous instruire : leur lait élaboré dans l’estomac, entre le chyle et le sang, devient pour vous une boisson salutaire.

Du fruit du dattier et de la vigne, ne formez-vous pas une liqueur enivrante, ou un aliment sain ? Ce sont des signes pour ceux qui entendent.

Dieu a inspiré à l’abeille de se construire une maison sur les montagnes, dans les arbres, et d’habiter celle que l’homme lui bâtit ;

De se nourrir de tous les fruits, et d’errer à son gré. L’abeille tire de son sein une substance liquide, diversement colorée, et salutaire aux hommes : signe frappant pour ceux qui réfléchissent.

Dieu vous a donné la vie. Il vous l’ôtera. Il en est parmi vous qui parviendront à la décrépitude, et oublieront tout ce qu’ils avaient appris. Dieu est savant et puissant.

Il a dispensé ses dons inégalement. Ceux qu’il a comblés de richesses les partagent-ils avec leurs esclaves de manière à les rendre leurs égaux ? Nieront-ils les bienfaits du Seigneur ?

Il vous a donné des femmes formées de votre sang ; d’elles il vous a fait naître des enfans et une postérité ; sa bonté vous a nourris d’alimens purs. Croirez-vous aux idoles ? N’aurez-vous que de l’ingratitude pour ses bienfaits ?

Ils adorent des divinités dépourvues de puissance, qui ne peuvent leur ouvrir les trésors du ciel, ni ceux de la terre.

Ne donnez point d’égal à Dieu. Il sait, et vous ne savez pas.

Il vous offre l’exemple d’un esclave qui n’a aucun pouvoir, et d’un homme libre comblé de nos biens, et qui les distribue en secret et en public : ces deux hommes sont-ils égaux ? Louange au Très Haut ! La plupart sont dans l’ignorance.

Il propose la parabole de deux hommes, dont l’un muet de naissance, incapable de tout, est à charge à son maître, et ne réussit à rien, et dont l’autre commande le bien, et marche dans les voies de la justice : ces deux hommes se ressemblent-ils ?

Dieu connaît les secrets du ciel et de la terre. Le jugement universel ne durera qu’un clin d’œil, ou sera plus prompt encore parce que rien ne limite sa puissance.

Dieu vous a tirés du sein de vos mères, dépourvus de connaissances. Il vous a donné l’ouïe, la vue, et un cœur pour lui rendre grâce.

Ne voient-ils pas l’oiseau fendre les airs ? Dieu seul peut l’arrêter dans son vol. C’est un signe pour ceux qui ont la foi.

Dieu vous a donné des maisons pour habiter, et les peaux des animaux pour former des tentes faciles à porter en voyage, et à dresser lorsque vous vous arrêtez. La laine de vos troupeaux, leur poil et leur crin, servent à votre utilité et à votre parure.

Il a formé pour vous les ombrages et les antres des rochers. Il vous a donné des vêtemens pour vous mettre à l’abri[12] de la chaleur, d’autres pour vous couvrir dans les combats ; c’est ainsi qu’il accomplit ses grâces sur vous afin que vous embrassiez l’islamisme.

S’ils s’éloignent de toi, ton ministère se borne à la prédication.

Ils nient les dons du ciel qu’ils connaissent ; la plupart sont infidèles.

Un jour nous susciterons un témoin pour accuser chaque peuple. Les incrédules ne seront point écoutés, et il n’y aura plus de pardon pour eux.

Ils verront les tourmens qui leur sont préparés, sans pouvoir les adoucir, ni les différer d’un instant.

L’idolâtre, à la vue des objets de son culte, dira : Seigneur, voilà les dieux que j’ai invoqués. Tu es un vil menteur, lui répondront-ils.

Il demandera pardon à Dieu, et ses divinités se déroberont à ses regards.

L’infidèle qui aura détourné ses semblables de la voie du salut subira des peines plus rigoureuses, parce qu’il aura été corrupteur.

Dans ce jour, nous ferons lever du milieu de chaque nation un prophète, pour témoigner contre elle. Tu témoigneras contre les Arabes. Nous t’avons envoyé le livre qui instruit sur tous les devoirs, qui est la lumière, la grâce, et le bonheur des musulmans.

Dieu commande la justice, la bienfaisance et la libéralité envers les parens. Il défend le crime, l’injustice et la calomnie. Il vous exhorte afin que vous réfléchissiez.

Accomplissez le pacte formé à la face du ciel. Ne violez pas vos sermens, parce que vous avez pris Dieu pour garant de leur sainteté, et il sait ce que vous faites.

Ne ressemblez pas à celle qui rompt son fil après qu’il est retors ; ne faites pas présider la fraude à vos engagemens, parce qu’une partie des contractans est plus puissante que l’autre. Dieu vous tentera dans ce point, et vous montrera, au jour de la résurrection, ce qui fit l’objet de vos débats.

Dieu pouvait donner la même religion à tous les hommes ; mais il dirige ou égare ceux qu’il lui plaît. Vous lui rendrez compte de vos actions.

Évitez le parjure, de peur que le pied qui était bien affermi ne glisse, que le malheur ne s’attache à vos pas pour avoir écarté les hommes du chemin du salut, et que vous ne deveniez la proie des tourmens.

Ne vendez pas la religion pour un vil intérêt. Un prix infini vous attend dans les mains de Dieu. Si vous saviez !

Vos jouissances sont passagères ; celles que Dieu vous promet sont permanentes. Ceux qui auront souffert avec patience, recevront une récompense proportionnée au bien qu’ils auront fait.

Quiconque aura exercé la bienfaisance et professé la foi, jouira d’une vie semée de plaisirs et du prix de ses bonnes œuvres.

Lorsque tu lis le Coran, prie le Seigneur qu’il te délivre des embûches de Satan foudroyé.

Il n’a point de pouvoir sur le croyant qui met sa confiance en Dieu.

Sa puissance se borne à ceux qui le prennent pour patron, et qui l’égalent au Très-Haut.

Si nous changeons un verset du Coran, les infidèles t’accuseront de ce changement ; mais Dieu sait ce qu’il envoie, et la plupart sont dans l’ignorance.

Dis : L’esprit de sainteté[13] l’a apporté du ciel avec vérité, pour affermir les croyans, pour leur montrer la lumière et les promesses du Seigneur.

Je connais leurs discours : un homme, disent-ils, dicte le Coran à Mahomet[14]. Celui qu’ils soupçonnent parle une langue étrangère, et l’arabe du Coran est pur et élégant.

Ceux qui rejettent les préceptes du Seigneur ne l’auront point pour guide. Ils seront la proie des supplices.

Ceux qui nient l’islamisme, ajoutent le blasphème au mensonge.

Les croyans qui deviendront apostats, seront dévoués au courroux et à la vengeance du ciel, à moins qu’ils n’aient cédé à la violence, et que leur cœur ne soit sincèrement attaché à la foi.

Ils ont préféré la vie mondaine à la vie future. Dieu ne conduit point les infidèles.

Il a scellé leurs cœurs, leurs oreilles et leurs yeux. Ils sont ensevelis dans le sommeil de l’insouciance. Leur réprobation est certaine.

Ceux que la tyrannie a fait fuir, et qui ensuite ont combattu et supporté l’infortune avec constance, éprouveront la miséricorde divine.

Un jour chacun plaidera sa cause, et recevra le prix de ses œuvres. Personne ne sera traité injustement.

Dieu propose l’exemple d’une ville qui reposait dans une profonde sécurité. L’affluence des biens lui venait de toutes parts. Elle fut ingrate envers le Seigneur, et il la revêtit du manteau de la famine et de la crainte, à cause de son infidélité.

Un prophète de leur nation s’est levé du milieu d’eux. Ils l’ont accusé d’imposture ; mais le châtiment les a surpris dans leur iniquité.

Nourrissez-vous des alimens permis que Dieu vous a donnés, et soyez reconnaissans de ses bienfaits, si vous êtes ses serviteurs.

Il vous a interdit les animaux morts, ceux qui ont été immolés devant les idoles, le sang et la chair du porc ; mais celui qui sans convoitise aurait cédé à la nécessité, éprouvera combien le Seigneur est indulgent et miséricordieux.

Gardez-vous de proférer un mensonge, en disant : Cela est permis, cela est défendu. Les menteurs ne prospéreront point.

Après de courtes jouissances, ils seront livrés à des peines éternelles.

Nous avons interdit aux juifs ce que nous t’avons déjà révélé. Nous ne les avons point traités injustement. Ils ont été injustes envers eux-mêmes.

Ceux qui, après avoir tombé par ignorance, se convertiront et pratiqueront la vertu, éprouveront la miséricorde divine.

Abraham est le chef des croyans. Il fut soumis à Dieu. Il adora son unité, et refusa de l’encens aux idoles.

Reconnaissant des grâces du ciel, il fut l’élu du Seigneur, qui le conduisit dans la voie du salut.

Comblé sur la terre des faveurs célestes, il sera dans l’autre monde, au nombre des justes.

Nous t’avons inspiré d’embrasser la religion d’Abraham, qui reconnut l’unité de Dieu, et qui n’adora que sa majesté suprême.

Le Seigneur établit le sabbat parmi les juifs qui disputaient à ce sujet. Il jugera leurs différents au jour de la résurrection.

Emploie la voix de la sagesse et la force de la persuasion pour appeler les hommes à Dieu. Combats-les avec le charme de l’éloquence. Dieux connaît parfaitement ceux qui sont dans l’égarement, et ceux qui marchent au flambeau de la foi.

Si vous vous vengez, que la vengeance ne passe pas l’offense. Ceux qui souffriront avec patience feront une action plus méritoire.

Sois constant ; Dieu aidera ta constance. Ne pleure point sur leur sort. Ne t’alarme point des piéges qu’ils te tendent. Dieu est avec ceux qui le craignent et qui sont bienfaisans.





LE VOYAGE NOCTURNE.


donné à la mecque, composé de 111 versets
______
Au nom de Dieu clément et miséricordieux.


Louange à Dieu, qui a transporté pendant la nuit son serviteur du temple de la Mecque au temple de Jérusalem, dont nous avons béni l’enceinte pour y laisser des marques de notre puissance. Dieu voit et entend.

Nous donnâmes le Pentateuque à Moïse, pour conduire les enfans d’Israël, et nous leur défendîmes de rechercher d’autre protection que celle de Dieu.

Nous portâmes dans l’arche Noé et sa postérité. Il fut un serviteur reconnaissant.

Nous prédîmes aux Hébreux, dans les livres sacrés, que deux fois corrompus, ils se livreraient à des excès inouïs.

Lorsque la première époque arriva, nous suscitâmes contre vous nos serviteurs. Ils rassemblèrent des armées formidables ; ils portèrent la guerre au sein de vos maisons ; et la prédiction fut accomplie.

Après ce désastre, nous vous accordâmes la victoire sur vos ennemis ; nous augmentâmes votre puissance et le nombre de vos enfans.

Ce que vous faites de bien et de mal, vous le faites à vous-mêmes. Lorsque la seconde période de vos malheurs fut venue, vos ennemis répandirent la consternation parmi vous ; ils entrèrent dans le temple, comme la première fois, et le démolirent.

Dieu peut vous pardonner encore ; mais si vous retournez au crime, son bras est prêt à frapper. L’enfer sera la prison des méchans.

Le Coran conduit dans la voie la plus sûre. Il promet le bonheur aux fidèles.

Il annonce aux bienfaisans une récompense glorieuse.

Les incrédules seront dévoués à la rigueur des supplices.

L’homme demande le mal au lieu du bien, et il est ardent dans ses vœux.

La nuit et le jour attestent notre puissance. Nous avons couvert la nuit d’un voile, et éclairé la face du jour, afin que vous l’employiez à chercher l’abondance. Il vous sert à compter les années et le temps. Partout brille l’empreinte de notre sagesse.

L’homme porte son sort attaché au cou[16]. Nous lui montrerons au jour de la résurrection un livre ouvert.

Nous lui dirons : Lis ce livre et vois toi-même ton compte.

Suivez la lumière ou les ténèbres, c’est pour vous que vous travaillez. Vous ne porterez point le fardeau d’autrui. Nous n’avons point puni de peuple avant de l’avoir averti par la voix de nos prophètes.

Lorsque nous voulûmes détruire une ville, nous prévînmes les principaux du peuple. Ils persistèrent dans leur aveuglement. Notre parole s’accomplit. La cité fut ensevelie sous ses ruines.

Combien, depuis Noé, avons-nous exterminé de nations ? Toutes les fautes des hommes sont dévoilées aux yeux de l’Éternel.

Nous dispenserons à notre gré les biens terrestres à celui qui les demandera avec ardeur. (Nous les donnons à qui il nous plaît.) Ensuite nous le précipiterons dans les brasiers de l’enfer, où il sera dévoué à l’ignominie.

Enflammé du désir de la vie future, le croyant qui marchera dans le sentier de la justice sera agréable à Dieu.

Nous accorderons nos grâces aux uns et aux autres. Elles ne seront refusées à personne.

Vois comme nous avons établi des degrés parmi les hommes. Dans la vie future, les rangs seront bien plus distincts, bien plus glorieux.

Ne donne point d’égal à Dieu, et ne reste point assis sans gloire et sans vertu.

Dieu te commande de n’adorer que lui. Il te prescrit la bienfaisance pour les auteurs de tes jours, soit que l’un d’eux ait atteint la vieillesse, ou qu’ils y soient parvenus tous deux. Garde-toi de leur marquer du mépris ou de les reprendre, et ne leur parle qu’avec respect.

Sois pour eux tendre et soumis, et adresse au ciel cette prière : Seigneur, fais éclater ta miséricorde pour ceux qui m’ont nourri dans mon enfance.

Dieu lit au fond de vos cœurs. Il sait si vous êtes justes.

Il pardonnera à ceux qui reviendront à lui.

Rends à tes proches ce que tu leur dois. Fais l’aumône aux pauvres, aux voyageurs, et ne dissipe point follement tes richesses.

Les dissipateurs sont les frères de Satan, et Satan fut infidèle à Dieu.

Si tu t’éloignes de l’indigent, obligé toi-même d’avoir recours à la miséricorde divine, parle-lui au moins avec humanité.

Ne te lie pas le bras au cou ; ne l’étends pas de toute son étendue, de peur que tu ne sois exposé au blâme ou à la mendicité.

Dieu ouvre ou ferme ses trésors à son gré. Il voit et connaît ceux qui le servent.

Que la crainte de l’indigence ne vous fasse pas tuer vos enfans. Nous fournirons à leurs besoins et aux vôtres. Cette action est un attentat horrible.

Évitez la débauche. C’est un crime, et le chemin de l’enfer.

Ne versez point le sang humain, si ce n’est en justice. Dieu vous le défend. Le meurtrier sera en la puissance des héritiers du défunt ; mais ils ne doivent point excéder les bornes qui leur sont prescrites, en exigeant sa mort, parce qu’ils sont sous la protection des lois.

Ne touchez point aux biens de l’orphelin, à moins que ce ne soit pour les améliorer, jusqu’à ce qu’il ait atteint l’âge fixé. Observez vos engagemens. Vous en rendrez compte.

Remplissez la mesure. Rendez la balance égale, et vous remplirez les lois de la justice et de l’honnêteté.

Ne cherchez point à pénétrer ce que vous ne pouvez savoir ; vous rendrez compte de l’ouie, de la vue et de votre cœur.

Ne marchez point orgueilleusement sur la terre. Vous ne pouvez ni la partager en deux, ni égaler la hauteur des montagnes.

Toutes ces actions sont des crimes aux yeux du Tout-Puissant.

Dieu t’a révélé cette doctrine tirée du livre de la sagesse. Ne lui donne point d’égal, de peur que tu ne sois jeté dans l’enfer, couvert d’opprobre.

Direz-vous que Dieu vous a choisis pour ses enfans, et que du commerce avec les anges il a eu des filles ? Pouvez-vous proférer ce blasphème ?

Nous avons voulu expliquer aux hommes leurs devoirs dans le Coran ; mais notre zèle n’a servi qu’à les éloigner de la foi.

Dis : S’il y avait d’autres dieux que le Très-Haut, ils s’efforceraient de s’ouvrir une route jusqu’à son trône.

Louange au Tout-Puissant ! Loin de lui ces blasphèmes !

Les sept cieux le louent. La terre répète ses louanges. Tout ce que renferme l’univers publie ses grandeurs ; mais vous ne sauriez comprendre leurs cantiques. Le Tout-Puissant est doux et miséricordieux.

Lorsque tu liras le Coran, nous étendrons entre toi et ceux qui ne croient pas à la vie future, un voile impénétrable.

Nous en envelopperons leurs cœurs, afin qu’ils ne puissent comprendre. Nous mettrons un poids dans leurs oreilles.

Lorsque tu célèbres dans le Coran un seul Dieu, ils fuient d’un pas précipité.

Nous savons ce qu’ils entendent quand ils t’écoutent, et ce qu’ils inventent quand dans leur injustice ils disent : Nous ne suivons qu’un insensé.

Vois à quoi ils te comparent. Ils sont dans l’erreur, et ils ne trouveront plus la vérité.

Se peut-il, disent les incrédules, qu’après que nous serons devenus os et poussière, nous soyons ranimés de nouveau ?

Dis-leur : Fussiez-vous pierre, fer, ou ce qu’il vous plaira, vous ressusciterez. Qui nous fera retourner à la vie ? Celui qui vous a créés la première fois. Ils secouent la tête, et demandent quand cet événement arrivera. Réponds-leur : Peut-être qu’il n’est pas éloigné.

Un jour Dieu vous appellera du tombeau. Vous lui répondrez en publiant ses louanges. Il vous semblera n’y avoir demeuré qu’un instant.

Recommande à mes serviteurs l’honnêteté dans les paroles, de peur que Satan ne sème la discorde entre eux. Il est l’ennemi déclaré de l’homme.

Dieu connaît le fond des cœurs. Il peut à son gré vous pardonner ou vous punir. Nous ne t’avons point envoyé pour être leur défenseur.

Il sait ce qui est dans les cieux et sur la terre. Nous élevâmes les prophètes les uns au-dessus des autres. Nous donnâmes à David le livre des psaumes.

Dis-leur : Invoquez vos dieux. Ils ne pourront ni ôter, ni changer le mal qui vous oppresse.

Ceux à qui ils adressent leurs vœux, font eux-mêmes tous leurs efforts pour s’approcher du Très-Haut. Ils attendent sa miséricorde et craignent ses châtimens terribles.

Nous détruirons ou punirons rigoureusement toutes les villes de la terre, avant le jour de la résurrection : c’est un arrêt écrit dans le livre.

Nous aurions accompagné ta mission de prodiges, si l’on avait cru ceux que nous opérâmes avant toi. Les Themudéens ne tuèrent-ils pas cette merveilleuse femelle de chameau que nous leur avions donnée ? Nous n’avons fait éclater des miracles que pour inspirer la terreur.

Nous t’avons déclaré que la puissance de Dieu embrasse tous les hommes. La vision dont nous t’avons favorisé sera un sujet de tentation, ainsi que l’arbre maudit,[17] dont il est parlé dans le Coran. Il épouvantera les infidèles ; mais il n’accroîtra que leurs erreurs.

Nous ordonnâmes aux anges d’adorer Adam. Tous se prosternèrent devant lui. Éblis seul refusa d’obéir. Adorerai-je, dit l’esprit rebelle, celui que tu as formé de boue ?

Seigneur, ajouta-t-il, si tu diffères tes châtimens jusqu’au jour de la résurrection, j’enchaînerai la postérité de celui que tu as élevé au-dessus de moi. Peu échapperont à mes piéges.

Va, répondit Dieu : Ceux qui te suivront, seront précipités avec toi dans l’enfer. Ils auront les tourmens pour récompense.

Rends les hommes dociles à ta voix ; attaque-les avec tes légions ; augmente leurs richesses et le nombre de leurs enfans ; flatte-les par de douces espérances. Tes promesses seront trompeuses.

Tu n’auras point de pouvoir sur mes serviteurs. Ma protection sera pour eux un asile assuré.

Votre Dieu est celui qui fait voguer le navire sur les flots, afin que vous vous procuriez l’abondance. Il est plein de bonté pour vous.

Si le malheur vous poursuit au milieu des eaux, vos dieux s’enfuiront loin de vous. Si Dieu vous délivre du péril, et vous rend à votre patrie, vous l’abandonnerez, parce que l’homme est ingrat.

Croyez-vous être à l’abri de ses coups ? Ne peut-il ouvrir un abîme sous vos pas, ou faire fondre sur vos têtes un nuage chargé de pierres ? Où trouveriez-vous un refuge ?

Êtes-vous sûrs qu’il ne vous ramènera point sur les mers, et que pour punir votre ingratitude, il ne déchaînera point contre vous un vent impétueux qui vous engloutira dans les eaux ? Vous n’auriez point de libérateur.

Nous honorâmes les enfans d’Adam. Nous les portâmes sur la terre et les mers. Nous les nourrîmes d’alimens purs, et nous les élevâmes au-dessus de beaucoup de créatures.

Un jour je rassemblerai chaque nation avec son chef. Ceux qui recevront leur livre dans la main droite le liront, et ne seront point traités injustement.

Celui qui dans cette vie aura été aveugle, le sera dans l’autre. Il a perdu le vrai chemin.

Peu s’en est fallu que les infidèles ne t’aient fait abandonner notre doctrine, et changer nos préceptes. Cette condescendance t’eût procuré leur amitié.

Si nous n’avions affermi ton cœur, tu étais près de céder à leurs désirs.

Si tu les eusses suivis, nous t’aurions fait éprouver les infirmités de la vie et de la mort, et tu n’aurais pu éviter notre courroux.

Peu s’en est fallu qu’ils n’aient jeté la frayeur dans ton âme, et qu’ils ne t’aient fait fuir de Médine. Ils n’y auraient pas demeuré long-temps.

Suivant la loi établie en faveur des prophètes qui t’ont précédé, loi qui est immuable :

Fais la prière depuis le coucher du soleil jusqu’à la nuit. Lis le Coran au point du jour. Les anges seront témoins de ta lecture.

Lis le Coran une partie de la nuit. Ce sera un accroissement de mérites, et le Seigneur t’élèvera à un rang glorieux.

Dis : Seigneur, fais que la vérité préside à mon entrée[18], fais qu’elle préside à ma sortie ; couvre-moi du bouclier de ta puissance.

Dis : La vérité a paru, et le mensonge s’est dissipé comme une vapeur légère.

Les fidèles trouveront dans le Coran leur guérison, et les grâces du Seigneur ; mais il hâtera la perte des incrédules.

L’homme comblé de nos faveurs s’éloigne de nous dans son ingratitude. Est-il en proie au malheur ? Il se livre au désespoir.

Dis : Chacun prend ses désirs pour lois ; mais Dieu sait celui qui marche dans le sentier du salut.

Ils t’interrogeront sur l’âme. Dis-leur : Dieu s’en est reservé la connaissance. Il nous a laissé bien peu de lumières.

Nous pouvons anéantir ce que nous t’avons révélé. Tu ne saurais mettre d’obstacle à nos volontés.

La miséricorde de Dieu serait ton seul asile. Il t’a comblé de ses grâces.

Dis : Quand l’enfer s’unirait à la terre pour produire un ouvrage semblable au Coran, leurs efforts seraient vains.

Nous y avons donné des instructions à l’homme sur tous ses devoirs ; mais opiniâtre dans son incrédulité, il rejette la lumière.

Les infidèles ont dit : Nous ne croirons point à ta mission, si tu ne fais jaillir de la terre une source d’eau vive ;

Ou si du milieu d’un jardin, planté de palmiers et de vignes, tu ne fais sortir des ruisseaux ;

Ou si tu n’abaisses la voûte des cieux, comme tu nous l’as promis en vain, et si tu ne nous fais voir Dieu et les anges à découvert ;

Si tu ne bâtis une maison d’or, ou si tu ne montes dans les cieux par une échelle, et nous ne croirons point encore, à moins que tu ne nous envoies du ciel un livre que nous puissions lire. Dis-leur : Louange au Très-Haut ! Je ne suis qu’un homme qui vous a été envoyé.

Les hommes n’ont point cru lorsque la vraie religion leur a été annoncée, parce qu’ils ont dit : Dieu aurait-il choisi un mortel pour être l’organe de ses volontés ?

Réponds-leur : Si les Anges habitaient la terre, s’ils conversaient avec vous, nous vous aurions envoyé un ange pour ministre.

Dis : Le témoignage de Dieu me suffit contr’eux. Il a l’œil ouvert sur ses serviteurs.

Celui que Dieu conduit marche dans le vrai chemin. Ceux qu’il égare n’auront point d’abri contre sa vengeance. Nous les rassemblerons au jour de la résurrection. Aveugles, muets et sourds, ils auront le front prosterné. L’enfer sera leur demeure. Si les flammes viennent à s’éteindre, nous les rallumerons et nous en augmenterons l’ardeur.

Ils souffriront ces tourmens parce que, rebelles à la foi, ils ont dit : Est-il possible que devenus os et poussière nous retournions à la vie ?

Ne voient-ils pas que le créateur des cieux et de la terre peut former d’autres hommes semblables à eux, et fixer le terme de leurs jours ? Cette vérité est incontestable ; mais les infidèles se refusent opiniâtrement à l’évidence.

Dis : Si la miséricorde divine vous avait dispensé des trésors, vous n’oseriez y toucher, parce que l’homme est avare.

Nous donnâmes à Moïse le pouvoir d’opérer sept miracles. Interroge les enfans d’Israël dont il fut le guide. Tu n’es à mes yeux, lui dit Pharaon, qu’un imposteur entouré de prestiges.

Tu sais, lui répondit Moïse, que ces merveilles ne peuvent être que l’ouvrage du Souverain des cieux et de la terre. Ce sont des signes évidens. O Pharaon ! Je vois ta perte certaine.

Pharaon voulut chasser les Hébreux d’Égypte. Nous l’ensevelîmes dans les eaux avec une partie de son peuple.

Nous dîmes ensuite aux enfans d’Israël : Habitez la terre ; lorsque la promesse de la vie future sera venue, nous vous rassemblerons tous. Nous avons envoyé ce livre avec vérité. La vérité l’a apporté du ciel. Nous t’avons choisi pour annoncer aux humains nos promesses et nos menaces.

Nous avons divisé le Coran, afin que tu puisses le lire avec des pauses. Nous l’avons envoyé par chapitres.

Croyez ou rejetez sa doctrine ; lorsqu’on la lit à ceux qui avant sa venue reçurent la science, ils se courbent avec adoration, et s’écrient : Louange à Dieu qui a accompli ses promesses.

Ils se prosternent en esprit, versent des larmes, et semblent augmenter leur soumission à Dieu.

Invoquez Dieu, ou invoquez le miséricordieux ; ces deux noms sont également beaux. Ne lis ni d’un ton trop bas ni trop élevé. Tiens un juste milieu.

Dis : Louange au Très-Haut ! Il n’a point de fils. Il ne partage point l’empire de l’univers. Il n’a point besoin d’aide. Publie ses grandeurs.





LA CAVERNE.


donné à la mecque, composé de 110 versets
______
Au nom de Dieu clément et miséricordieux.


Louange à Dieu ! qui a envoyé à son serviteur le livre qui ne trompe point :

Pour effrayer les coupables par la rigueur des châtimens, et réjouir les croyans vertueux par l’espoir d’un bonheur éternel ;

Et pour servir d’avertissement à ceux qui disent que Dieu a un fils.

Ils avancent cette assertion sans fondement. Leurs pères étaient dans la même erreur. Il ne sort de leur bouche que mensonge.

S’ils ne croient pas à ta doctrine, tes efforts pour les y ramener seront vains, et ta douleur inutile.

Nous avons embelli l’habitation des hommes. Nous leur avons offert des jouissances pour les éprouver et voir qui d’entre eux en ferait meilleur usage.

Nous réduirons en poussière tout ce qui décore la terre.

Avez-vous fait attention que l’histoire des enfans qui se retirèrent dans la caverne, offrait un prodige éclatant ?

Lorsqu’ils y furent entrés, ils adressèrent à Dieu cette prière : Seigneur, couvre-nous de l’ombre de ta miséricorde, et fais que la justice préside à notre entreprise.

Nous les plongeâmes dans un sommeil profond, pendant un grand nombre d’années.

Nous les réveillâmes ensuite, pour voir qui d’entre eux saurait mieux compter le temps qu’ils y étaient restés.

Nous te racontons leur histoire avec vérité. Ces enfans croient en Dieu, et nous fortifiâmes leur foi.

Nous mîmes la constance dans leurs cœurs, lorsque rendant hommage à la vérité, ils dirent : Notre Dieu est le Souverain des cieux et de la terre ; nous n’en invoquerons point d’autre ; car nous serions impies.

Peuple, adorez vos idoles. Nous leur refuserons notre encens aussi long-temps qu’elles ne nous donneront point des marques éclatantes de leur puissance. Quoi de plus impie que de prêter à Dieu le mensonge ?

Éloignons-nous des infidèles, jusqu’à ce qu’ils soient revenus au culte d’un Dieu unique. Retirons-nous dans la caverne. La miséricorde divine veillera sur nous et pourvoira à nos besoins.

Tout le temps qu’ils demeurèrent dans la grotte, on vit le soleil en respecter l’entrée. Lorsqu’il se levait, il fléchissait à droite ses rayons enflammés ; il les portait à gauche quand il tournait vers l’Occident. La main du Tout-Puissant opéra ce miracle. Celui que Dieu dirige est dans le vrai chemin. Celui qu’il égare ne retrouvera plus la lumière, et n’aura plus de protecteur.

On les eût crus éveillés, et ils dormaient. Nous les tournions d’un côté et de l’autre. Leur chien était couché les pattes étendues à l’entrée de la caverne. Quiconque les eût aperçus à l’improviste, aurait fui épouvanté.

Nous les tirâmes de leur sommeil afin qu’ils s’interrogeassent mutuellement. Combien de temps demanda l’un d’eux sommes-nous restés ici ? Un jour, lui répondit-on, ou moins encore. Dieu sait, reprirent les autres, ce que nous y avons demeuré. Envoyons quelqu’un de nous avec cet argent à la ville[20], pour acheter des alimens. Qu’il se comporte avec civilité, et qu’il garde le silence sur notre retraite.

Si les habitans nous voyaient ici, ils nous lapideraient, ou nous forceraient de retourner à leur idolâtrie, et le bonheur serait éteint pour nous.

Nous les ramenâmes à leurs concitoyens, afin qu’ils vissent l’accomplissement des promesses du Seigneur ; car sa parole est immuable. La ville disputait à leur sujet. On proposa de bâtir un oratoire sur la caverne où ils s’étaient retirés. Le ciel les protégeait, et les fidèles qui défendaient leur cause s’écrièrent : Sans doute nous y élèverons un temple.

On disputera sur leur nombre, et l’on dira qu’ils étaient trois et leur chien, cinq et leur chien, sept et leur chien[21] ; mais c’est vouloir pénétrer un mystère que peu de personnes savent. Dis : Dieu connaît parfaitement leur nombre.

Ne parle d’eux qu’avec science, et ne raconte point leur histoire aux infidèles.

Ne dis jamais[22] : Je ferai cela demain, sans ajouter : si c’est la volonté de Dieu. Élève vers lui ta pensée lorsque tu as oublié quelque chose, et dis : Peut-être qu’il m’éclairera et qu’il me fera connaître la vérité.

Ces enfans demeurèrent trois cent sept ans dans la caverne.

Dieu sait parfaitement le temps qu’ils y restèrent. Les secrets des cieux et de la terre lui sont dévoilés. Il voit et entend tout. Il n’y a point d’autre protecteur que lui, et il n’associe personne à ses jugemens.

Lis le Coran que Dieu t’a révélé. Sa doctrine est immuable. Il n’y a point d’abri contre le Très-Haut.

Sois constant avec ceux qui l’invoquent le matin et le soir, et qui recherchent ses grâces. Ne détourne point d’eux tes regards, pour te livrer aux charmes de la vie mondaine. Ne suis pas celui dont le cœur nous a oublié, et qui n’a pour guide que ses désirs et ses passions déréglées.

Dis : La vérité vient de Dieu. L’homme est libre de croire ou de persister dans l’incrédulité. Nous avons allumé des brasiers pour les méchans. Un tourbillon de flammes et de fumée les enveloppera. S’ils demandent des adoucissemens, on leur offrira de l’eau qui, semblable à de l’airain fondu, brûlera leur bouche. Ils avaleront cet affreux breuvage, et seront étendus sur un lit de douleur.

Le croyant vertueux ne verra point périr le bien qu’il aura fait.

Possesseur des jardins d’Éden, où coulent des fleuves, paré de bracelets d’or, vêtu d’habits verts tissus en soie et en or, rayonnant de gloire, il reposera sur le lit nuptial, prix fortuné du séjour de délices.

Propose cette parabole : Un homme possédait deux jardins plantés de vignes, entourés de palmiers et enrichis de diverses semences. Ils devinrent féconds, et son attente ne fut point trompée.

Nous avions fait couler un ruisseau au milieu. Une abondante récolte allait enrichir le possesseur. Il se livra à l’orgueil, et dit à son voisin : Je suis plus riche que toi, et ma famille est plus nombreuse.

Fier au milieu de ses possessions, il s’écria : Je ne pense pas que ces campagnes puissent jamais être ravagées.

Je ne crois point à la résurrection, et quand je ressusciterais, j’aurai pour partage des richesses plus précieuses que celles-ci.

Nieras-tu, lui répondit le fidèle d’un ton assuré, l’existence de celui qui t’a créé de poussière, et qui t’a dessiné dans l’homme ?

Il est le vrai Dieu. Il est mon Seigneur, et je ne lui donnerai point d’égal.

Lorsque tu entres dans tes jardins, ne diras-tu jamais : La volonté de Dieu soit faite ? Lui seul possède la force. J’ai moins de richesses et d’enfans que toi ;

Mais Dieu peut me donner une campagne plus riche que la tienne ; il peut faire tomber la foudre sur tes moissons, et les réduire en poussière mobile.

L’eau qui les arrose peut s’engloutir dans la terre, et tu ferais de vains efforts pour la puiser.

Les jardins du superbe furent dévastés. Il ne resta des vignes que leurs appuis. Il regretta ses dépenses, et dit : Plût à Dieu que je n’eusse point adoré les idoles !

Ses esclaves nombreux n’arrêtèrent point le bras du Tout-Puissant. Il ne put se défendre lui-même.

Au jour du jugement, il n’y aura de refuge qu’en Dieu. Personne ne sait mieux récompenser que lui, ni conduire à une fin plus heureuse.

Propose-leur la parabole de la vie mondaine. Elle ressemble à la pluie que nous faisons tomber des nuages pour féconder les plantes. Elles brillent un instant ; mais tout à coup desséchées, elles deviennent le jouet des vents. La puissance de Dieu est infinie.

Les richesses et les enfans font l’ornement de la vie ; mais les vrais biens, ceux qui sont agréables à Dieu, et dont la récompense est certaine, sont les bonnes œuvres.

Un jour nous transporterons les montagnes. La terre sera aplanie. Nous rassemblerons tous les hommes. Aucun d’eux ne sera oublié.

Ils paraîtront chacun à leur tour devant le tribunal de Dieu, qui leur dira : Vous paraissez devant moi dans l’état où je vous ai créés, et vous pensiez que je n’aurais pas gardé mes promesses.

Ils auront tous un livre à la main[23]. Les impies y liront en tremblant, et s’écrieront : Malheur à nous ! Quel livre ! Les plus petites choses y sont marquées avec autant d’exactitude que les plus grandes. Il y verront toutes leurs actions écrites. Dieu ne les trompera en rien.

À notre voix, tous les anges adorèrent Adam. Éblis, un des esprits rebelles, refusa seul d’obéir. Rechercherez-vous sa protection, et celle de sa postérité[24], plutôt que la mienne ? Ils sont vos ennemis. Malheur au choix des infidèles.

Je ne les appelai point à mon secours quand je créai les cieux et la terre, ni quand je les tirai eux-mêmes du néant. Je n’ai point eu besoin de l’aide des démons.

Un jour nous dirons aux infidèles : Appelez vos dieux. Ils les invoqueront ; mais ils ne recevront point de réponse. Nous mettrons entre eux le fleuve du malheur.

Les scélérats verront les flammes où ils seront précipités, et ils n’auront point de libérateur.

Nous avons répandu dans le Coran des instructions diverses ; mais l’homme dispute de tout.

Lorsque la vérité a paru, les pervers l’ont niée. Ils n’ont point recouru à la miséricorde divine ; mais l’arrêt porté contre leurs prédécesseurs, ou une punition éclatante, sera le prix de leur infidélité.

Nous n’avons envoyé des prophètes que pour annoncer nos promesses et nos menaces. L’infidèle armé du mensonge combat la vérité. Il se rit de mes commandemens et de mes menaces.

Quel être plus injuste que celui qui rejette la doctrine divine qu’on lui a prêchée, et qui oublie le mal qu’il a fait ? nous étendons un voile sur le cœur des ingrats ; nous posons un poids dans leurs oreilles, afin qu’ils ne comprennent point.

En vain vous voudriez les ramener au chemin du salut ; ils ne seront plus éclairés.

Dieu est indulgent et miséricordieux. S’il eût proportionné ses châtimens à leurs forfaits, il aurait hâté leur supplice ; mais ses promesses sont immuables. Un jour ils ne trouveront point d’abri contre sa colère.

Nous avions prédit, aux villes coupables que nous renversâmes, l’instant de leur ruine.

Je ne cesserai de marcher, dit Moïse à son serviteur[25], jusqu’à ce que je sois parvenu à l’endroit où les deux mers se joignent.

Lorsqu’ils y furent arrivés, ils oublièrent leur poisson, qui s’en retourna dans la mer par une voie souterraine.

Ils passèrent outre, et Moïse dit à son serviteur : Apporte-moi de la nourriture. Notre voyage a été fatigant.

Avez-vous fait attention, lui répondit le serviteur, à ce qui est arrivé auprès du rocher où nous avons passé ? J’y ai laissé le poisson. Satan me l’a fait oublier, et il est miraculeusement retourné dans la mer[26].

C’est ce que je désirais, reprit Moïse ; et ils s’en retournèrent.

Ils rencontrèrent un serviteur de Dieu, comblé de ses grâces et éclairé de sa science.

Permets-moi de te suivre, lui dit Moïse, afin que je m’instruise dans la vraie doctrine qui t’a été révélée.

Tu ne seras point assez constant, lui répondit le sage, pour rester avec moi.

Comment pourras-tu t’abstenir de m’interroger sur des événemens que tu ne comprendras point ?

S’il plaît à Dieu, reprit Moïse, j’aurai de la constance et une obéissance entière.

Si tu m’accompagnes, ne m’interroge sur aucun fait, avant que je t’en aie parlé.

Ils partirent. Étant entrés dans une barque, le serviteur de Dieu la mit en pièces. Était-ce pour nous faire périr, lui demanda Moïse, que tu as brisé cette barque ? Voilà une action bien merveilleuse !

Ne t’ai-je pas dit, que tu n’étais point assez patient pour rester avec moi ?

Que l’oubli de ma promesse ne t’irrite pas. Ne m’impose point une obligation trop difficile.

Ils se remirent en chemin, et ayant rencontré un jeune homme, le serviteur de Dieu le tua. Eh quoi ! s’écria Moïse, tu viens de mettre à mort un innocent. Il n’est coupable d’aucun meurtre. Tu as commis un crime.

Ne t’ai-je pas dit que tu n’étais point assez patient pour rester avec, moi ?

Excuse-moi encore, ajouta Moïse, mais si désormais je te fais une seule question, ne me permets plus de t’accompagner.

Ils continuèrent leur route et arrivèrent aux portes d’une cité[27]. Ils demandèrent l’hospitalité aux habitans. On la leur refusa. Un mur menaçait ruine. Le serviteur de Dieu le rétablit dans sa première solidité. Tu aurais pu, lui dit Moïse, attacher un prix à ce bienfait.

Ici nous nous séparerons, répondit le serviteur de Dieu ; mais auparavant je veux t’apprendre la signification de ces actions sur lesquelles tu n’as pu garder le silence.

La barque appartenait à de pauvres mariniers ; je l’ai mise en pièces, parce qu’il y avait à sa poursuite un roi qui enlevait tous les bateaux par force.

Le jeune homme était né de parens fidèles, et j’ai craint qu’il ne les infectât de ses erreurs et de son incrédulité.

J’ai voulu que Dieu leur donnât des fils meilleurs, plus tendres, et plus dignes de ses grâces.

Le mur était l’héritage de deux jeunes orphelins. Il cachait un trésor qui leur appartenait. Leur père fut juste, et Dieu a voulu les laisser parvenir à l’âge de raison, avant qu’ils retirassent leur trésor. Voilà l’explication des événemens qui ont excité tes questions.

Ils t’interrogeront au sujet d’Alexandre[28]. Dis-leur : Je vous raconterai son histoire.

Nous affermîmes sa puissance sur la terre, et nous lui donnâmes les moyens de surmonter tous les obstacles.

Il marcha jusqu’à ce qu’il fut arrivé au couchant. Il vit le soleil disparaître dans une mer en feu[29]. Ces contrées étaient habitées par un peuple infidèle.

Nous lui commandâmes d’exterminer cette nation, ou de l’emmener en captivité.

Je châtierai les infidèles, répondit Alexandre, et ils retourneront à Dieu qui les livrera à la rigueur des supplices.

Mais ceux qui croiront et qui feront le bien auront la félicité pour partage. Ils trouveront nos préceptes faciles.

Il continua de marcher,

Jusqu’à ce qu’il fut arrivé aux régions où se lève le soleil. Elles étaient habitées par un peuple, auquel nous n’avons point donné de vêtemens pour se mettre à l’abri de la chaleur.

Cette narration est véritable. Nous connaissons tous ceux qui étaient avec Alexandre.

Il se remit en chemin,

Et il arriva entre deux montagnes, au pied desquelles habitait une nation qui avait peine à l’entendre.

O Alexandre ! Lui dirent-ils, Jagog et Magog dévastent nos contrées. Reçois de nous un tribut à condition que tu élèveras entre nous et nos ennemis une barrière.

Offrez à Dieu votre tribut, dit le prince ; c’est lui qui a établi ma puissance. Secondez mes efforts ; j’élèverai, pour vous défendre, un rempart impénétrable.

Apportez-moi du fer, afin que je réunisse les deux montagnes[30]. Soufflez jusqu’à ce qu’il s’enflamme, et jetez dessus de l’airain fondu.

Jagog et Magog[31] ne purent ni escalader le mur ni le percer.

Cet ouvrage, dit Alexandre, est un effet de la miséricorde divine.

Lorsque le temps marqué par le Seigneur sera venu, il le réduira en poussière. Ses promesses sont infaillibles.

Dans ce jour tous les hommes seront confondus. La trompette sonnera, et ils seront tous rassemblés.

Nous donnerons aux infidèles l’enfer pour demeure.

Leurs yeux furent couverts d’un voile, et leurs oreilles fermées à la vérité.

Les impies ont-ils pensé qu’ils rendaient impunément à mes créatures des honneurs divins ? l’enfer sera leur partage.

Dis : Vous ferai-je connaître ceux dont les œuvres sont vaines ?

Ceux dont le zèle est aveugle, et qui croient leurs actions méritoires ?

Ce sont ceux qui ont nié l’islamisme et la résurrection. Le mensonge présidait à leurs œuvres. Elles seront sans poids au jour du jugement.

Incrédules, ils ont fait de ma religion et de mes ministres l’objet de leur risée. L’enfer sera leur récompense.

Le croyant qui fera le bien, aura pour demeure les jardins du paradis.

Habitant éternel du séjour de délices, il ne désirera aucun changement à son sort.

Si les flots de la mer se coloraient en noir, pour décrire les louanges du Seigneur, ils seraient épuisés avant d’avoir célébré ses merveilles. Un autre océan semblable ne suffirait point encore.

Dis : Je suis un homme comme vous ; j’ai été favorisé des révélations célestes ; il n’y a qu’un Dieu. Que celui qui croit à l’assemblée universelle fasse le bien, et ne partage point l’encens qu’il doit à l’Éternel.





MARIE. La paix soit avec elle.


donné à la mecque, composé de 98 versets
______
Au nom de Dieu clément et miséricordieux.


K. H. I. A. S. [32] Le Seigneur se souvint de sa miséricorde envers son serviteur Zacharie,

Lorsqu’il invoqua son nom dans le secret.

Seigneur, dit-il, mon corps est tombé dans l’infirmité. Les cheveux blancs couvrent ma tête.

Je n’ai jamais été malheureux dans les vœux que je t’ai adressés.

Je crains ceux qui hériteront de mon rang. Ma femme est stérile. Donne-moi un fils, et mets le comble à tes faveurs.

Qu’il soit mon héritier ; qu’il ait l’héritage de la famille de Jacob ; et qu’il te soit agréable.

Zacharie, nous t’annonçons un fils nommé Jean.

Personne avant lui n’a porté ce nom.

Seigneur, répliqua Zacharie, comment, aurai-je ce fils ? Mon épouse est stérile, et je touche à la décrépitude[33].

Il en sera ainsi. Ce prodige n’est point au-dessus de ma puissance, dit le Seigneur. C’est moi qui t’ai créé de rien.

Seigneur, ajouta le vieillard, donne-moi un signe pour garant de ta promesse. Tu seras muet pendant trois jours, reprit l’ange.

Il sortit du sanctuaire, et s’avançant vers les Hébreux, il leur faisait signe de louer Dieu le matin et le soir.

Jean ! lis les écritures avec ferveur. Nous lui donnâmes la sagesse dès sa plus tendre enfance.

Il eut la bienfaisance et la piété en partage. Juste envers ses parens, il ne connut ni l’orgueil, ni la désobéissance.

La paix fut avec lui à sa naissance, à sa mort ; elle l’accompagnera au jour de la résurrection.

Célèbre Marie dans le Coran ; célèbre le jour où elle s’éloigna de sa famille, du côté de l’Orient.

Elle prit en secret un voile[34] pour se couvrir, et nous lui envoyâmes Gabriel, notre esprit, sous la forme humaine.

Le miséricordieux est mon refuge, s’écria Marie : si tu le crains……

Je suis l’envoyé de ton Dieu, dit l’ange ; je viens t’annoncer un fils béni.

D’où me viendra cet enfant, répondit la vierge ? Nul mortel ne s’est approché de moi, et le vice m’est inconnu.

Il en sera ainsi, répliqua l’ange. La parole du Très-Haut en est le garant. Ce miracle lui est facile. Ton fils sera le prodige et le bonheur de l’univers. Tel est l’ordre du ciel.

Elle conçut, et elle se retira dans un lieu écarté.

Les douleurs de l’enfantement la surprirent auprès d’un palmier, et elle s’écria : Plût à Dieu que je fusse morte, oubliée et abandonnée des humains, avant ma conception !

Ne t’afflige point, lui cria l’ange, Dieu a fait couler près de toi un ruisseau.

Ébranle le palmier[35], et tu verras tomber des dattes mûres.

Mange, bois, essuie tes pleurs, et si quelqu’un t’interroge,

Dis-lui : J’ai voué un jeûne au miséricordieux, et je ne puis parler à un homme.

Elle retourna vers sa famille, portant son fils dans ses bras. Marie, lui dit-on, il vous est arrivé une étrange aventure.

Sœur d’Aaron[36], votre père était juste et votre mère vertueuse.

Pour toute réponse, elle leur fit signe d’interroger son fils. Nous adresserons-nous, lui dit-on, à un enfant au berceau ?

Je suis le serviteur de Dieu, répondit l’enfant. Il m’a donné l’Évangile et m’a établi prophète.

Sa bénédiction me suivra partout. Il m’a commandé d’être toute ma vie fidèle au précepte de la prière et de l’aumône.

Il a mis dans mon cœur la piété filiale, et m’a délivré de l’orgueil qu’accompagne la misère.

La paix me fut donnée au jour de ma naissance. Elle accompagnera ma mort et ma résurrection.

Ainsi parla Jésus, vrai fils de Marie, sujet des doutes d’un grand nombre.

Dieu ne saurait avoir un fils. Loué soit son nom ! il commande, et le néant s’anime à sa voix.

Dieu est mon seigneur et le vôtre. Adorez-le, c’est le chemin du salut.

Les sectaires ont beaucoup disputé ; mais malheur à ceux qui nient l’assemblée du grand jour !

Que n’entendront, que ne verront-ils point, quand ils paraîtront devant notre tribunal ? Aujourd’hui ils sont dans un aveuglement profond.

Annonce-leur le temps des soupirs, lorsque l’arrêt sera prononcé. Maintenant ils reposent dans l’insouciance et l’incrédulité.

La terre et tout ce qu’elle renferme est notre héritage. Toutes les créatures reviendront à nous.

Rappelle dans le Coran le souvenir d’Abraham. Il fut juste et prophète.

O mon père ! disait-il, pourquoi adores-tu des idoles qui ne voient ni n’entendent, et qui ne sauraient te secourir.

O mon père ! j’ai reçu des lumières que tu n’as pas. Suis-moi, je te conduirai dans le chemin du salut.

O mon père ! n’adore pas Satan, il fut rebelle aux ordres du miséricordieux.

O mon père ! je crains que Dieu n’appesantisse son bras sur toi, et que tu ne deviennes le compagnon de Satan.

Abraham, répondit le vieillard, si tu rejettes le culte de mes dieux, je te lapiderai. Éloigne-toi de moi.

La paix soit avec toi, continua Abraham. J’implorerai pour mon père la miséricorde de Dieu. Sa bonté me protége.

Je me sépare de vous et de vos idoles. J’invoquerai le nom du Très-Haut. Peut-être ne rejettera-t-il pas ma prière.

Il quitta sa famille et les dieux qu’elle adorait. Nous lui donnâmes Isaac et Jacob, tous deux prophètes.

Nous les comblâmes de nos faveurs, et nous leur inspirâmes le langage sublime de la vérité.

Chante dans le Coran les vertus de Moïse. Il fut envoyé et prophète.

Nous l’appelâmes du flanc droit du mont Sinaï, et nous le fîmes approcher pour s’entretenir avec nous.

Nous créâmes son frère Aaron prophète, par un bienfait de notre miséricorde.

Publie dans le Coran la louange d’Ismaël, fidèle à sa promesse, envoyé et prophète.

Il recommandait à sa famille la prière et l’aumône. Il fut agréable aux yeux de l’Éternel.

Célèbre Henoch[37] dans le Coran ; il fut juste et prophète.

Nous l’enlevâmes dans un lieu sublime.

Tels sont, entre les fils d’Adam, de Noë, d’Abraham et d’Israël, les prophètes que Dieu combla de ses grâces. Il les choisit parmi ceux qu’il éclaira du flambeau de la foi. Lorsqu’on leur récitait les merveilles du miséricordieux, le front prosterné, les yeux baignés de larmes, ils adoraient sa majesté suprême.

Une génération pervertie leur a succédé. Elle a abandonné la prière et suivi le torrent de ses passions ; elle sera précipitée dans le fleuve du Tartare.

Mais ceux qui joindront au repentir la foi et les bonnes œuvres, entreront dans les jardins d’Éden ;

Jardins délicieux que le miséricordieux a promis à ses serviteurs, pour les consoler dans leur exil ; ses promesses sont infaillibles.

Les futilités en seront bannies. La paix y régnera. Les hôtes de ce séjour recevront leur nourriture le matin et le soir.

Tel est le Paradis que nos serviteurs vertueux auront pour héritage.

Nous ne sommes descendus que par l’ordre de Dieu. Le passé, le futur, le présent lui appartiennent. Il ne connaît point l’oubli.

Les cieux, la terre, ce que renferme l’espace qui les séparé, forment son domaine. Sers-le : sois constant dans son culte. Lui connais-tu un nom ?

Eh quoi ! dit l’incrédule, lorsque je serai mort ma cendre se ranimera-t-elle de nouveau ?

A-t-il donc oublié que nous l’avons tiré du néant, pour lui donner l’existence ?

J’en jure par ton Dieu, nous rassemblerons les hommes et les démons ; nous en formerons une enceinte dans l’enfer, et nous les forcerons de se tenir à genoux.

Nous choisirons ensuite ceux dont l’insolence aura plus éclaté contre le miséricordieux.

Nous connaîtrons ceux qui ont mérité davantage le tourment des flammes.

Ils y seront précipités ; c’est un décret prononcé par l’Éternel.

Nous délivrerons ceux qui ont craint le Seigneur, et nous laisserons les coupables à genoux.

Lorsque vous prêchez notre doctrine aux infidèles, ils disent aux croyans : Lequel de nos deux partis est le plus fort, et le plus florissant ?

Combien de peuples plus riches et plus puissans qu’eux sont tombés sous nos coups ?

Puisse le miséricordieux prolonger les jours de ceux qui sont plongés dans l’erreur !

Afin qu’ils voient l’accomplissement de nos menaces, soit dans ce monde, soit dans l’autre. Ils connaîtront alors ceux qui sont plus malheureux, et plus dépourvus de secours.

Dieu fortifiera les fidèles qui professeront la vraie religion.

Les bonnes œuvres auront un mérite permanent à ses yeux, et seront magnifiquement récompensées.

N’as-tu pas vu l’infidèle se flatter de recevoir des richesses et des enfans ?

Connaît-il l’avenir ? Dieu lui en a-t-il fait la promesse ?

Il se flatte vainement. Nous écrirons son ostentation, et nous aggraverons ses peines.

Nous lui donnerons les biens qu’il demande sur la terre ; mais il paraîtra nu devant notre tribunal.

Ils comptent sur la protection de leurs divinités chimériques.

Vain espoir ! Elles rejetteront leur encens, et se déclareront contr’eux.

Ne sais-tu pas que nous avons déchaîné les démons contre les incrédules, pour les porter au mal ?

Ne précipite rien contr’eux. Nous comptons leurs jours.

Les justes rassemblés formeront le cortége du miséricordieux.

Les scélérats descendront dans l’enfer.

Ceux-là seuls, qui ont reçu l’alliance divine, auront des intercesseurs.

Ils disent que Dieu a un fils, et ils profèrent un blasphème.

Peu s’en faut que les cieux ne se fendent à ces mots, que la terre ne s’entr’ouvre, et que les montagnes brisées ne s’écroulent.

Ils attribuent un fils au miséricordieux, et il ne saurait en avoir.

Tous les êtres créés au ciel et sur la terre, lui paient un tribut de louanges. Il les a comptés, et il en sait le nombre.

Au jour de la résurrection, tous les hommes paraîtront nus devant lui.

Il fera régner l’amitié entre les croyans vertueux.

Nous avons facilité la lecture du Coran en l’écrivant dans ta langue, afin que tu annonces la félicité à ceux qui craignent le Seigneur, et les tourmens à ceux qui disputent contre lui.

De tant de générations que nous avons anéanties, pourrais-tu faire paraître un seul homme ? Font-elles entendre le plus léger murmure ?





T. H.[38]


donné à la mecque, composé de 135 versets
______
Au nom de Dieu clément et miséricordieux.


T. H. Nous ne t’avons pas envoyé le Coran pour te rendre malheureux ;

Mais pour rappeler le souvenir du Seigneur à celui qui le craint.

Celui qui a créé la terre, et élevé les cieux, te l’a envoyé.

Le miséricordieux est assis sur son trône.

La terre et les cieux, l’immensité de l’espace, l’univers entier forment son domaine.

L’action que tu produis au grand jour, et celle que tu voiles des ombres du mystère, lui sont également connues.

Il n’y a point d’autre Dieu que lui. Les plus beaux noms sont ses attributs !

As-tu entendu réciter l’histoire de Moïse ?

Lorsqu’il vit le buisson enflammé, il dit à sa famille : Arrêtez-vous ici ; j’aperçois le feu sacré.

Peut-être que j’en apporterai une étincelle, et que j’y trouverai de quoi me conduire.

Lorsqu’il s’en fut approché, une voix lui cria : Moïse !

Je suis ton Dieu ; quitte ta chaussure ; tu es dans la vallée sainte de Thoï.

Je t’ai élu. Écoute attentivement ce que je vais te révéler.

Je suis le Dieu unique. Adore-moi et fais la prière en mon nom.

L’heure viendra. Peu s’en est fallu que je ne te l’aie révélée.

On rendra à chacun suivant ses œuvres.

Que l’incrédule, aveuglé par ses passions, ne t’empêche pas de croire si tu crains de périr.

Que portes-tu à la main ?

Seigneur, c’est mon bâton ; il sert à m’appuyer, à détacher des feuilles pour mon troupeau, et à d’autres usages.

Jette-le, ô Moïse !

Il obéit. Le bâton se changea en serpent qui rampait sur la terre.

Saisis-le sans crainte ; il reprendra sa première forme.

Porte la main dans ton sein, tu la retireras blanche[39], sans aucun mal ; seconde marque de ma puissance.

Nous te rendrons témoin des plus grandes merveilles.

Va trouver Pharaon[40]. Il passe les bornes de l’impiété.

Seigneur, répondit Moïse, dilate mon cœur ;

Rends-moi ton ordre facile.

Délie le lien de ma langue,

Afin qu’on puisse m’entendre.

Donne-moi un conseiller de ma famille.

Que ce soit mon frère Aaron.

Qu’il fortifie ma faiblesse,

Et qu’il partage mon emploi.

Nous unirons nos voix pour te louer, et nos cœurs pour nous rappeler ton souvenir,

Puisque tu as daigné jeter tes regards sur nous.

Tes vœux sont exaucés, ô Moïse !

Déjà nous t’avions donné des preuves de notre bonté vigilante,

Lorsque nous fîmes entendre ces paroles à ta mère :

Mets ton fils dans un panier ; laisse-le flotter sur le Nil ; il le portera au rivage ; mon ennemi et le sien l’accueillera, et je lui inspirerai de l’amour pour lui.

Il sera sous ma sauvegarde.

Ta sœur se promenait sur le bord du fleuve. Voulez-vous, dit-elle, que je vous enseigne une nourrice ? Nous te rendîmes à ta mère, afin de tranquilliser son cœur et de sécher ses larmes. Tu mis à mort un Égyptien. Nous te délivrâmes du supplice. Nous t’éprouvâmes ensuite.

Tu as habité plusieurs années parmi les Madianites, et tu t’es rendu à ma voix.

Je t’ai choisi pour remplir mes volontés.

Partez, toi et ton frère, avec la puissance des miracles, et n’oubliez pas mon souvenir.

Allez vers Pharaon. Son cœur s’est endurci dans le crime.

Parlez-lui avec douceur, afin qu’il ouvre les yeux, et qu’il craigne.

Seigneur, répondit Moïse, nous appréhendons son indignation, et sa violence.

Ne craignez rien. Je serai avec vous. J’entendrai, et je verrai.

Partez, et dites à Pharaon : Nous sommes les envoyés de Dieu ; laisse sortir d’Égypte les enfans d’Israël. Cesse de les opprimer. Les prodiges divins attesteront notre mission. La paix soit avec celui qui suit la lumière.

Ceux qui, nous accusant d’imposture, resteront dans l’erreur, vont être punis. Dieu nous l’a révélé.

Quel est votre Dieu, demanda le roi à Moïse ?

Mon Dieu est le dispensateur de toutes choses. C’est lui qui a tiré tous les êtres du néant, et qui les gouverne.

Quelle fut donc l’intention des anciens peuples, continua le Prince[41].

Elle est écrite dans le livre, reprit Moïse. Dieu en a la connaissance. Il ne se trompe point, et n’oublie rien.

C’est lui qui vous a donné la terre pour habitation, qui vous y a tracé des chemins, et qui fait descendre la pluie des cieux, pour féconder toutes les plantes.

Nourrissez-vous de ses productions. Faites paître vos troupeaux. Ces merveilles sont des signes pour ceux qui ont de l’intelligence.

Nous vous avons créés de terre. Vous y retournerez, et nous vous en ferons sortir une seconde fois.

Nous opérâmes des miracles devant Pharaon. Il les accusa de fausseté, et refusa d’y ajouter foi.

Es-tu venu, dit-il à Moïse, pour nous chasser de notre pays par la force de tes enchantemens ?

Nous t’opposerons de semblables artifices. Convenons du temps et du lieu. Qu’il n’y ait point d’infracteur, et que tout soit égal.

Que l’assemblée, répondit Moïse, se fasse un jour de fête. Le concours du peuple la rendra plus solennelle.

Pharaon se retira, et au jour marqué, il parut avec ses magiciens.

Malheur à vous ! leur dit Moïse, si vous osez fabriquer une imposture contre Dieu.

Il peut vous punir à l’instant. Les magiciens qui vous ont précédés ont péri.

Les mages se réunirent, pour agir de concert, et tinrent leur délibération secrète.

Prince, dirent-ils, ces deux hommes sont des imposteurs, qui veulent par leurs charmes vous chasser de votre pays, et entraîner les grands de votre empire.

Réunissez, ajouta Moïse, les secrets de votre art. Venez par ordre, et que ce jour couvre de gloire les vainqueurs.

Nous te donnons le choix, dirent les mages, de jeter ta baguette le premier, ou après nous.

Commencez, dit Moïse. À l’instant, leurs cordes et leurs baguettes parurent, par l’effet de leurs enchantemens, des serpens qui rampaient çà et là.

Moïse ne put se défendre d’un sentiment de frayeur.

Nous lui dîmes : Ne crains rien, tu seras victorieux.

Jette ta baguette. Elle dévorera leurs serpens, vains effets du prestige. Le magicien ne saurait prospérer.

Les mages se prosternèrent pour adorer le Seigneur. Nous croyons, s’écrièrent-ils, au Dieu d’Aaron et de Moïse.

Croirez-vous sans mon ordre, dit le roi ? Sans doute, Moïse est votre chef. Il vous a enseigné la magie. Je vous ferai couper les pieds et les mains, et vous serez attachés à des palmiers. Vous saurez qui de votre Dieu, ou de moi, sera plus constant et plus rigoureux dans ses châtimens.

Ta volonté, répondirent les mages, n’aura pas plus d’empire sur nous, que le prodige dont nous avons été témoins, que celui qui nous a créés. Décerne ce qu’il te plaira. Ta punition se borne à la vie présente. Nous croyons en Dieu afin qu’il pardonne nos fautes, et la magie que tu nous as commandée. Dieu est plus puissant et plus permanent que toi.

Celui qui se présentera devant son tribunal, souillé de crimes, descendra dans l’enfer. Il ne pourra ni éprouver la mort, ni jouir de la vie.

Le croyant qui apportera de bonnes œuvres sera élevé à un degré sublime.

Il habitera éternellement les jardins d’Éden, arrosés par des fleuves : Telle sera la récompense de ceux qui auront été purifiés.

Dieu commanda à Moïse de sortir pendant la nuit de l’Égypte avec le peuple d’Israël, de frapper la mer de sa baguette, et de leur ouvrir un chemin à travers les eaux.

Nous lui dîmes : Ne crains point que Pharaon t’arrête, et marche en sûreté.

Pharaon poursuivit les Hébreux à la tête de ses soldats. La mer les engloutit. Il égara son peuple au lieu de le conduire.

Enfans d’Israël, nous vous avons sauvés des mains de vos ennemis ; nous vous avons marqué pour station le flanc droit du mont Sinaï ; nous vous avons envoyé la manne et les cailles.

Jouissez des biens que nous vous offrons. Évitez l’excès de peur de mériter ma colère. Celui sur qui elle tombera sera réprouvé.

Je pardonnerai à ceux qui joindront au repentir la foi et les bonnes œuvres. Ils marcheront dans la voie du salut.

Qui t’a sitôt fait quitter ton peuple, dit Dieu à Moïse ?

Seigneur, répondit-il, c’est le désir de t’être agréable. Les Israélites s’avancent sur mes pas.

Nous les avons éprouvés, ajouta le Seigneur, depuis ton départ. Sameri les a égarés.

Le prophète retourna vers eux enflammé de colère et accablé de tristesse.

O mon peuple ! leur dit-il, Dieu ne vous a-t-il pas fait une promesse glorieuse ? Vous a-t-elle paru trop long-temps différée ? Ou avez-vous voulu attirer sur vos têtes le courroux du ciel, en violant ma défense ?

Nous ne l’avons pas transgressée de notre propre mouvement, répondirent-ils ; on nous a commandé d’apporter nos ornemens les plus pesans ; nous les avons rassemblés, et Sameri les a mis en fonte. Il en a formé un veau mugissant, et les infidèles ont dit : Voilà notre dieu ; voilà le Dieu de Moïse qui l’a oublié.

Ne voyaient-ils pas qu’il ne leur rendait point de réponse, et qu’ils ne pouvaient en attendre ni bien ni mal ?

Enfans d’Israël, leur criait Aaron : Ce veau est une tentation. Le Seigneur est miséricordieux. Suivez-moi ; obéissez à ma voix.

Nous ne cesserons de l’adorer, répondaient-ils, que Moïse ne soit de retour ?

Pourquoi ne m’as-tu pas suivi, dit Moïse à son frère, lorsque tu as vu le peuple s’abandonner à l’idolâtrie ? As-tu donc voulu contrevenir à mes ordres ?

Fils de ma mère, répondit Aaron, cesse de me tirer par la barbe et par la tête. J’ai eu peur que tu ne m’accusasses d’avoir fait scission avec les Israëlites, et de t’avoir désobéi.

Qu’as-tu fait, demanda le prophète à Sameri ? J’ai, dit-il des connaissances[42] que le peuple n’a pas. J’ai pris de la poussière sous les pas du coursier de l’envoyé céleste ; je l’ai jetée dans la fournaise, c’est une idée que mon esprit m’a suggérée.

Fuis loin d’ici. Tu diras à tous ceux qui te rencontreront : Ne me touchez pas. C’est une punition à laquelle tu seras soumis jusqu’à la mort. Vois ce dieu dont tu étais l’adorateur zélé, il va devenir la proie des flammes, et sa cendre sera jetée dans la mer.

Vous n’avez point d’autre Seigneur que le Dieu unique, qui embrasse l’univers de l’immensité de sa science.

Nous te racontons ainsi ces évènements passés. Nous t’avons apporté le livre des avertissements.

Celui qui s’en écartera sera chargé, au jour de la résurrection, d’un pesant fardeau.

Il ne pourra s’en débarrasser. Ce fardeau fera son malheur au jour du jugement.

Le jour où la trompette sonnera[43], les scélérats seront rassemblés, et leurs yeux seront couverts de ténèbres.

Ils se diront à basse voix : Nous ne sommes restés sur la terre que dix jours.

Vous n’y êtes restés qu’un jour, reprendront leurs chefs. Nous connaîtrons leurs discours.

Ils te demanderont ce que deviendront les montagnes. Dis-leur : Dieu les dissipera comme la poussière.

Aux lieux où elles étaient, s’étendront de vastes plaines, où l’on ne verra ni pente, ni éminence.

Les hommes suivront l’ange qui les appellera. Ils ne pourront s’en défendre. Leur voix sera humble et faible devant le miséricordieux. On n’entendra que le bruit obscur de leurs pieds.

L’intercession ne sera utile qu’à ceux à qui Dieu accordera cette faveur, et qui auront prononcé la profession de foi qu’il aime[44].

Il connaît le passé et l’avenir. L’intelligence humaine ne s’étend pas jusque-là.

Ils humilieront leur front devant le Dieu vivant et éternel ; et l’impie périra.

Le croyant vertueux n’aura point à craindre un sort injuste et rigoureux.

Nous avons envoyé du ciel, le Coran en langue arabe ; nous y avons répandu des exemples menaçans ; afin d’inspirer la crainte du Seigneur, et d’instruire les hommes.

Exalte le nom de Dieu, le souverain du monde, et la vérité par excellence. Ne te hâte point de répéter les versets du Coran[45] avant que la révélation soit achevée, et dis : Seigneur, augmente ma science.

Nous fîmes un pacte avec Adam ; mais peu ferme dans sa promesse, il l’oublia aussitôt.

Nous ordonnâmes aux anges de se prosterner devant lui. Tous l’adorèrent. Éblis seul refusa d’obéir. Nous dîmes à Adam et à son épouse : Voilà votre ennemi. Prenez garde qu’il ne vos chasse du paradis, et qu’il ne vous rende malheureux.

Vous n’y souffrirez ni de la faim, ni de la nudité.

Vous n’y serez incommodés, ni par la soif, ni par la chaleur.

Le démon tenta Adam. Veux-tu, lui dit-il, que je te fasse connaître l’arbre de l’éternité, l’arbre qui donne une souveraineté sans fin ?

Adam et son épouse mangèrent du fruit défendu. Ils aperçurent leur nudité[46], et se firent des habits de feuilles. Le premier homme fut désobéissant et prévaricateur.

Dans la suite, Dieu reçut sa pénitence. Il eut compassion de lui, et l’éclaira.

Descendez du Paradis, leur dit le Seigneur ; vous avez été ennemis l’un de l’autre. Un jour je vous enverrai un guide.

Celui qui le suivra ne s’égarera point, et le malheur ne sera point son partage.

Celui qui ne voudra pas entendre ma doctrine éprouvera l’infortune dès cette vie.

Au jour de la résurrection il sera environné de ténèbres.

Seigneur, s’écriera-t-il, pourquoi suis-je aveugle ? Auparavant je voyais.

Nous t’avons prêché nos Commandemens, lui répondra Dieu ; tu les as oubliés. Aujourd’hui tu vas être plongé dans l’oubli.

Tel sera le sort de l’idolâtre et de l’infidèle. Les peines de la vie future seront terribles et permanentes.

Ne réfléchissent-ils donc point aux méchans que nous avons exterminés ? Ils foulent la terre qu’ils habitaient. Ces exemples devraient les effrayer, s’ils pouvaient comprendre.

Si l’arrêt du ciel n’était prononcé, il hâterait leur supplice ; mais il attend l’heure marquée.

Supporte avec constance leurs discours. Publie la gloire du Très-Haut avant le coucher et le lever du soleil. Célèbre sa louange pendant la nuit et aux extrémités du jour[47] ; afin que ton cœur soit content de lui-même.

Ne porte point des regards avides sur les biens d’autrui. Les fleurs qui parent le sentier de la vie sont une épreuve. Les biens que Dieu promet sont plus précieux et plus durables.

Commande la prière à ta famille. Fais-la avec persévérance. Nous n’exigeons point que tu amasses des trésors. Nous fournirons à tes besoins. La piété aura sa récompense.

Les infidèles ont dit : Nous ne croirons point à moins qu’il n’opère des miracles. N’ont-ils pas entendu l’histoire des nations qui les ont précédés ?

Si nous les avions punis avant la venue de Mahomet, ils auraient dit : Seigneur, comment aurions-nous la foi, si tu ne nous as pas envoyé d’apôtre pour nous enseigner tes commandemens, et pour nous faire éviter l’opprobre et l’ignominie.

Dis : Nous attendons tous. Encore quelque temps, et vous saurez qui de nous a été éclairé du flambeau de la foi ; qui de nous a suivi le chemin du salut.





LES PROPHÈTES. La paix soit avec eux.


donné à la mecque, composé de 112 versets
______
Au nom de Dieu clément et miséricordieux.


Le temps approche où les hommes rendront compte et dans leur insouciance, ils s’éloignent de cette pensée.

Ils n’ont entendu la lecture du Coran que pour s’en moquer.

Le cœur livré au plaisir, les impies se sont dit en secret : Mahomet n’est-il pas un homme comme vous ? Écouterez-vous un imposteur ? Vous le connaîtrez bientôt.

Dis : Dieu connaît ce qui se passe au ciel et sur la terre. Il sait et entend tout.

Ce livre, ont-ils ajouté, n’est qu’un amas confus de fables. Il en est l’auteur. Il les a mises en vers. Qu’il nous fasse voir des miracles comme les autres prophètes.

Aucune des villes que nous avons détruites, n’a embrassé la foi. Ils ne croiront point.

Avant toi nous n’avons envoyé que des hommes inspirés. Interrogez les juifs et les chrétiens si vous l’ignorez.

Nous ne leur donnâmes point un corps fantastique. Ils ne demeurèrent pas éternellement sur la terre.

Ils virent l’accomplissement de nos promesses. Nous les sauvâmes avec nos élus, et les incrédules périrent.

Nous vous avons envoyé un livre, pour vous instruire. N’ouvrirez-vous point les yeux ?

Combien avons-nous établi de peuples sur les ruines des villes criminelles et punies ?

A la vue de nos fléaux les coupables prenaient la fuite.

Où fuyez-vous, leurs criaient les anges ? Revenez goûter vos plaisirs. Revenez au séjour que vous habitiez. Vous allez être interrogés.

Malheur à nous, s’écriaient-ils ! Nous avons vécu dans l’impiété.

Ils proférèrent ces paroles lamentables jusqu’à ce qu’ils furent tous tombés sous le glaive vengeur, comme la moisson sous le tranchant de la faux.

Nous n’avons pas créé les cieux, la terre, et tout ce que l’espace renferme comme un jeu.

Si nous avions formé l’univers pour qu’on s’en moquât, nous aurions été le premier objet de la raillerie.

Nous opposerons la vérité au mensonge, et elle le fera disparaître. Malheur à vous qui blasphémez contre Dieu.

Les cieux et la terre composent son domaine. Les anges ne dédaignent point de s’humilier devant lui, et ne se lassent point de l’adorer.

Ils le louent le jour et la nuit. Ils ne cessent de publier ses grandeurs.

Les divinités qu’ils ont choisies sur la terre, peuvent-elles ressusciter les morts ?

Si dans l’univers il y avait plusieurs dieux, sa ruine serait prochaine. Louange au Dieu qui est assis sur le trône des mondes, malgré leurs blasphèmes.

On ne lui demandera point compte de ses actions, et il leur demandera compte de leurs œuvres.

Les anges adorent-ils d’autres divinités que Dieu ? Apportez vos preuves. J’ai en ma faveur le témoignage du Coran[49]. Les juifs et les chrétiens ont leurs livres sacrés. Mais la plupart ne connaissent point la vérité, et ils fuient sa lumière.

Tous les prophètes qui t’ont devancé eurent cette révélation : Je suis le Dieu unique. Adorez-moi.

Les infidèles ont dit : Dieu a eu un fils du commerce avec les anges. Loin de lui ce blasphème ! Les anges sont ses serviteurs honorés.

Ils ne parlent qu’après lui, et ils exécutent ses volontés.

Il sait ce qui existait avant eux et ce qui sera après. Ils ne peuvent intercéder sans sa permission.

Ils sont saisis de frayeur en sa présence.

Si quelqu’un d’eux osait dire : Je suis Dieu, il serait précipité dans l’enfer. C’est ainsi que nous récompensons l’impie.

Les incrédules ignorent-ils que les cieux et la terre étaient solides[50], que nous les avons ouverts, et que nous avons fait descendre la pluie qui donne la vie à toutes les plantes ? Ne croiront-ils point ?

Nous avons affermi sous leurs pas la terre par de hautes montagnes. Nous avons laissé entre elles de vastes espaces, pour qu’ils y tracent des chemins.

Nous avons élevé le firmament pour lui servir de toit. N’y reconnaîtront-ils point les signes de notre puissance ?

C’est Dieu qui a fait le jour et la nuit. Il a formé le soleil et la lune qui roulent rapidement dans le cercle que sa main leur a tracé.

Avant toi, nul mortel n’a joui de l’éternité ; et si tu dois mourir, peuvent-ils espérer d’être éternels ?

Tout homme doit payer lu tribut à la mort. Nous vous éprouverons par l’infortune et la prospérité ; et vous reviendrez à nous.

A ton aspect les idolâtres s’armeront de plaisanteries. Est-ce là, diront-ils, celui qui attaque nos dieux ? Et ils osent insulter au miséricordieux !

L’homme est d’un naturel prompt et ardent. Je vous ferai voir les effets de ma puissance, et vous ne demanderez plus qu’ils soient accélérés.

Quand s’accomplira cette promesse, demandent-ils ? Ne nous trompez-vous point ?

Si les pervers savaient quels tourmens ils éprouveront, quand ils ne pourront écarter la flamme de leur visage, ni de leurs reins, et qu’ils n’auront point de libérateur !

L’heure les surprendra. Ils seront dans l’étonnement. Ils ne pourront ni l’éviter, ni espérer de délai.

Avant toi nos ministres furent en butte aux traits de la raillerie ; mais ceux qui s’en sont moqués, en ont porté la peine.

Dis-leur : Qui peut vous défendre contre le bras du Tout-Puissant, pendant le jour ou pendant la nuit ? Malgré cet avertissement ils écartent son souvenir.

Leurs divinités les mettront-elles à l’abri de notre courroux ? Incapables elles-mêmes de se défendre, comment leur donneront-elles du secours ?

Leurs jouissances semblables à celles de leurs pères, ne passeront point les bornes de la vie. Ne voient-ils pas que nous resserrons leurs limites ? Peuvent-ils espérer la victoire ?

Je vous prédirais ce qui m’a été révélé ; mais les sourds entendent-ils les conseils qu’on leur donne ?

Au moindre souffle de la colère divine, ils s’écrieront : Malheur à nous ! Nous étions dans l’erreur.

Nous pèserons au jour de la résurrection avec des balances justes. Personne ne sera trompé de la pesanteur d’un grain de moutarde. L’équité présidera à nos jugemens.

Nous donnâmes à Moïse et à Aaron le livre qui distingue le bien du mal. Il est la lumière et la règle de ceux qui sont pieux ;

De ceux qui craignent le Seigneur dans le secret, et qui redoutent l’heure fatale.

Et ce livre béni, nous l’avons envoyé du ciel. Nierez-vous sa doctrine ?

Nous servîmes de guide à Abraham, parce que nous connûmes son cœur.

Quels sont, demanda-t-il à son père et au peuple, les simulacres devant lesquels vous vous courbez ?

Ce sont, lui répondit-on, les dieux qu’ont adorés nos pères.

Ils étaient dans l’erreur, reprit-il, et vous les imitez.

Est-ce la vérité que tu nous annonces, où veux-tu abuser de notre crédulité ?

Votre Dieu, continua Abraham, est le Souverain du ciel et de la terre. Il les a tirés du néant. Je rends témoignage de sa puissance.

J’en atteste mon Dieu, à peine serez-vous éloignés de vos idoles, que je les attaquerai.

Il les mit en pièces, excepté la plus grande[51], afin que le peuple tournât vers elle ses soupçons.

Qui peut avoir ainsi maltraité nos dieux, s’écrièrent les idolâtres ? C’est un impie.

Nous avons entendu un jeune homme en parler avec mépris, dirent quelques-uns. Il se nomme Abraham.

Qu’on l’amène sous les yeux du peuple, afin qu’on témoigne contre lui.

Est-ce toi, lui demanda-t-on, qui as commis cet attentat contre nos divinités ?

Le plus grand de vos dieux en est seul coupable, répondit-il. Interrogez-les, s’ils savent vous répondre.

Rentrés en eux-mêmes ils s’écrièrent : Nous étions injustes ;

Mais bientôt se courbant devant leurs idoles, ils ajoutèrent : Tu sais qu’elles ne parlent point.

Pourquoi adorez-vous donc des simulacres impuissans, dont vous ne pouvez attendre ni bien ni mal ? Malheur à vous et aux objets de votre culte ! N’ouvrirez-vous point les yeux ?

Brûlez l’impie, s’écrièrent les idolâtres,[52] et défendez vos dieux.

Nous commandâmes au feu de perdre sa chaleur, et au salut de descendre sur Abraham.

Les idolâtres lui tendirent d’autres piéges, et ils furent réprouvés.

Nous sauvâmes Abraham et Loth ; nous leur donnâmes une contrée dont nous bénîmes toutes les créatures.

Nous comblâmes les vœux d’Abraham par la naissance d’Isaac et de Jacob, tous deux justes.

Nous les établîmes nos vicaires, pour conduire les peuples suivant la loi divine. Nous leur recommandâmes la pratique des bonnes œuvres, la prière et l’aumône. Ils furent nos serviteurs.

Nous accordâmes à Loth, la sagesse et la science. Nous le délivrâmes de la ville abominable, où les hommes étaient livrés à des excès infâmes.

Nous le comblâmes de nos faveurs, parce qu’il fut juste.

Lorsque Noé éleva vers nous sa voix, nous exauçâmes sa prière, et nous le délivrâmes avec sa famille, des maux qui les affligeaient.

Nous le mîmes à l’abri des complots d’un peuple pervers, qui niait la vérité de notre religion. Les incrédules furent ensevelis dans les eaux.

Célèbre David et Salomon, qui jugèrent le dégât que des troupeaux avaient causé dans un champ[53]. Nous fûmes témoins de leur sentence.

Nous donnâmes à Salomon l’intelligence de cette affaire. Il eut en partage la sagesse et la science. Nous forçâmes les montagnes et les oiseaux[54] de s’unir à la voix de David, pour chanter les louanges de l’Éternel.

Nous lui enseignâmes l’art de faire des cuirasses, pour vous couvrir dans les combats. En êtes-vous reconnaissans ?

Salomon reçut du ciel le pouvoir de commander aux vents. Il les faisait souffler à son gré sur la terre de bénédiction. Rien ne borne notre science.

Les démons obéissaient à sa voix. Il les employait à plonger dans la mer, pour amasser des perles, et à d’autres usages. Nous les empêchions de nuire.

Célèbre la confiance de Job[55], quand il s’écria : Seigneur, le malheur s’est appesanti sur moi ; mais ta miséricorde est infinie.

Nous entendîmes sa voix. Nous le délivrâmes du fardeau qui l’opprimait, et nous le rendîmes à sa famille. Nous augmentâmes ses biens, par un effet de notre miséricorde, et pour l’instruction des serviteurs de Dieu.

Rappelle le souvenir d’Ismaël, d’Énoch et d’Elcaphel[56]. Ils souffrirent avec patience.

Nous les fîmes jouir de nos faveurs, parce qu’ils furent vertueux.

Souviens-toi de Jonas, lorsqu’il partit à regret, et qu’il se crut à l’abri de notre puissance. Bientôt il s’écria du sein des ténèbres : Seigneur, il n’y a de Dieu que toi. Ton nom soit glorifié. J’ai été prévaricateur.

Nous entendîmes sa voix, et nous le délivrâmes de ses angoisses. C’est ainsi que nous sauvons les fidèles.

Publie les vertus de Zacharie qui adressa au ciel cette prière : Seigneur, ne permets pas que je meure sans enfans. Tu es le meilleur des héritiers.

Ses vœux furent exaucés. Nous lui donnâmes Jean. Nous rendîmes sa femme féconde, parce qu’ils s’excitaient mutuellement au bien, qu’ils priaient avec amour et crainte, et qu’ils nous étaient sincèrement soumis.

Chante la gloire de Marie qui conserva sa virginité intacte. Nous soufflâmes sur elle notre esprit. Elle et son fils furent l’admiration de l’univers.

O fidèles ! Votre religion est une. Je suis votre Dieu. Adorez-moi.

Les juifs et les chrétiens sont divisés dans leur croyance. Tous reviendront à nous.

Le zèle du croyant vertueux ne sera point sans récompense. Nous écrirons ses bonnes œuvres.

Anathème sur les villes que nous avons détruites ! Leurs habitans ne reparaîtront plus,

Jusqu’à ce qu’on ait ouvert le passage à Jagog et à Magog ; alors ils descendront à pas précipités des montagnes.

Et jusqu’à l’approche de l’heure inévitable, les infidèles, le regard consterné, s’écrieront : Malheur à nous ! Nous vivions dans l’oubli de ce moment terrible, et dans l’impiété.

Vous et vos idoles descendrez dans l’enfer, pour servir d’aliment aux flammes.

Si elles eussent été des dieux, elles n’y auraient pas été précipitées. Il sera leur demeure éternelle.

Les réprouvés pousseront de profonds soupirs, et ils n’entendront point.

Ceux à qui le souverain bien est destiné, seront placés loin de ce séjour épouvantable.

Ils n’en entendront point les cris plaintifs ; et ils verront éternellement leurs désirs comblés.

Délivrés des horreurs de la crainte, ils seront reçus par les anges qui leur diront : Voilà l’heureux jour qui vous fut promis.

Alors nous plierons, les cieux comme l’ange Sehel[57] plie un livre. Nous avons créé le premier homme de rien. Nous le ferons sortir une seconde fois du néant. Nous sommes garans de cette promesse, et nous l’accomplirons.

Nous avons écrit dans le Pentateuque, et dans le livre des psaumes, que la terre serait l’héritage de nos serviteurs vertueux.

Le Coran est l’avertissement de ceux qui craignent Dieu. Nous ne te l’avons envoyé que pour annoncer à tous les hommes la miséricorde divine.

Dis : Il m’a été révélé que votre Dieu est un Dieu unique. Embrasserez-vous l’islamisme ?

Si vous persistez dans l’incrédulité, je vous annonce des calamités. J’ignore si elles sont proches, ou encore éloignées.

Mais Dieu sait ce que vous dévoilez, comme ce que vous couvrez des ombres du mystère.

J’ignore s’il peut vous éprouver, ou vous laisser jouir jusqu’au temps.

Dis : Seigneur, la vérité est ton partage. Juge entre nous. Notre Dieu est miséricordieux. Nous devons implorer son secours contre vos blasphèmes.





LE PÈLERINAGE.


donné à la mecque, composé de 78 versets
______
Au nom de Dieu clément et miséricordieux.


Mortels, craignez le Seigneur, parce que le tremblement de terre du grand jour sera épouvantable. Dans ce jour la mère abandonnera son fils à la mamelle, la femme enceinte enfantera, les hommes frappés par le bras terrible de Dieu seront comme dans l’ivresse.

La plupart des hommes disputent de Dieu, sans être guidés par la lumière. Ils suivent Satan rebelle.

Il est écrit qu’il égarera et entraînera dans l’enfer, quiconque l’aura pris pour patron.

Mortels, si vous doutez de la résurrection, considérez les degrés par où nous vous avons fait passer. Nous vous avons formés de terre, ensuite de sperme, puis de sang congelé qui s’est changé en fœtus à moitié informe. Nous avons marqué le temps que vous deviez rester dans le sein de vos mères. Nous vous en retirons enfans. Vous parvenez à l’âge viril. Beaucoup meurent avant de l’avoir atteint. Quelques-uns arrivent à la décrépitude, et oublient tout ce qu’ils avaient appris. Considère la terre que la sécheresse a rendue stérile. Nous y versons la pluie. Son sein s’émeut, et elle produit toutes les plantes qui composent sa richesse et sa parure.

Ces merveilles s’opèrent, parce que Dieu est la vérité ; parce qu’il donne la vie aux morts, et que sa puissance embrasse l’univers.

L’heure viendra ; on ne peut en douter. Dieu ranimera les cendres qui sont dans les tombeaux.

La plupart disputent de Dieu, sans être éclairés du flambeau de la science, et sans l’autorité d’aucun livre fameux.

Ils détournent orgueilleusement la tête, pour écarter leurs semblables de la vraie voie. Ils seront couverts d’ignominie dans ce monde, et nous leur ferons éprouver, au jour de la résurrection, le tourment du feu.

Tel sera le prix de leurs crimes. Dieu ne trompe point ses serviteurs.

Il en est qui, peu fermes dans la foi, s’y attachent dans la prospérité, et l’abandonnent au moindre souffle de la tentation. Ils perdent ainsi les biens du monde et ceux de la vie future. Malheur irréparable !

Ils adorent des divinités qui ne peuvent les assister, ni leur nuire. Aveuglement déplorable !

Ils invoquent des dieux qui leur seront funestes plutôt que favorables. Malheur au patron ! Malheur à l’adorateur !

Dieu introduira les croyans vertueux dans des jardins arrosés par des fleuves. Il fait ce qu’il lui plaît.

Que celui qui pense que le prophète sera privé du secours divin dans ce monde et dans l’autre, attache une corde au toit de sa maison, et s’étrangle. Il verra si son stratagème rendra vain ce qui l’irrite.

Nous avons envoyé le Coran du ciel. Il est le dépôt de la vraie religion ; mais le Seigneur éclaire ceux qu’il veut.

Au jour de la résurrection il jugera les croyans, les juifs, les sabéens, les chrétiens, les mages et les idolâtres, parce qu’il est témoin de toutes choses.

Ne vois-tu pas que tout ce qui est dans les cieux et sur la terre adore le Seigneur ; que le soleil, la lune, les étoiles, les arbres, les animaux et les hommes l’adorent ? Mais beaucoup d’entre les mortels sont destinés aux supplices.

Celui que Dieu méprisera sera couvert de honte. Il fait ce qu’il lui plaît.

Les croyans et les incrédules disputent de Dieu ; mais les incrédules auront des habits de feu, et l’on versera sur leur tête l’eau bouillante.

Elle dévorera leur peau et leurs entrailles. Ils seront frappés avec des bâtons armés de fer.

Toutes les fois que la douleur les fera s’élancer des flammes, ils y seront replongés, et on leur dira : Goûtez la peine du feu.

Dieu introduira les croyans qui auront exercé la bienfaisance, dans des jardins où coulent des fleuves. Ils seront ornés de bracelets d’or enrichis de perles, et vêtus d’habits de soie ;

Parce qu’ils ont fait leur profession de foi, et qu’ils ont marché dans le chemin du salut.

Les infidèles qui écarteront les croyans du sentier de Dieu et du temple saint, que tous les hommes, soit étrangers, soit habitans de la Mecque, doivent visiter ;

Et ceux qui voudraient le profaner, éprouveront la rigueur de nos châtimens.

Lorsque nous donnâmes à Abraham l’emplacement[58] du temple de la Mecque, pour asile, nous lui recommandâmes de ne point y souffrir d’idole, et de le purifier pour les fidèles qui feront le tour de son enceinte, qui y prieront, et qui se courberont devant le Seigneur.

Annonce aux peuples le saint pèlerinage[59]. Qu’ils l’accomplissent à pied ou sur des chameaux. Qu’ils viennent des contrées les plus éloignées.

Ils verront combien ils en retireront d’avantages. Aux jours marqués, ils rendront grâces au Seigneur qui leur a permis de manger de la chair des troupeaux. Nourrissez-vous-en, et calmez la faim du pauvre.

Qu’ils quittent tout levain d’infidélité ; qu’ils accomplissent leurs vœux, et qu’ils fassent le tour de la maison antique[60].

Celui qui redoutera l’anathème du ciel lui sera agréable. Nourrissez-vous de tous les animaux qui ne vous sont point défendus. Fuyez l’abomination des idoles, et le mensonge.

Adorez l’unité de Dieu. Ne lui donnez point d’égal. L’idolâtre sera semblable à celui qui, précipité du ciel, devient la proie des oiseaux, ou est jeté dans un lieu désert.

Celui qui fera éclater sa magnificence dans les victimes qu’il offrira, donnera des marques de la piété de son cœur.

Servez-vous-en jusqu’au temps marqué. Immolez-les ensuite devant la maison antique[61].

Nous avons donné à chaque nation ses rites sacrés, pour remercier le Seigneur qui a multiplié les troupeaux utiles aux humains. Il n’y a qu’un Dieu. Embrassez l’islamisme. Annoncez la félicité aux humbles,

A ceux qui ne se rappellent le souvenir de Dieu qu’avec crainte, qui supportent avec constance les maux qui leur arrivent, qui font la prière et qui versent dans le sein des pauvres une portion des biens que nous leur avons départis.

Les chameaux doivent entrer dans l’hommage que vous rendez au Très-Haut. Vous en retirez des avantages multipliés. Invoquez le nom du Seigneur sur ceux que vous immolez. Qu’ils soient posés sur trois jambes, et liés par le pied gauche de devant. Lorsqu’ils auront été immolés, nourrissez-vous de leur chair, et en distribuez à tous ceux qui en demanderont. Dieu les a soumis à votre usage. Vous devez lui rendre grâce de ce bienfait.

Il ne reçoit ni la chair, ni le sang des victimes ; mais il agrée la piété de ceux qui les immolent. Nous faisons servir les animaux à votre usage, afin que vous glorifiez le Seigneur qui vous a éclairés. Annonce le bonheur à ceux qui exercent la bienfaisance.

Dieu détruira les piéges tendus au croyant. Il hait le fourbe et l’infidèle.

Il a permis à ceux qui ont reçu des outrages, de combattre, et il est puissant pour les défendre.

Ils ont été chassés de leurs maisons parce qu’ils ont professé la foi. Si Dieu n’eût opposé une partie des hommes à l’autre, les monastères, les églises des chrétiens, les synagogues et le temple de la Mecque auraient été détruits. C’est dans ces lieux saints qu’on célèbre les louanges du Très-Haut. Il aidera ceux qui combattront pour la foi, parce qu’il est fort et puissant.

Affermis par nos mains sur la terre, ils feront la prière, l’aumône ; ils exerceront la justice, et aboliront l’iniquité. Dieu est le terme de toutes choses.

S’ils t’accusent d’imposture, souviens-toi que les peuples de Noé, d’Aod, de Themod, d’Abraham, de Loth et de Madian, ont ainsi traité leurs prophètes. Moïse ne fut-il pas accusé de mensonge ? J’ai laissé vivre les pervers jusqu’au temps ; ensuite je les ai punis ; et mes fléaux ont été terribles.

Combien de villes criminelles avons-nous renversées ? Elles sont maintenant ensevelies sous leurs ruines. Combien de puits ont été abandonnés ? Combien de forteresses détruites ?

N’ont-ils jamais voyagé ? N’ont-ils pas un esprit pour comprendre, des oreilles pour attendre ? Leurs yeux ne sont point fermés à la lumière ; mais leurs cœurs sont aveugles.

Ils te presseront de hâter la vengeance céleste. Dieu ne rétracte point ses promesses. Un jour à ses yeux est comme mille ans aux vôtres.

Combien de cités pendant long-temps florissantes, ont été anéanties, à l’instant où elles sont devenues coupables ? Leurs habitans paraîtront devant moi.

Dis : ô mortels ! Je vous prêche la vérité.

L’indulgence, et une récompense magnifique, seront le partage des croyans vertueux.

Ceux qui s’efforceront d’abolir la doctrine du Coran, seront les victimes du feu.

Nous n’avons point envoyé de prophètes, que Satan n’ait mêlé des erreurs dans leur doctrine ; mais Dieu détruit ses artifices, et les préceptes divins restent dans leur pureté. Il est savant et sage.

Il fait servir les prestiges du tentateur, à l’aveuglement de ceux dont le cœur est endurci et gangrené. Les impies sont ensevelis dans de profondes ténèbres.

Ceux qui ont reçu la science, intimement persuadés que le Coran est la vérité éternelle, croient en lui. Leurs cœurs reposent tranquillement dans cette croyance, et Dieu les guide dans le chemin du salut.

Les infidèles ne cesseront de douter, qu’au moment où l’heure fatale les surprendra, et où ils verront les supplices du jour terrible.

Alors la balance sera dans les mains de Dieu. Il jugera entre les mortels. Les croyans qui auront exercé la bienfaisance, seront introduits dans les jardins de la volupté.

Une peine ignominieuse sera le prix des incrédules et de ceux qui auront blasphémé contre l’islamisme.

Martyrs de l’islamisme, ceux qui seront morts, ou qui auront été tués sous ses étendards, recevront des biens infinis. La libéralité de Dieu est sans bornes.

Il les introduira dans un séjour dont ils seront enchantés. Il est savant et doux.

Celui qui, après avoir usé de représailles envers l’infidèle, en recevra de nouvelles insultes, aura pour appui, le bras du Dieu clément et miséricordieux.

Il fait succéder la nuit au jour, et le jour à la nuit. Il sait et apprécie toutes choses.

Il est la vérité. Les autres dieux qu’on invoque ne sont que mensonge. Il est le Dieu grand, le Très-Haut.

Ne vois-tu pas que sa main abaisse les nuages qui versent la pluie, qu’aussitôt la terre se couvre de verdure ? Il est habile et prévoyant.

Il possède ce qui est dans les cieux et sur la terre. Il est riche, et sa louange est en lui-même.

Ne voyez-vous pas qu’il a soumis à votre usage tout ce que la terre contient, que le vaisseau fend les ondes à sa voix, qu’il soutient sur vos têtes le firmament, parce qu’il est clément et miséricordieux ?

C’est lui qui vous a donné la vie. C’est lui qui vous envoie la mort, et qui vous ressuscitera. O combien l’homme est ingrat !

Nous avons prescrit à chaque peuple ses rites sacrés. Qu’ils les observent, et qu’ils ne disputent point sur la religion. Appelle-les à Dieu. Tu es dans le chemin véritable.

S’ils disputent, dis-leur : Dieu connaît vos actions.

Il jugera vos différens au jour de la résurrection.

Ignorez-vous que la science de Dieu embrasse l’étendue des cieux et de la terre ? Tout est écrit dans le livre. Tout est facile au Très-Haut.

Le culte qu’ils rendent aux idoles, n’est point autorisé du ciel. Ils n’ont point la science pour guide. Un jour ils seront sans protecteur.

Lorsqu’on récite les versets du Coran, on voit l’indignation peinte sur le front des infidèles. Ils sont prêts à se jeter sur le lecteur. Dis : vous annoncerai-je quelque chose de plus terrible ? C’est le feu de l’enfer que Dieu a promis aux incrédules. Malheur à ceux qui y seront précipités !

O idolâtres ! écoutez cette parabole. Les dieux que vous servez ne sauraient créer une mouche. En vain réuniraient-ils leurs efforts ; et si ce faible insecte ravit une parcelle de ce que vous leur offrez, il leur est impossible de la reprendre. L’adorateur et l’idole sont également impuissans.

Ils n’ont pas porté de Dieu un jugement équitable. Il est puissant et dominateur.

Il choisit ses ministres parmi les anges et les hommes. Il apprécie tout.

Il connaît le passé et l’avenir. Il est le terme de toutes choses.

O croyans ! courbez-vous, servez, adorez le Seigneur ; faites le bien, et vous serez heureux.

Combattez avec courage sous les étendards de Dieu. Vous êtes ses élus. Il ne vous a rien commandé de difficile dans votre religion. C’est la foi de votre père Abraham que vous professez. C’est lui qui vous nomma musulmans.

Le Coran vous confirme ce titre glorieux. Mon envoyé sera témoin contre vous, au jour de la résurrection. Vous porterez témoignage contre le genre humain. Accomplissez la prière. Faites l’aumône. Soyez inébranlables dans la foi. Dieu est votre maître. Courage au serviteur, et louange au patron !





LES FIDÈLES.


donné à la mecque, composé de 118 versets
______
Au nom de Dieu clément et miséricordieux.


Le bonheur est assuré aux croyans,

A ceux qui font la prière avec humilité,

Qui évitent toute parole déshonnête,

Qui observent le précepte de l’aumône,

Qui gardent les lois de la chasteté,

Et qui bornent leurs jouissances à leurs femmes et à leurs esclaves.

Celui qui porte ses désirs au delà est prévaricateur.

Ceux qui gardent fidèlement leurs sermens et leurs traités,

Qui font la prière avec zèle,

Seront les héritiers du paradis.

Ils y demeureront éternellement.

Nous créâmes l’homme du pur limon de la terre.

Sperme, nous le déposons dans un lieu sûr.

Nous le transformons en sang coagulé, ce sang en fœtus, dont nous formons des os recouverts de chair. Nous accomplissons notre création en l’animant. Béni soit le Dieu créateur !

L’homme subira la mort.

Il ressuscitera au jour de la résurrection.

Avant de le former, nous avions élevé les sept cieux. Nous ne négligeons point le soin de nos créatures.

Nous faisons tomber l’eau des nuages avec mesure. Nous la laissons séjourner dans la terre. Nous pourrions à notre gré la faire disparaître.

La pluie fait croître dans vos jardins le palmier et la vigne ; elle fait éclore tous les fruits qui vous servent de nourriture.

Elle fait croître l’arbre du mont Sinaï, dont on tire l’huile, qui colore ceux qui s’en nourrissent.

Les animaux sont pour vous un sujet d’instruction. Leur lait vous offre un breuvage, leur chair un aliment. Vous en retirez beaucoup d’autres avantages.

Ils vous portent sur la terre, comme le vaisseau sur les mers.

Noé, notre ministre, dit à son peuple : Servez le Seigneur. Vous n’avez point d’autre Dieu que lui. Ne le craindrez-vous donc pas ?

Noé n’est qu’un homme comme vous, dirent les grands voués à l’infidélité : il veut dominer parmi vous. Si le ciel eût voulu nous éclairer, il nous aurait envoyé des anges. L’histoire de nos pères ne nous offre rien de semblable.

C’est un insensé. Enfermons-le pendant quelque temps.

Seigneur, s’écria Noé, protége-moi contre ceux qui m’accusent de mensonge.

Nous lui inspirâmes de construire un vaisseau sous nos yeux, et suivant nos ordres, et lorsque l’arrêt eut été prononcé, et que la vengance fut prête,

Nous lui dîmes : Fais entrer dans l’arche un couple de chaque espèce d’animaux, et ta famille, excepté celui dont le sort est arrêté. Ne nous implore point pour les pervers. Ils vont périr dans les eaux.

Lorsque tu entreras dans l’arche avec ta famille, publie les louanges de Dieu qui t’a délivré des mains des méchans.

Lorsque vous en descendrez, adresse-lui cette prière : Seigneur, ô toi qui es le meilleur des guides, daigne bénir notre sortie !

Le déluge fut un signe de la puissance divine. Il fit périr le peuple de Noé.

Nous établîmes sur ses ruines une autre nation.

Nous leur envoyâmes un prophète choisi, parmi eux. Il leur dit : servez le Seigneur, il n’y a point d’autre Dieu que lui. Ne le craindrez-vous donc pas ?

Les premiers du peuple, que nous avions comblés de richesses, étaient infidèles, et niaient la résurrection. Cet envoyé, dirent-ils, est un homme semblable à vous, Il boit et mange comme vous.

Si vous obéissez à la voix d’un mortel qui vous ressemble, votre perte est certaine.

Il vous flatte qu’après votre mort, lorsque vos corps ne seront plus qu’un amas d’os et de poussière, vous reviendrez à la vie.

Rejetez, rejetez cette vaine promesse.

Il n’y a point d’autre vie que celle dont nous jouissons. Nous naissons, nous mourons, et nous ne ressuscitons point.

Cet homme n’est qu’un imposteur qui prête à Dieu un mensonge. Nous ne croirons point sa doctrine.

Seigneur, s’écria le prophète, lave-moi du crime dont on m’accuse.

Encore quelques instans, répondit le Seigneur, et ils seront livrés au repentir.

Le cri de l’ange exterminateur se fit entendre, et semblables aux germes desséchés, les incrédules furent anéantis. Loin de Dieu les impies !

Nous établîmes d’autres peuples sur les débris de leur empire.

Les nations ne sauraient reculer ni avancer l’instant de leur destruction.

Nous avons envoyé successivement nos ministres. Chaque nation a nié la mission de son apôtre. Elles ont disparu les unes après les autres. Nous avons apporté un livre nouveau. Loin de nous ceux qui n’y croiront pas !

Nous chargeâmes Moïse et son frère Aaron de prêcher nos commandemens, et nous leur donnâmes la puissance des miracles.

Ils se présentèrent devant Pharaon et les seigneurs de sa cour, qui, enivrés de leur puissance, rejetèrent notre doctrine.

Croirons-nous, disaient-ils, à deux hommes semblables à nous, dont nous tenons le peuple en esclavage ?

Ils traitèrent nos ministres d’imposteurs, et ils périrent.

Nous donnâmes à Moïse un livre pour conduire les Israélites.

Nous offrîmes Jésus et sa mère à l’admiration de l’univers. Nous les avons enlevés dans un séjour qu’habite la paix, et où coule une eau pure.

Prophètes du Seigneur, nourrissez-vous d’alimens purs ; pratiquez la vertu ; je suis le témoin de vos actions.

Votre religion est une. Je suis votre Dieu. Craignez-moi.

Les peuples se sont divisés en différentes sectes, et chacune est contente de sa croyance.

Laisse-les dans leurs erreurs jusqu’au temps.

Pensent-ils que les richesses et les enfans que nous leur avons donnés,

Soient un bienfait garant de leur bonheur ? Ils se trompent, et ils ne le sentent pas.

Ceux que la crainte de Dieu rend circonspects,

Ceux qui croient à ses commandemens,

Ceux qui ne lui donnent point d’égal,

Ceux qui font l’aumône, et que la pensée du jugement tient dans la crainte,

Ceux-là, animés par un saint zèle, devancent les autres dans la voie du salut.

Nous n’exigerons de chacun que suivant ses forces. Nous possédons le livre de la vérité. Personne n’éprouvera d’injustice.

Ceux qui ignorent cette doctrine, ceux dont les œuvres n’ont point la vertu pour objet, resteront dans leur aveuglement.

Jusqu’au temps où les plus puissans d’entre eux éprouvant notre vengeance, crieront tumultueusement.

On leur dira : Calmez vos clameurs ; aujourd’hui vous n’avez plus de secours à attendre.

On vous a lu mes préceptes, et vous êtes retournés sur vos pas.

Aveuglés par l’orgueil, vous, profériez vos discours criminels, dans l’ombre de la nuit.

Ont-ils considéré attentivement la doctrine du Coran ? Renferme-t-il d’autres commandemens que ceux qui ont été prescrits à leurs pères ?

Ne connaissent-ils pas leur apôtre ? et ils nient la vérité de sa mission !

Diront-ils qu’il est inspiré par Satan ? Il est venu leur prêcher la vérité, et la plupart d’entre eux l’abhorrent.

Si la vérité eût suivi leurs désirs, la corruption aurait gagné le ciel, la terre, et tout ce qu’ils renferment. Nous leur avons apporté le livre de l’instruction, et ils le rejettent avec mépris.

Leur demanderas-tu le prix de ton zèle ? Ta récompense est dans les mains de Dieu. Nul ne sait mieux récompenser que lui.

Ta voix les appelle au chemin du salut,

Dont s’écartent ceux qui ne croient point à la vie future.

Si la pitié nous eût fait leur prédire les maux qu’ils allaient éprouver, ils n’en auraient été que plus opiniâtres dans leur égarement.

Nous leur avons envoyé des disgrâces passagères. Ils ne se sont point humiliés, et n’ont point adressé au Seigneur d’humbles prières.

Mais lorsque nous avons ouvert sur eux la porte du malheur, ils se sont abandonnés au désespoir.

C’est Dieu qui vous a donné l’ouïe, la vue, et un cœur pour sentir. Combien peu reconnaissent ces bienfaits !

Il vous a mis sur la terre. Il vous rassemblera devant son tribunal.

C’est lui qui fait vivre et mourir ; c’est lui qui a établi la vicissitude de la nuit et du jour ; ne le comprenez-vous pas ?

Loin d’ouvrir les yeux, ils répètent ce qu’ont dit leurs pères :

Quand nous serons morts, et qu’il ne restera de notre être qu’un amas d’os et de poussière, serons-nous ranimés de nouveau ?

On berça nos pères de cette espérance. On nous en flatte de même ; mais ce n’est qu’un vain songe de l’antiquité.

Demandez-leur : A qui appartient la terre, et ce qu’elle contient ? Le savez-vous ?

Ils répondent : Elle appartient à Dieu. N’ouvriront-ils donc point les yeux ?

Demande-leur : Qui est le souverain des sept cieux, et du trône sublime ?

C’est Dieu, répondent-ils. Ne le craindront-ils donc point ?

Demande-leur : Qui tient les rênes de l’univers ? Quel est celui qui protège et qui n’est point protégé ? Le savez-vous ?

Dieu, répondent-ils. Dis-leur : Vos yeux seront-ils donc toujours fermés à la lumière ?

Nous leur avons apporté la vérité, et ils persistent dans le mensonge.

Dieu n’a point de fils. Il ne partage point l’empire avec un autre Dieu. S’il en était ainsi, chacun d’eux voudrait s’approprier sa création, et s’élever au-dessus de son rival. Louange au Très-Haut ! Loin de lui ces blasphèmes !

Son œil perce dans l’ombre du mystère. Il voit tout. Anathème aux idoles !

Dis : Seigneur, fais-moi voir les tourmens que tu leur prépares,

Ne me confonds pas avec les pervers.

Nous pouvons te montrer les supplices destinés aux méchans.

Oublie le mal qu’ils t’ont fait. Nous connaissons leurs discours.

Dis : Seigneur, tu es mon refuge contre les tentations de Satan.

Défends-moi contre ses desseins.

Quand l’impie subit la mort, il s’écrie : Seigneur, laisse-moi retourner sur la terre.

Je ferai le bien, dans l’espace de temps que tu m’accorderas. Ces vains souhaits sont rejetés. Une barrière impénétrable l’arrête jusqu’au jour de la résurrection.

Lorsque la trompette sonnera, tous les liens du sang seront brisés. On ne s’interrogera plus.

Ceux dont la balance penchera, jouiront de la félicité.

Ceux pour qui elle sera légère, auront trahi leur âme, et demeureront éternellement dans l’enfer.

Le feu dévorera leur visage, et leurs lèvres se retireront.

Ne vous a-t-on pas lu ma doctrine ? Et vous l’avez accusée de fausseté !

Seigneur, répondront-ils : Le malheur a prévalu sur nous ; nous étions dans l’aveuglement.

Délivre-nous des flammes. Si nous retournons à l’erreur, nous mériterons de périr.

Restez-y couvert d’opprobre, dira Dieu, et ne m’adressez plus vos plaintes.

Une partie de mes serviteurs s’écriaient : Seigneur, nous croyons. Pardonne-nous. Aie pitié de nous. Ta miséricorde est infinie,

Vous avez insulté à leur piété jusqu’à ce qu’ils aient cessé de vous rappeler mon souvenir, et vous vous êtes joués de leur crédulité.

J’ai récompensé aujourd’hui leur constance. Ils possèdent le bonheur suprême.

On leur demandera : Combien de temps êtes-vous restés sur la terre ?

Un jour, ou moins encore, répondront-ils ; interrogez ceux qui comptent.

On ajoutera : Vous ne l’avez habitée que peu de temps, et vous l’ignorez encore.

Avez-vous pu croire que nous vous avions créés en vain, que vous ne paraîtriez plus devant nous ? Gloire soit au Très-Haut ! il est le roi véritable, le Dieu unique, et le souverain du trône glorieux.

Celui qui donne un égal à l’Éternel ne saurait justifier sa croyance. Il lui rendra compte de son impiété. Le bonheur ne sera point le partage des idolâtres.

Dis : Seigneur, pardonne-nous. Aie compassion de nous. Ta miséricorde est sans bornes.





LA LUMIÈRE.


donné à médine, composé de 64 versets
______
Au nom de Dieu clément et miséricordieux.


Nous avons envoyé ce chapitre du ciel. Il contient la sanction de nos lois, et des signes dont l’évidence doit vous déssiller les yeux.

Les impudiques des deux sexes seront punis de cent coups de fouets. C’est le jugement de Dieu. Vous n’aurez pour eux aucune commisération, si vous croyez en lui, et au jour dernier. Que quelques fidèles soient témoins de leur châtiment.

Un homme débauché ne pourra épouser qu’une femme de son espèce, ou une idolâtre. Une fille débauchée ne se mariera qu’à un impudique, ou à un idolâtre. Ces alliances sont interdites aux fidèles.

Ceux qui accuseront d’adultère une femme vertueuse, sans pouvoir produire quatre témoins, seront punis de quatre-vingts coups de fouet. Déclarés infâmes, ils ne seront plus reçus en témoignage.

Ceux qui, touchés de repentir, retourneront à la vertu, auront lieu d’espérer la miséricorde divine.

Les maris qui, sur le seul témoignage, accuseront leurs femmes d’adultère, jureront quatre fois, par le nom de Dieu, qu’ils disent la vérité.

Le cinquième serment sera une imprécation sur eux-mêmes, s’ils sont parjures.

La femme se délivrera du châtiment, en jurant quatre fois, par le nom de Dieu, que le crime dont on l’accuse est faux.

Au cinquième serment, elle invoquera sur elle la vengeance céleste, si elle n’est pas innocente.

Si le Dieu clément et sage ne faisait éclater sa miséricorde pour vous, il punirait à l’instant le parjure.

Ne croyez pas que le crime du menteur retombe sur vous ; il ne vous en reviendra aucun préjudice. Personne ne sera puni que du mal qu’il aura fait. Le scélérat, chargé de forfaits, sera dévoué à l’horreur des supplices.

Lorsque vous avez entendu l’accusation[62], les fidèles des deux sexes n’ont-ils pas pensé intérieurement, ce qu’il était juste de croire ! N’ont-ils pas dit : Voilà un mensonge impudent !

Les accusateurs ont-ils produit quatre témoins ? Et s’ils n’ont pu les faire paraître, n’ont-ils pas proféré de faux sermens ?

Si la miséricorde et la bonté divine ne veillaient sur vous, ce mensonge eût attiré sur vos têtes un châtiment épouvantable. Il a passé de bouche en bouche. Vous avez répété ce que vous ignoriez, et vous avez regardé une calomnie comme une faute légère, et c’est un crime aux yeux de l’Éternel.

Avez-vous dit, lorsqu’on vous a fait ce rapport : il ne nous regarde point. Louange à Dieu ! C’est une fausseté évidente.

Dieu vous défend de retomber jamais dans une faute semblable, si vous êtes fidèles.

Il vous dévoile sa religion. Il est savant et sage.

Ceux qui prennent plaisir à publier les faiblesses des croyans, subiront un supplice affreux.

Ils seront punis dans ce monde et dans l’autre. Dieu sait et vous ne savez pas.

Rendez grâces à la bonté et à la miséricorde divine.

O croyans ! ne suivez pas les traces de Satan. Il commande à ceux qu’il a séduits, l’iniquité et l’infamie. Si la miséricorde divine ne veillait sur ses créatures, aucun de vous n’eût conservé son innocence. Dieu préserve du vice ses élus. Il sait et entend tout.

Que le riche et le puissant ne jurent jamais de ne faire aucune largesse à leurs parens, aux pauvres, et à ceux qui s’expatrient pour la défense de la foi. Qu’ils ressentent pour eux de la commisération. Qu’ils soient bienfaisans. Ne désirent-ils pas eux-mêmes, les faveurs du ciel ? Le Seigneur est clément et miséricordieux.

Ceux qui accusent faussement des femmes sages, humbles et fidèles, seront maudits dans ce monde et dans l’autre, et livrés à la rigueur des tourmens.

Un jour, leurs langues, leurs mains et leurs pieds témoigneront contre eux.

Dieu leur rendra, suivant leurs œuvres, et ils sauront qu’il est la vérité immuable.

Les femmes corrompues, et les hommes corrompus, les femmes vertueuses, et les hommes vertueux sont faits pour être unis ensemble. Ceux-ci doivent être à l’abri de la calomnie. C’est pour eux que Dieu est indulgent ; c’est pour eux qu’il fera éclater sa magnificence.

O croyans ! N’entrez pas dans une maison étrangère sans demander permission, et sans saluer ceux qui l’habitent. L’honnêteté l’exige, et vous ne devez pas l’oublier.

Quand même il n’y aurait personne, n’y entrez point qu’on ne vous l’ait permis, et si l’on vous refuse retournez-vous sur vos pas. L’équité le demande. Dieu connaît vos actions.

Mais vous pouvez entrer librement dans les édifices publics, qui vous sont de quelque utilité. Dieu sait ce que vous cachez et ce que vous produisez au grand jour.

Commande aux fidèles de contenir la licence de leurs regards et d’être chastes. Ils en seront plus purs. Dieu est le témoin des actions.

Ordonne aux femmes de baisser les yeux, de conserver leur pureté, et de ne montrer de leur corps que ce qui doit paraître. Qu’elles aient le sein couvert[63]. Qu’elles ne laissent voir leur visage qu’à leurs maris, leurs pères, leurs grands-pères, leurs enfans, aux enfans de leurs maris, à leurs frères, leurs neveux, leurs femmes, leurs esclaves, leurs serviteurs (excepté ceux qui ne leur sont pas d’une absolue nécessité), et aux enfans qui ne savent pas ce qu’on doit couvrir. Qu’elles n’agitent point les pieds de manière à laisser apercevoir des charmes qui doivent être voilés. O fidèles ! Tournez vos cœurs vers le Seigneur, afin que vous soyez heureux.

Épousez des filles fidèles. Mariez les plus sages de vos serviteurs et de vos esclaves. S’ils sont pauvres, Dieu les enrichira. Il est libéral et savant.

Que ceux que l’indigence éloigne du mariage, vivent dans la continence, jusqu’à ce que le ciel leur ait donné des richesses. Accordez à vos esclaves fidèles l’écrit qui assure leur liberté, lorsqu’ils vous le demanderont. Donnez-leur une partie de vos biens. Ne forcez point vos femmes esclaves à se prostituer pour un vil salaire, si elles veulent vivre dans la chasteté. Si vous les y contraignez, Dieu leur pardonnera à cause de la violence que vous leur aurez faite.

Nous avons envoyé du ciel des préceptes clairs, semblables à ceux que nous donnâmes aux anciens. Ils serviront d’instruction à ceux qui craignent le Seigneur.

Dieu est la lumière des cieux et de la terre. Il éclaire comme la lampe allumée dans le verre, et dont l’éclat ressemble à celui d’une étoile. Sa lumière vient de l’arbre béni, de cet olivier qui n’est ni de l’orient, ni de l’occident ; dont l’huile s’enflamme à la moindre approche du feu, et produit des rayons toujours renaissans. Par elle il conduit ceux qu’il lui plaît. Il offre des paraboles aux hommes pour les instruire. Sa science est infinie.

Dieu vous a permis d’exalter son nom dans les temples, d’y rappeler son souvenir, et de l’y louer, le matin et le soir.

Mortels, que le commerce et le soin de vos affaires, ne vous fassent point oublier le souvenir de Dieu. Faites la prière et l’aumône. Craignez le jour où les cœurs et les yeux seront dans la consternation.

Il vous donnera le prix fortuné de vos mérites. Il vous comblera de ses bienfaits. Il les dispense à son gré, et sans compte.

Les œuvres de l’infidèle ressemblent à la vapeur qui s’élève dans le désert ; le voyageur altéré y court chercher de l’eau, et lorsqu’il s’en est approché, l’illusion a disparu. Dieu rendra aux pervers suivant leurs mérites. Il est exact dans ses comptes.

Les œuvres de l’infidèle sont encore semblables aux ténèbres qui reposent dans les abîmes de la mer, couvertes de flots entassés, et de l’obscurité des nuages, ténèbres si épaisses que l’homme qui y serait plongé, aurait peine à voir son bras étendu. Celui à qui Dieu refuse la lumière est aveugle.

Ne voyez-vous pas que les cieux et la terre s’unissent pour publier les louanges de l’Éternel ? Les oiseaux dans les bois les célèbrent à leur manière. Tous les êtres créés connaissent l’hommage qu’ils lui doivent, et il sait ce qu’ils font.

Le domaine des cieux et de la terre lui appartient. Il est le terme où tout se doit réunir.

N’avez-vous pas vu comme il agite légèrement les nuages, comme il les pousse dans les airs, les rassemble, les entasse ? Alors la pluie tombe de leur sein entr’ouvert ; alors des montagnes semblent descendre des cieux. La grêle frappe où il veut. Il la détourne à son gré, et l’éclat de la foudre éblouit les faibles yeux des mortels.

La succession du jour et de la nuit est son ouvrage. C’est un prodige pour ceux qui voient. Il a formé d’eau tous les animaux. Les uns rampent sur la terre, les uns marchent sur deux pieds, les autres sur quatre. Il crée ce qu’il veut, parce que rien ne limite sa puissance.

Nous dévoilons ces merveilles à vos yeux, et le Seigneur dirige ses élus au chemin du salut.

Ils assurent qu’ils croient en Dieu et en son apôtre. Vains sermens. La plupart retournent à leurs erreurs, et n’ont point la foi.

Après en avoir appelé au jugement de Dieu et du prophète, le plus grand nombre est retombé dans l’infidélité.

Si la vérité était leur guide, ils se hâteraient de venir à lui.

Leur cœur est-il corrompu ? Doutent-ils ? Craignent-ils que Dieu et le prophète ne les trompent ? Ne sont-ils pas injustes ?

Lorsque les fidèles en appellent au jugement de Dieu et de son ministre, ils disent : Nous avons entendu, et nous obéissons. Ils jouiront du bonheur suprême.

Quiconque est docile à la voix de Dieu et du prophète, quiconque nourrit dans son cœur la crainte et la piété, sera sauvé.

Ils ont juré par le nom de Dieu, le plus saint des sermens, que, si tu leur en avais donné l’ordre, ils auraient marché au combat. Dis-leur : Ne jurez point. Votre obéissance est juste. Le Tout-Puissant pèse vos actions.

Dis-leur : Soyez soumis à Dieu et au prophète. Si vous êtes rebelles, il ne répond que de ses œuvres. Vous répondrez des vôtres. La lumière sera le prix de votre soumission. Son ministère se borne à vous exhorter au bien.

Dieu a promis à ceux qui croiront, et qui exerceront la bienfaisance, de leur accorder un empire florissant, comme il l’a accordé à ceux qui les ont précédés, d’affermir la religion qu’ils chérissent, de dissiper leurs alarmes, et d’assurer leur tranquillité. Servez-moi. Ne me donnez point d’égal. Ceux qui, après ces avertissemens, persisteront dans l’incrédulité, seront prévaricateurs.

Faites la prière et l’aumône. Obéissez à votre apôtre, afin que vous jouissiez des faveurs du ciel.

L’infidèle n’aura point sur la terre d’abri contre notre vengeance, et les flammes seront son habitation. Malheur à ceux qui y seront précipités !

O croyans ! vos serviteurs, vos esclaves et ceux qui ne sont pas parvenus à l’âge de puberté, vous demanderont la permission de paraître devant vous[64], avant la prière de l’aurore, à midi lorsque vous quittez vos habits, et après la prière du soir. Il leur sera permis de se présenter devant vous dans d’autres momens, si quelque service exige leur présence. Dieu vous déclare ses volontés. Il est savant et sage.

Vos enfans parvenus à l’âge viril, vous demanderont la même faveur, ainsi que vous le pratiquâtes envers vos pères. Le Seigneur vous dévoile ses préceptes. Il est savant et sage.

Les femmes âgées incapables de mariage, pourront quitter leurs voiles, pourvu qu’elles n’affectent pas de se montrer. Elles feront mieux de ne point user de cette permission. Dieu sait et entend tout.

Il est permis à l’aveugle, au malade, aux boiteux et à vous de manger dans la maison de vos enfans, dans celle de vos pères, de vos mères, de vos frères, de vos sœurs, de vos oncles, de vos tantes, de vos pupilles et de vos amis, ensemble ou séparément.

Saluez-vous mutuellement ; souhaitez-vous les bénédictions du ciel lorsque vous entrez dans une maison. Dieu vous explique sa doctrine afin que vous compreniez.

Les fidèles sont ceux qui croient en Dieu et à son ministre. Lorsque quelqu’affaire les rassemble dans ta maison, ils ne doivent point sortir de ta présence, sans t’en avoir demandé la permission. Ceux qui te font cette demande sont les vrais croyans. S’ils sollicitent quelque grâce, accorde-la à celui que tu en jugeras le plus digne. Implore pour eux l’indulgence du Seigneur. Il est clément et miséricordieux.

Ne parlez pas au prophète avec la familiarité dont vous usez entre vous. Dieu connaît ceux qui se retirent de l’assemblée en secret. Que ceux qui résistent à ses ordres tremblent. Les maux et les supplices sont prêts à fondre sur eux.

Dieu ne possède-t-il pas ce qui est dans les cieux et sur la terre ? Il connaît l’état où vous êtes. Un jour vous paraîtrez devant lui. Il vous montrera vos actions, parce que sa science est sans bornes.




CHAPITRE XXV.


LE CORAN.


donné à la mecque, composé de 77 versets
______
Au nom de Dieu clément et miséricordieux.


Béni soit celui qui a envoyé du ciel le Coran, à son serviteur, pour prêcher la foi aux hommes.

L’empire des cieux et de la terre est dans ses mains. Il n’a point de fils. Il ne partage avec aucun être le gouvernement de l’univers. Il a tiré du néant tout ce qui existe, et il en fait subsister l’harmonie.

L’idolâtre adore des divinités impuissantes. Elles ne peuvent rien créer. Elles-mêmes ont été tirées du néant.

Incapables du bien et du mal, elles n’ont aucun droit à la vie, à la mort et à la résurrection.

Ce livre, disent les infidèles, n’est qu’une imposture. Mahomet en est l’auteur. D’autres hommes l’ont aidé. Ces discours ne sont appuyés que sur l’iniquité et le mensonge.

Ce n’est, ajoutent-ils, qu’un amas des fables de l’antiquité qu’il a recueillies, et qu’on lui lit le matin et le soir.

Réponds-leur : Celui qui sait les secrets du ciel et de la terre a envoyé le Coran. Il est indulgent et miséricordieux.

Quel est cet apôtre, disent-ils ? Il boit et mange comme nous. Il se promène dans les places publiques. Un ange est-il descendu du ciel pour l’inspirer ?

Nous a-t-il montré un trésor ? A-t-il produit un jardin orné de fruits ? Suivrons-nous un imposteur trompé par des prestiges ?

Vois à quoi ils te comparent. Ils sont dans l’aveuglement. Ils ne retrouveront plus la lumière.

Béni soit celui qui peut te donner des biens plus précieux, des jardins arrosés par des fleuves, et ornés de palais magnifiques.

Ils ont nié la résurrection. Le feu sera le prix de leur incrédulité.

A leur approche il redoublera d’ardeur, et ils entendront mugir les flammes dévorantes.

On les en retirera, pour les jeter chargés de chaînes dans un cachot étroit, où ils invoqueront la mort.

N’en appelez pas une seulement, leur dira-t-on : Appelez tous les genres de mort.

Demande-leur lequel est préférable de l’enfer, ou du paradis promis aux justes avec la félicité ?

Dans le séjour éternel, tous les vœux seront comblés. Les justes ont droit d’exiger de Dieu l’accomplissement de ses promesses.

Un jour il rassemblera les idolâtres, et demandera à leurs dieux : Est-ce vous qui avez égaré mes serviteurs, ou se sont-ils livrés d’eux-mêmes à l’erreur ?

Seigneur, répondront-ils, ton nom soit glorifié ! Nous ne pouvions rechercher d’autre protection que la tienne. Les richesses dont tu les as comblés eux et leurs pères, leur ont fait oublier ton souvenir, et ils ont couru à leur perte.

Il dira aux idolâtres : Vos divinités vous accusent de mensonge. Elles ne sauraient ni protéger ni nuire.

Quiconque de vous a vécu dans l’impiété, va subir un supplice douloureux.

Les apôtres qui t’ont précédé se nourrissaient comme les autres hommes, et marchaient dans les places publiques. Nous vous éprouvons les uns par les autres. Serez-vous constans ? Dieu est témoin.

Ceux qui nient la résurrection ont dit : Nous ne croirons point, à moins qu’un ange ne descende du ciel, ou que nous ne voyons Dieu. Ils se sont abandonnés à l’orgueil et à des excès inouïs.

Le jour où les anges paraîtront devant eux, ils ne leur apporteront point d’agréables nouvelles. Les infidèles crieront : Où trouver un asile ?

Nous produirons leurs œuvres, et nous les réduirons en poussière.

Les hôtes du paradis jouiront des douceurs du repos, et auront un lieu délicieux pour dormir à midi[65].

Le jour où les cieux et les nuages s’ouvriront quand l’ange descendra,

L’empire appartiendra aux miséricordieux. Ce moment sera terrible pour les infidèles.

L’impie se mordra les doigts, et dira : Plût à Dieu que j’eusse suivi la voie tracée par le prophète !

Malheur à moi ? plût à Dieu que je n’eusse point eu des infidèles pour amis !

Ils m’ont fait abandonner l’islamisme qu’on m’avait prêché. Satan trahit l’homme.

Le prophète dira : Seigneur, mon peuple a abandonné la religion sainte.

Les scélérats sont les ennemis des ministres du Très-Haut ; mais sa protection est un bouclier puissant.

Les incrédules ont demandé si le Coran n’avait pas été envoyé dans un traité suivi. Nous l’avons fait descendre du ciel par versets et par chapitres, afin d’affermir ton cœur.

Toutes les fois qu’ils t’attaqueront avec des paraboles, nous t’en donnerons l’explication ; nous t’enverrons la vérité pour les combattre.

Ceux qui se seront le plus écartés du droit chemin, seront couchés sur le front dans l’enfer, et habiteront le séjour le plus déplorable.

Nous donnâmes le Pentateuque à Moïse. Nous lui donnâmes son frère Aaron pour conseiller.

Nous leur commandâmes d’aller trouver le peuple qui avait nié la vérité de notre religion, et nous l’exterminâmes.

Nous ensevelîmes dans les eaux le peuple de Noé qui accusait nos ministres d’imposture. Il sera un exemple effrayant pour l’univers. Des tourmens rigoureux sont préparés aux méchans.

Aod, Themod, les possesseurs de Rassi[66], et beaucoup d’autres nations

Écoutèrent sans fruit nos instructions, et ils périrent.

Les infidèles ont passé près de la ville sur laquelle nous fîmes tomber une pluie fatale. N’ont-ils pas vu ses ruines ? Mais ils ne croient point à la résurrection.

Lorsqu’ils t’aperçoivent, ils s’arment d’ironies. Est-ce là, disent-ils, l’envoyé du Très-Haut ?

Peu s’en est fallu qu’il ne nous ait fait abjurer le culte de nos dieux. Il fallait notre constance pour lui résister. Ils verront, à l’aspect des tourmens, qui de nous suivait le mauvais chemin.

Que t’en semble ? Seras-tu l’avocat de ceux qui ne connaissent d’autre divinité que leurs passions ?

Supposes-tu de l’intelligence à la plupart d’entre eux ? Ils ressemblent aux brutes, s’ils ne sont plus aveugles encore.

Considère comme la main de Dieu prolonge l’ombre. Il pourrait la rendre permanente. Le soleil est son indice.

Nous la resserrons avec facilité.

Dieu vous couvre du manteau de la nuit. Il l’a établie pour le repos. Le jour est destiné au mouvement.

Il envoie les vents, avant-coureurs de ses grâces, et fait descendre la pluie des cieux.

Par elle nous vivifions la terre stérile. Elle sert à désaltérer nos créatures, les animaux et les hommes.

Nous la versons sur leurs campagnes afin qu’ils se souviennent de nos bienfaits ; mais la plupart oublient tout, excepté d’être ingrats.

Si nous avions voulu, nous aurions envoyé un apôtre dans chaque ville.

Ne cède point aux incrédules. Attaque-les fortement avec ce livre.

C’est le Tout-Puissant qui a rapproché deux mers, l’une d’eau douce, et l’autre d’eau salée. C’est lui qui a posé entre elles une barrière insurmontable.

C’est lui qui a créé d’eau les hommes, et qui a établi entre eux les liens du sang et de l’amitié. Sa puissance est infinie.

Ils servent des dieux incapables de bien et de mal. L’idolâtre se révolte contre son Seigneur.

Ton ministère se borne à la prédication de nos promesses et de nos menaces.

Je ne demande pour prix de mon zèle, que de vous voir marcher dans les voies du Seigneur.

Mettez votre confiance dans celui qui vit et qui ne mourra point. Publiez ses louanges. Il connaît les péchés de ses serviteurs. Il créa le ciel et la terre dans six jours, ensuite il s’assit sur son trône. Il est le miséricordieux. Interrogez celui qui possède la science.

Commandez-leur d’adorer le miséricordieux. Qui est le miséricordieux, répondent-ils ? L’adorerons-nous sur ta parole ? Leur impiété s’accroît.

Béni soit celui qui a placé au firmament les signes du Zodiaque, le flambeau des jours, et l’astre des nuits, signes manifestes de sa puissance.

Il a établi la succession de la nuit et du jour, pour celui qui réfléchit à ces merveilles, et qui en est reconnaissant.

Les serviteurs du miséricordieux sont ceux qui, marchant avec modestie, répondent avec bonté à l’ignorant qui leur parle ;

Qui passent la nuit à adorer le Seigneur, prosternés ou debout ;

Qui disent : Seigneur, éloigne de nous les peines de l’enfer, qui tourmentent sans relâche, en quelque posture qu’on soit ;

Qui, dans leurs largesses, ne sont ni prodigues ni avares, mais économes ;

Et qui, adorateurs d’un Dieu unique, ne transgressent point le précepte divin, qui défend le meurtre et l’adultère. Celui qui s’en rendra coupable portera la peine de son iniquité ;

On augmentera pour lui la rigueur des supplices au jour de la résurrection. Il sera couvert d’un éternel opprobre.

Au lieu des maux qui l’attendaient, le pécheur converti qui croira, qui pratiquera la vertu, jouira de la félicité, parce que Dieu est clément et miséricordieux.

Pénétré d’un vrai repentir, il fera le bien, et sa conversion sera sincère.

Ceux qui ne portent point de faux témoignage, et qui conservent leur honnêteté au milieu des discours obscènes ;

Qui, lorsqu’on leur parle de la doctrine divine, ne sont ni sourds ni aveugles ;

Qui disent : Seigneur, donne-nous des femmes et des enfans dont l’aspect charme nos yeux et perpétue ta crainte en nos cœurs ;

Ceux-là seront élevés à un degré sublime, juste prix de leur constance. Ils y trouveront la salutation et la paix.

Ils habiteront éternellement le séjour de délices, également favorable pour reposer et pour marcher.

Dis : Peu importe à Dieu que vous ne l’invoquiez pas. Vous avez abjuré sa doctrine. Une peine permanente vous attend.





LES POÈTES.


donné à la mecque, composé de 228 versets
______
Au nom de Dieu clément et miséricordieux.


T. S. M. Ces caractères sont les signes du livre qui manifestent la vérité.

Leur incrédulité t’afflige.

Nous pourrions faire descendre des cieux un prodige devant lequel ils courberaient leurs fronts humiliés ;

Mais les avertissemens que Dieu leur envoie ne servent qu’à les éloigner davantage de la foi.

Ils ont accusé l’islamisme de fausseté. Ils apprendront une nouvelle dont ils ne se moqueront point.

N’ont-ils pas promené leurs regards sur la terre ? N’ont-ils pas vu toutes les productions dont nous l’avons enrichie ?

Notre magnificence y brille de toutes parts ; mais la plupart n’ont point la foi.

Ton Seigneur est le dominateur, le miséricordieux.

Dieu appela Moïse, et lui dit : Va trouver un peuple coupable.

Va trouver Pharaon, ne me craindra-t-il point ?

Seigneur, répondit Moïse, j’appréhende qu’on ne me traite d’imposteur.

Mon cœur est dans la gêne, ma langue n’est point déliée, appelle mon frère Aaron.

Les Égyptiens ont un crime à me reprocher ; ils me mettront à mort.

Ne crains rien, reprit le Seigneur. Partez. Opérez des merveilles. Je serai avec vous et j’entendrai.

Ils se rendirent auprès de Pharaon et lui dirent : Nous sommes les ministres du souverain des mondes.

Laisse partir avec nous les enfans d’Israël.

Ne t’avons-nous pas nourri pendant ton enfance, dit le roi à Moïse ? N’as-tu pas vécu plusieurs années à ma cour ?

N’as-tu pas commis un meurtre ? Certainement tu es un ingrat.

Il est vrai, répondit Moïse, j’ai versé le sang d’un Égyptien, et j’ai été coupable.

La crainte m’a fait fuir du milieu de vous ; mais Dieu m’a accordé la sagesse, et m’a chargé de sa mission.

Les faveurs dont tu m’as comblé sont d’avoir réduit en esclavage les enfans d’Israël.

Quel est le souverain des mondes, lui demanda le roi ?

C’est, répondit Moïse, celui qui gouverne les cieux et la terre. Il domine dans l’immensité de l’espace. Croirez-vous ces vérités ?

L’avez-vous entendu, dit le prince à ceux qui l’environnaient ?

Il est votre Dieu, ajouta Moïse, et le Dieu de vos pères.

Celui qu’on vous a envoyé, reprit Pharaon, est un insensé.

Il est, continua le prophète, le souverain de l’orient, de l’occident, et de l’espace qui les sépare, si vous le comprenez.

Si tu adores, dit le prince, d’autre Dieu que moi, je te ferai charger de fers.

Et si je fais briller des prodiges à tes yeux, répondit Moïse ?

Opères-en, ajouta le roi, si ta mission est véritable.

Moïse jeta sa baguette, et elle se changea en serpent.

Il tira sa main, et elle parut blanche à tous les spectateurs.

Le roi dit à ses courtisans : Cet homme est un mage habile.

Il veut vous chasser de votre pays par des enchantemens ; que me conseillez-vous ?

Arrêtez-le avec son frère, répondirent-ils, et envoyez des hérauts dans votre empire ;

Qu’ils amènent les plus fameux magiciens.

Tous vinrent au jour marqué.

Un héraut ayant crié : L’assemblée est-elle solennelle ?

Le peuple répondit : Nous nous déclarerons du parti des vainqueurs.

Les mages réunis dirent à Pharaon : Prince, pouvons-nous compter sur tes bienfaits, si nous remportons la victoire ?

Pharaon promit de les récompenser et de leur accorder sa faveur.

Moïse leur dit : Jetez ce que vous tenez à la main.

Ils jetèrent leurs cordes et leurs baguettes, et s’écrièrent : Par la puissance de Pharaon, nous serons victorieux.

Moïse jeta sa baguette, et elle dévora les autres changées en serpens.

Les mages prosternés s’écrièrent :

Nous croyons au souverain des mondes ;

Au Dieu de Moïse et d’Aaron.

Croirez-vous, dit le roi, sans ma permission ? Sans doute Moïse est plus habile que vous. Il vous a enseigné la magie ; mais vous verrez.

Je vous ferai couper les pieds et les mains, et vous serez crucifiés.

La mort, répondirent-ils, n’est point pour nous un malheur ; nous retournons au Dieu qui nous a créés.

Nous espérons qu’il pardonnera nos offenses ; nous avons été les premiers à embrasser la foi.

Nous commandâmes à Moïse de s’enfuir de nuit avec nos serviteurs, qui devaient être poursuivis.

Pharaon rassembla les troupes de son empire.

Les Israélites, dit-il, sont en petit nombre ;

Et s’ils sont irrités contre nous,

Nous formons une armée nombreuse et prête à combattre.

Nous portâmes les Égyptiens à quitter leurs jardins et leurs fontaines,

Leurs trésors et leurs habitations superbes,

Afin d’en faire hériter les enfans d’Israël.

Ils furent poursuivis dès le lever de l’aurore.

Lorsque les deux peuples furent en présence, les Hébreux dirent à Moïse : C’est fait de nous.

Calmez vos alarmes, répondit-il, le Dieu qui nous conduit est avec moi.

Nous lui ordonnâmes de frapper la mer de sa baguette. Les flots divisés laissèrent un chemin dont les côtés s’élevaient en montagnes.

Nous fîmes approcher les Égyptiens.

Nous sauvâmes Moïse et son peuple ;

Et nous ensevelîmes l’armée ennemie dans les eaux.

Leur ruine signala notre puissance. Mais la plupart n’ont point la foi.

Ton Dieu est le dominateur, le miséricordieux.

Récite-leur l’histoire d’Abraham.

Lorsqu’il demanda à son père et au peuple : Quels sont vos dieux ?

Nous adorons, répondirent-ils, des idoles, et nous leur rendons un hommage assidu.

Exaucent-elles vos vœux quand vous les invoquez ?

Leur devez-vous des faveurs ou des disgrâces ?

Nous avons trouvé, reprirent-ils, nos pères attachés à ce culte.

Que pensez-vous adorer ?

Que pensez-vous qu’adoraient vos pères ?

Que vos dieux soient mes ennemis. Le souverain des mondes,

Est le Dieu qui m’a créé et qui me conduit.

C’est lui qui me nourrit et qui me désaltère.

Lorsque je serai malade, c’est sa main qui me guérira.

C’est lui qui m’enverra la mort, et qui me ressuscitera.

Il est mon espérance. Il me pardonnera mes offenses, au jour du jugement.

Seigneur, donne-moi la sagesse et la justice ;

Fais que ma voix annonce la vérité à la race future ;

Donne-moi pour héritage le jardin de délices ;

Pardonne à mon père qui est dans l’erreur ;

Ne me couvre pas de honte au jour de la résurrection ;

Au jour où les richesses et les enfans seront inutiles,

Excepté à celui qui s’approchera de Dieu avec un cœur sincère.

La piété ouvrira les portes du paradis ;

Et les impies seront jetés dans l’enfer.

On leur demandera : Où sont vos dieux ?

Viendront-ils vous secourir et vous défendre ?

Eux et leurs adorateurs sont précipités dans les flammes.

Les légions de démons y seront rassemblées.

Les infidèles disputeront avec eux.

Certainement, diront-ils, nous étions dans un aveuglement funeste,

Lorsque nous vous avons égalés au souverain des mondes.

Des scélérats nous ont séduits,

Et nous n’avons plus de protecteurs ;

Plus d’amis touchés de notre sort.

Si nous retournions sur la terre, nous embrasserions l’islamisme.

Cette histoire offre des exemples frappans, mais la plupart n’ont point la foi.

Ton Dieu est le dominateur, le miséricordieux.

Le peuple de Noé nia la mission des ministres du Très-Haut.

Ne craindrez-vous point le Seigneur, leur répétait Noé ?

Je suis votre envoyé fidèle.

Craignez Dieu, et obéissez à ma voix.

Je ne vous demande point le prix de mon zèle ; ma récompense est dans les mains du souverain des mondes.

Craignez Dieu, et obéissez à ma voix.

Croirons-nous à ta mission, répondirent les impies ? Les plus vils du peuple sont tes seuls sectateurs.

J’ignore, reprit Noé, ce qu’ils sont.

Il n’appartient qu’à Dieu de sonder les cœurs. Le comprenez-vous ?

Éloignerai-je de moi les croyans ?

Je ne suis envoyé que pour prêcher la foi.

Si tu ne cesses tes prédications, lui répondit-on, tu seras lapidé.

Seigneur, s’écria Noé, mon peuple m’accuse d’imposture.

Juge-nous. Sauve-moi avec les fidèles.

Nous le sauvâmes avec les croyans dans l’arche remplie,

Et nous submergeâmes le reste des mortels :

Exemple terrible de la vengeance divine. Mais la plupart n’ont point la foi.

Ton Dieu est le dominateur, le miséricordieux.

Le peuple d’Aod nia la mission des ministres du Très-Haut.

Ne craindrez-vous point le Seigneur, leur criait Hod leur frère ?

Je suis votre envoyé fidèle.

Craignez Dieu, et obéissez à ma voix.

Craignez celui qui a étendu vos connaissances ;

Qui a augmenté le nombre de vos enfans, de vos troupeaux,

Et qui vous a donné des jardins et des fontaines.

J’appréhende pour vous les tourmens du grand jour.

Tes avertissemens, lui répondit-on, ou ton silence, sont pour nous la même chose.

Tout ce que tu nous annonces n’est qu’une fable de l’antiquité.

Nous ne serons point soumis à des peines.

Ils l’accusèrent de mensonge, et nous les anéantîmes. Leur châtiment est un exemple ; mais la plupart n’ont point la foi.

Ton Dieu est le dominateur, le miséricordieux.

Les Thémudéens nièrent la mission des ministres du Très-Haut.

Ne craindrez-vous point le Seigneur, leur répétait Saleh leur frère.

Je suis votre envoyé fidèle.

Craignez Dieu, et obéissez à ma voix.

Je ne vous demande point le prix de mon zèle ; ma récompense est dans les mains du souverain des mondes.

Pensez-vous qu’on vous laissera les biens dont vous jouissez ;

Vos jardins, vos fontaines,

Vos moissons, vos palmiers, dont le fruit est délicieux,

Et les maisons que vous taillez avec art dans les rochers ?

Craignez Dieu, et obéissez à ma voix.

N’écoutez pas les conseils de l’impie.

Il souille la terre de ses crimes et ne se corrige point.

Ton esprit, lui répondit-on, est fasciné par des prestiges.

Tu n’es qu’un homme semblable à nous. Opère des miracles si ta mission est vraie.

Voyez, dit Saleh, cette femelle de chameau : qu’elle ait sa boisson au temps marqué, comme vous la vôtre.

Ne lui faites aucun mal, si vous redoutez la peine du grand jour.

Ils la tuèrent, et le repentir suivit la désobéissance.

La vengeance divine les environna. Leur supplice servira d’exemple ; mais la plupart n’ont point la foi.

Ton Dieu est le dominateur, le miséricordieux.

Le peuple de Loth nia la mission des ministres du Très-Haut.

Ne craindrez-vous point le Seigneur, leur disait Loth leur frère ?

Je suis votre envoyé fidèle.

Craignez Dieu, et obéissez à ma voix.

Je ne vous demande point le prix de mon zèle ; ma récompense est dans les mains du souverain des mondes.

Aurez-vous donc commerce avec des hommes corrompus ?

Abandonnerez-vous les femmes que Dieu a formées pour votre usage ? Violerez-vous les lois de la nature ?

Si tu ne cesses tes remontrances, répondirent les habitans de Sodôme, nous te bannirons de notre ville.

J’ai votre crime en horreur, reprit Loth.

Seigneur, préserve-moi, préserve ma famille de leur infamie.

Nous le sauvâmes avec sa famille,

Mais son épouse fut enveloppée dans le châtiment des coupables.

Aucun des habitans de Sodôme n’échappa à notre vengeance.

Nous fîmes tomber une pluie fatale sur ceux qu’on avait trop avertis.

Leur punition servira d’exemple à la terre, mais la plupart n’ont point la foi.

Ton Dieu est le dominateur, le miséricordieux.

Les habitans d’Aleïca nièrent la mission des ministres du Très-Haut.

Ne craindrez-vous point le Seigneur, leur criait Chaïb ?

Je suis votre envoyé fidèle.

Craignez Dieu, et obéissez à ma voix.

Je ne vous demande point le prix de mon zèle, ma récompense est dans les mains du souverain des mondes.

Remplissez la mesure et n’en retranchez rien.

Pesez avec une balance juste.

Ne trompez point vos semblables. Ne ravagez point la terre.

Craignez celui qui vous a créés, et qui créa le premier homme.

Tu es dans le délire, dit le peuple à Chaïb.

Mortel semblable à nous, tu veux nous séduire par tes impostures.

Si tu dis la vérité, fais tomber une partie du ciel sur nos têtes.

Le Seigneur, reprit Chaïb, connaît vos actions.

Ils l’accusèrent de mensonge, et ils subirent le supplice du grand jour, le supplice du jour des ténèbres.

Leur châtiment est un exemple pour la postérité ; mais la plupart n’ont point la foi.

Ton Dieu est le dominateur, le miséricordieux.

Ce livre vient du souverain des mondes.

L’Esprit fidèle l’a apporté du ciel.

Il le déposa sur ton cœur, afin que tu fusses apôtre.

Il est écrit en langue arabe, et son style est pur.

Les livres sacrés et anciens en font mention.

Les Mecquois ne devraient-ils pas être étonnés que les savans d’entre les Hébreux en eussent connaissance ?

Si des peuples barbares l’avaient reçu,

Et qu’ils l’eussent lu aux infidèles, ils n’y auraient pas ajouté foi.

Nous l’avons tellement imprimé dans le cœur des impies,

Qu’ils ne croiront qu’à l’instant où ils verront les tourmens préparés.

L’heure les surprendra, et ils ne pourront la prévoir.

Alors ils s’écrieront : Nous accordera-t-on un délai ?

Prieront-ils le ciel de précipiter sur nous ses fléaux ?

Que t’en semble ? Si après les avoir laissés pendant des années s’endormir au sein des voluptés,

Nous mettons tout à coup le sceau à nos vengeances,

A quoi leur serviront les plaisirs dont ils se sont enivrés ?

Nous n’avons point détruit de cité, sans l’avoir prévenue, par nos avertissemens.

Aucune n’a subi un sort injuste.

Les démons ne sont point les auteurs du Coran.

Ils ne devaient, ni ne pouvaient le mettre au jour.

Ils sont loin du langage des cieux.

N’invoque point un autre que Dieu, de peur que tu ne sois réprouvé.

Annonce ces vérités à tes plus proches parens.

Étends tes ailes sur les fidèles qui te suivront.

S’ils deviennent rebelles, dis-leur : Je suis innocent de vos œuvres.

Mets ta confiance dans le Dieu dominateur et miséricordieux.

Il te voit à l’instant où tu te lèves[67].

Il te voit à l’instant où tu te prosternes avec ses adorateurs.

Il sait et entend tout.

Vous dirai-je quel est le mortel que Satan inspire ?

C’est le menteur et l’impie.

Les poëtes trompés par ses illusions, le suivent.

Ne les as-tu pas vus errer dans les vallées !

Ils disent ; mais ils ne font pas.

Il faut en excepter ceux qui ont la foi, la vertu, et qui entretiennent dans leur cœur le souvenir de Dieu.

Ils ne se vengent que quand ils sont attaqués injustement. Les méchans connaîtront le séjour qui les attend.





LA FOURMI.


donné à la mecque, composé de 95 versets
______
Au nom de Dieu clément et miséricordieux.


T. S. [68] Ces caractères sont les signes du livre du Coran, qui enseigne la vraie doctrine.

Il est la lumière des croyans et le gage de leur félicité.

Il la promet à ceux qui font la prière et l’aumône, et qui croient fermement à la vie future.

Nous avons laissé aux incrédules les plaisirs brillans de la vie. Ils marchent au sein des erreurs.

Nous leur ferons sentir nos châtimens dans ce monde et dans l’autre. La réprobation sera leur partage.

Celui qui possède la sagesse et la science t’a envoyé le Coran.

J’ai aperçu du feu, dit Moïse à sa famille : J’y cours : Peut-être vous apporterai-je du bois enflammé pour vous chauffer.

Lorsqu’il s’en fut approché, une voix fit entendre ces mots : Béni soit celui qui est dans ce feu, et qui l’environne ! Louange à Dieu souverain des mondes !

O Moïse ! Je suis le Dieu puissant et sage.

Jette ton bâton. L’ayant vu tout à coup transformé en serpent, et ramper sur la terre, il s’enfuit à pas précipités. O Moïse ! calme ta frayeur. Mes envoyés n’ont rien à craindre en ma présence.

Celui qui s’est égaré, et qui abandonnant le vice retournera à la vertu, éprouvera les effets de ma miséricorde.

Porte ta main dans ton sein, et tu la retireras blanche sans aucun mal ; ce prodige sera du nombre des sept merveilles que tu feras éclater aux yeux de Pharaon et de son peuple. Ils sont prévaricateurs.

Les Égyptiens attribuèrent nos miracles aux effets de la magie.

Ils les nièrent, quoiqu’ils en connussent la vérité. L’iniquité et l’orgueil présidaient à leurs jugemens ; mais considère quelle fut la fin des impies.

David et Salomon favorisés du don des sciences, publièrent les louanges du Très-Haut, qui les avait élevés au-dessus de beaucoup de nos serviteurs.

Salomon fut l’héritier de David. Mortels, dit-il, j’entends le chant des oiseaux[69] ; je possède toutes les connaissances ; j’ai été élevé à ce degré sublime.

Un jour il rassembla ses armées de démons, d’hommes et d’oiseaux, rangées séparément.

Lorsqu’il fut arrivé à la vallée des fourmis, une d’elles dit à ses compagnes : Rentrons dans nos demeures, de peur que Salomon et ses soldats ne nous foulent aux pieds ; car ils ne feront pas attention à nous.

Salomon entendit le discours de la fourmi, et éclata de rire. Seigneur, dit-il, rends-moi reconnaissant des grâces que tu as versées sur ma famille, et sur moi ; fais que j’opère le bien que tu aimes. Que ta miséricorde me mette au nombre de tes serviteurs vertueux.

Il parcourt de l’œil l’armée des oiseaux, et leur dit : Pourquoi la huppe n’est-elle pas ici ? Est-elle absente ?

Je la punirai sévèrement ; elle n’évitera pas la mort, si elle ne me donne une excuse légitime.

La huppe étant venue se poser près du roi, lui dit : J’ai parcouru un pays que tu n’as point vu ; je t’apporte des nouvelles du royaume de Saba.

Une femme[70] le gouverne. Elle possède mille avantages. Elle s’asseoit sur un trône magnifique.

Elle et son peuple adorent le soleil. Satan leur a rendu ce culte agréable. Il les a détournés du vrai chemin, et ils sont dans les ténèbres.

Il les empêche d’adorer le Dieu qui dévoile ce qui est caché dans les cieux et sur la terre, et qui connaît ce que le cœur recèle, comme ce qu’il produit au grand jour.

Il n’y a qu’un Dieu. Il est le souverain du trône sublime.

Je saurai, reprit Salomon, si ton rapport est conforme à la vérité, ou au mensonge.

Vole vers le peuple de Saba, et lorsque tu auras remis cette lettre[71], écarte-toi, et attends la réponse.

Seigneurs, dit la reine à ses courtisans, je viens de recevoir une lettre honorable.

Salomon me l’envoie. Elle contient ces paroles : Au nom de Dieu clément et miséricordieux,

Ne vous élevez pas contre moi. Venez me trouver, et croyez.

Seigneurs, conseillez-moi dans cette affaire, je ne déciderai rien sans votre approbation.

Nous avons du courage et des soldats, répondirent les grands ; mais vous êtes notre reine ; princesse, qu’ordonnez-vous ?

Lorsque les souverains entrent dans une ville, dit la reine, ils la dévastent et plongent dans l’humiliation les principaux habitans. C’est ainsi qu’ils agissent.

J’enverrai des présens[72], et j’attendrai la réponse.

Lorsque l’ambassadeur fut arrivé, Salomon lui dit : Pouvez-vous augmenter mes trésors ? Dieu m’a accordé des biens plus précieux que les vôtres. Gardez vos présens.

Retournez vers le peuple qui vous envoie. Nous irons l’attaquer avec une armée à laquelle il n’aura rien à opposer. Nous le chasserons de son pays, et les grands humiliés seront obligés de se soumettre.

Salomon adressant la parole aux chefs de ses troupes, leur dit : Qui de vous m’apportera le trône[73] de la reine avant que son peuple vienne se jeter à mes genoux ?

Ce sera moi, répondit Afrit, un des démons : Je t’en rendrai possesseur avant que tu te sois levé de ta place. Cette entreprise n’est point au-dessus de mes forces.

Je veux t’en rendre maître, dans un clin d’œil, ajouta un autre démon qui avait la science du livre. Lorsque le roi vit le trône à ses pieds, il s’écria : voilà une faveur de Dieu. Il veut éprouver si mon cœur sera reconnaissant ou ingrat ! La reconnaissance est une jouissance, et l’ingratitude n’ôte rien à Dieu de ses richesses.

Il ajouta : Transformez le trône de la reine, afin que nous sachions si elle est éclairée, ou dans les ténèbres.

Lorsque la reine fut arrivée, on lui demanda, est-ce là votre trône ? Il lui ressemble parfaitement, répondit-elle. Nous reçûmes avant elle la science qui nous rendit musulmans.

Le culte des faux dieux l’avait égarée. Elle était née au milieu d’un peuple idolâtre.

On lui dit : Entrez dans ce palais.[74] Elle crut que c’était de l’eau entassée, et se découvrit les jambes. C’est un édifice solide, fait de verre, lui dit Salomon.

Seigneur, s’écria la reine, j’étais dans l’aveuglement. Je crois avec Salomon au Dieu souverain des mondes.

Nous envoyâmes Saleh prêcher l’unité de Dieu aux Thémudéens ses frères, et ils se divisèrent en deux sectes.

Peuples, répétait le prophète, pourquoi vous hâtez-vous d’attirer sur vos têtes la vengeance du ciel, plutôt que ses faveurs ? N’implorerez-vous point la miséricorde divine ?

Nous augurons mal de toi et de ceux qui ont ta croyance, répondirent les Thémudéens. Votre présage, ajouta Saleh, est dans les mains de Dieu. Il vous éprouve.

Il se trouvait dans la ville neuf scélérats incapables du bien, et livrés à tous les excès.

Ils jurèrent, par le nom de Dieu, de tuer pendant la nuit Saleh et ses disciples, et de dire aux vengeurs de leur sang : Nous n’avons point assisté à leur mort ; notre témoignage est véritable.

Tandis qu’ils formaient ce complot, nous marquions l’instant de leur perte, et ils ne le savaient pas.

Quel fut le succès de leur dessein criminel ? Ils périrent tous, et le peuple fut enveloppé dans leur ruine.

Leurs maisons restèrent désertes, à cause de leurs crimes : exemple sensible pour ceux qui sont éclairés !

Nous sauvâmes les croyans qui avaient la crainte du Seigneur.

Vous abandonnerez-vous à un crime dont vous connaissez l’infamie, criait Loth à ses concitoyens ?

Aurez-vous commerce avec des hommes débauchés, au mépris de vos femmes ? Vous êtes dans l’égarement.

Chassons Loth et sa famille de la ville, puisqu’ils conservent leur pureté : telle fut la réponse des habitans de Sodôme.

Nous sauvâmes Loth et sa famille. Sa femme seule fut ensevelie dans le malheur général.

La punition suivit nos avertissemens. Nous fîmes tomber sur les coupables une pluie fatale.

Dis : Louange à Dieu ! La paix soit avec ses élus. Lesquels de Dieu ou des idoles méritent la préférence ?

Quel est celui qui a créé les cieux, la terre, et qui verse sur vos campagnes la pluie qui sert à la croissance des plantes, et à l’embellissement de vos jardins ? Pourriez-vous produire un seul arbre ? Dieu a-t-il un égal ? Cependant ils associent des divinités à son culte.

Quel est celui qui a affermi la terre, qui a mis dans son sein la source des fleuves, qui a élevé sur sa surface les montagnes, qui a posé entre deux mers une barrière insurmontable ? Dieu a-t-il un égal ? La plupart sont plongés dans l’ignorance.

Quel est celui qui exauce les vœux de l’opprimé qui l’implore, qui le décharge de son fardeau, qui vous a fait remplacer les générations éteintes ? Dieu a-t-il un égal ? Combien peu réfléchissent !

Quel est celui qui vous conduit pendant les ténèbres, sur la terre et les mers, qui envoie les nuages avant-coureurs des faveurs du ciel ? Dieu a-t-il un égal ? Louange au Très-Haut ! Anathème aux idoles !

Quel est celui qui a créé l’homme, et qui le ressuscitera, qui le nourrit des biens célestes et terrestres ? Dieu a-t-il un égal ? Apportez vos preuves, si la vérité est votre guide.

Dis : Nul autre que Dieu, au ciel et sur la terre, ne connaît ce qui est voilé des ombres du mystère.

Les hommes ignorent quand ils ressusciteront.

La vie future est parvenue à leur connaissance ; mais ils en doutent, et ferment les yeux.

Les infidèles disent : Lorsque le tombeau aura réuni nos cendres à celles de nos pères, est-il possible que nous soyons ranimés de nouveau ?

Cette promesse dont on nous flatte, dont on berça nos pères, n’est qu’une fable de l’antiquité.

Dis-leur : Parcourez la terre, et voyez quelle a été la fin des impies.

Ne t’afflige point de leur sort, et ne t’alarme point de leurs complots.

Quand s’accompliront vos promesses, demandent-ils ? Parlez, si la vérité vous éclaire.

Dis-leur : Peut-être qu’une partie des peines dont vous voulez hâter l’accomplissement, est prête à fondre sur vous.

Dieu comble les humains de ses faveurs, et le plus grand nombre ne l’en remercient pas.

Il sait ce que recèle leur cœur, et ce que leur bouche profère.

Les mystères des cieux et de la terre sont écrits dans le livre de l’évidence.

Le Coran explique aux enfans d’Israël les principaux objets de leurs disputes.

Il est la lumière des fidèles, et le gage des grâces divines.

Le jugement de Dieu terminera leurs différens. Il est le savant, le dominateur.

Mets ta confiance dans le Seigneur. La vérité est ton appui.

Tu ne saurais faire entendre les morts, ni les sourds qui s’éloignent de toi.

Tu ne saurais conduire les aveugles, ni les retirer de leurs ténèbres. Tu ne peux faire entendre que ceux qui croient, et qui sont fidèles.

Lorsque l’arrêt de leur perte sera prononcé, nous ferons sortir de la terre un monstre[75] qui criera : Les hommes n’ont point cru l’islamisme.

Nous rassemblerons un jour ceux qui ont traité nos oracles d’imposture, et nous les mettrons dans un lieu séparé ;

Jusqu’à ce qu’ils paraissent devant le tribunal de Dieu qui leur dira : Avez-vous nié ma religion ? Ne l’avez-vous pas comprise ? Quelles sont vos œuvres ?

L’arrêt de leur réprobation sera prononcé, parce qu’ils ont été impies, et ils ne répondront point.

Ne voyaient-ils pas que nous avons établi la nuit pour reposer, et le jour pour agir ? Ce sont des signes pour les croyans.

Lorsque le son de la trompette retentira, tout ce qui est dans les cieux et sur la terre sera saisi d’effroi, excepté les élus du Seigneur. Tous les hommes paraîtront devant lui, humblement prosternés.

Vous verrez les montagnes semblables à l’eau congelée, disparaître comme un nuage à la voix de Dieu qui a sagement disposé toutes choses, et qui connaît les actions des mortels.

Ceux qui se présenteront avec de bonnes œuvres, recevront un prix glorieux, et seront exempts des frayeurs du grand jour.

Ceux qui n’apporteront que des crimes seront précipités dans le feu, le visage prosterné. Seriez-vous traités autrement que vous aurez agi ?

Le Dieu de ce pays que sa bonté a consacré, le Dieu à qui tout appartient, m’a commandé de me dévouer à son culte, et d’embrasser l’islamisme.

Il m’a chargé de lire le Coran. Ceux qui recevront la lumière, jouiront de cet avantage précieux, et je dirai à ceux qui persisteront dans l’erreur : Ma mission se borne à vous prêcher.

Dis : Louange à l’Éternel ! Bientôt il vous donnera des marques de sa puissance, et vous ne pourrez les nier. Il a l’œil ouvert sur vos actions.





L’HISTOIRE.


donné à la mecque, composé de 88 versets
______
Au nom de Dieu clément et miséricordieux.


T. S. M. [76] Ces caractères sont les signes du livre de l’évidence.

Nous te réciterons avec vérité quelques traits de l’histoire de Moïse et de Pharaon, en faveur des croyans.

Pharaon s’enorgueillissait sur le trône d’Égypte. Il avait divisé son peuple en deux parties. Devenu tyran, il en affaiblissait une, en faisant périr les enfans mâles, et en ne laissant vivre que les filles.

Nous voulions combler de biens ceux qui étaient opprimés, les élever, et leur donner un héritage.

Nous voulions leur assurer une habitation sur la terre, et déployer aux yeux de Pharaon, d’Haman, et de leurs armées, les prodiges qu’ils redoutaient.

Nous dîmes à la mère[77] de Moïse : Allaite ton fils, et si tu trembles pour ses jours, dépose-le sur le Nil. Ne crains rien. Ne t’afflige point. Nous le rendrons à tes vœux, et nous l’établirons prophète.

La famille de Pharaon recueillit celui qui devait être un jour son ennemi, et lui causer des chagrins amers, parce que Pharaon, Haman, et leurs soldats, étaient prévaricateurs.

Que cet enfant soit le plaisir de nos yeux, dit la reine d’Égypte. Ne le mettez point à mort. Peut-être qu’un jour il nous sera avantageux de l’avoir accueilli. Nous l’adopterons pour fils. Ils ignoraient l’avenir.

La mère de Moïse alarmée fut prête à trahir son fils ; mais nous mîmes un lien sur son cœur, afin qu’elle fût fidèle.

Elle ordonna à la sœur de Moïse de suivre l’enfant. Elle l’observait de loin afin qu’on ne s’en aperçût pas.

Fidèle à notre défense, l’enfant refusa le lait des nourrices étrangères. Voulez-vous, dit sa sœur, que je vous enseigne une famille où il sera nourri et élevé avec soin ?

Nous le rendîmes à sa mère, afin de sécher ses pleurs, de calmer ses inquiétudes, et afin qu’elle connût que les promesses de Dieu sont véritables.

Lorsqu’il eut atteint l’âge marqué, nous lui donnâmes la sagesse et la science ; c’est ainsi que nous récompensons la vertu.

Un jour qu’il entrait dans la ville pendant le temps où les citoyens reposent, il aperçut deux hommes qui se battaient, l’un Hébreu et l’autre Égyptien. Le premier lui demanda du secours contre son adversaire. Moïse le frappa et le mit à mort. Voilà, dit-il, une œuvre de Satan, l’ennemi, le séducteur du genre humain.

Seigneur, s’écria-t-il, j’ai commis un crime, daigne me pardonner. Dieu lui pardonna, parce qu’il est indulgent et miséricordieux.

Seigneur, puisque ta miséricorde m’a fait grâce, je ne serai jamais du parti des impies.

Le matin il marchait en tremblant dans la ville. Il observait avec inquiétude, quand l’Israélite qu’il avait sauvé la veille l’appela une seconde fois à son secours. Tu es un séditieux, lui dit Moïse.

Il voulut cependant repousser par la force ce nouvel ennemi. As-tu dessein de me faire éprouver le sort de celui que tu mis hier à mort ? lui cria l’Égyptien. N’écouteras-tu que ta violence ? As-tu donc renoncé à la vertu ?

Un homme accouru de l’extrémité de la ville, lui dit : O Moïse ! les grands assemblés délibèrent pour te faire mourir. Dérobe-toi par la fuite, et suis cet avis salutaire.

Il s’enfuit, tremblant d’être découvert, et il adressa cette prière au ciel : Seigneur, délivre-moi des mains des méchans.

Sorti de la ville[78], il tourna ses pas vers Madian, et dit : Seigneur, guide-moi dans le bon chemin.

Arrivé à la fontaine de Madian, il trouva les bergers occupés à abreuver leurs troupeaux.

Il aperçut deux sœurs qui se tenaient à l’écart. Que faites-vous ici ? leur demanda-t-il. Nous attendons, répondirent-elles, le départ des pasteurs, pour abreuver nos troupeaux. Nous avons pour père[79] un cheikh respectable.

Moïse leur puisa de l’eau ; et s’étant écarté sous l’ombrage, il s’écria : Seigneur, mon cœur soupirait après le bien que tu viens de m’offrir.

Une des sœurs revint à lui, marchant avec décence, et lui dit : Mon père te demande. Il veut te récompenser du service que tu nous as rendu. Moïse[80] raconta son histoire au vieillard, qui lui dit : Ne crains rien, tu es échappé des mains des méchans.

O mon père ! dit une des filles de Jetro : Prends cet homme à ton service. Il est robuste et fidèle ; il sera le meilleur de tes domestiques.

Jetro dit à Moïse : Je te donnerai une de mes filles en mariage, à condition que tu me serviras pendant huit ans. Il dépendra de toi de rester deux ans de plus. S’il plaît à Dieu, tu n’éprouveras de ma part qu’humanité et justice.

J’accepte votre proposition, répondit Moïse ; mais l’accord aura lieu pourvu que j’accomplisse un des termes. Qu’aucun de nous ne soit transgresseur, et que Dieu soit le garant de notre alliance.

Le temps fixé étant[81] accompli, Moïse partit avec sa famille, et ayant aperçu du feu près du mont Sinaï, il dit : Attendez ici. Je vais reconnaître ce feu. Peut-être que je vous apporterai du bois enflammé pour vous chauffer.

Lorsqu’il s’en fut approché, une voix sortie du milieu d’un buisson près de la rive droite du torrent qui coule dans la vallée bénite, lui cria : Moïse, je suis le Dieu souverain des mondes.

Jette ta baguette. Il la vit aussitôt, changée en serpent, ramper sur la terre. Il s’enfuit précipitamment. O Moïse ! retourne sur tes pas. Calme ta frayeur. Tu es en sûreté.

Mets ta main dans ton sein, elle deviendra blanche sans aucun mal. Retire-la sans crainte. Tu opéreras ces deux prodiges devant Pharaon et les grands de son empire. Ils sont prévaricateurs.

Seigneur, dit Moïse, j’ai tué un Égyptien ; j’appréhende qu’on ne me mette à mort.

Mon frère Aaron est plus éloquent que moi. Commande-lui de m’accompagner. Qu’il me serve d’appui. Qu’il atteste la vérité de mes paroles. Je crains qu’on ne me traite d’imposteur.

Aaron sera ton soutien, ajouta le Seigneur. Nous vous donnerons une puissance insigne. Les Égyptiens ne pourront égaler vos prodiges. Vous, et ceux qui vous suivront, serez vainqueurs.

Moïse dévoila aux Égyptiens notre doctrine sublime. Tout cela n’est que mensonge, s’écrièrent-ils : la tradition de nos pères ne nous offre rien de semblable.

Mon Dieu connaît, dit Moïse, ceux que la foi éclaire, et qui auront le paradis pour récompense. Certainement la félicité ne sera point le partage des méchans.

Seigneurs, dit Pharaon à ses courtisans, je ne pense pas que vous ayez d’autre Dieu que moi. Haman, prépare des briques, et qu’on bâtisse une tour[82] élevée, afin que je monte vers le Dieu de Moïse, quoique cet homme me semble un imposteur.

Le roi et ses troupes, livrés à l’orgueil, oublièrent la justice, et pensèrent qu’ils ne ressusciteraient point.

Nous saisîmes Pharaon et son armée, et nous les précipitâmes dans les eaux. Vois quelle est la fin des impies.

Chefs des réprouvés, ils appelleront leurs semblables au feu de l’enfer. Ils seront sans protecteur au jour de la résurrection.

Frappés de malédiction dans ce monde, au jour dernier ils seront couverts d’opprobre.

Après avoir détruit les premiers peuples, nous donnâmes à Moïse le Pentateuque, pour rappeler sur la terre le souvenir du Seigneur. Ce livre est le gage des grâces célestes, et la lumière des hommes.

Tu n’étais pas avec Moïse, sur le côté occidental de la montagne, lorsque nous le chargeâmes de nos ordres. Tu ne fus point au nombre des témoins.

Depuis Moïse, plusieurs générations se sont succédées. Nous les avons laissées long-temps sur la terre. Tu n’as point habité parmi les Madianites, pour leur annoncer nos commandemens ; mais nous t’avons élu prophète.

Tu n’étais pas sur le penchant du mont Sinaï lorsque nous appelâmes Moïse ; mais la miséricorde divine t’a choisi pour prêcher un peuple à qui il n’était point encore venu d’apôtre, afin qu’il ouvre les yeux à la lumière.

Lorsqu’ils ressentaient la punition de leurs péchés, ne disaient-ils pas : Seigneur, nous as-tu envoyé un prophète pour que nous suivions ta doctrine, et que nous embrassions la foi ?

Après que nous leur avons envoyé un apôtre véritable, ils se sont écriés : Qu’il fasse éclater la même puissance que Moïse, et nous croirons. N’ont-ils pas nié ses miracles, quand ils ont dit : Le Pentateuque et le Coran sont deux livres de mensonges qui se prêtent un secours mutuel, nous les rejetons également ?

Dis-leur : Si vous êtes véridiques, apportez un livre divin, où la vraie religion soit mieux établie que dans le Pentateuque et dans le Coran, et je le suivrai aussitôt.

S’ils gardent le silence, apprends qu’ils suivent leurs désirs déréglés. Quoi de plus aveugle que d’errer au gré de ses passions loin de la lumière divine ! car Dieu n’éclaire point les méchans.

Nous leur avons fait entendre la parole de la foi, afin de les tirer de leur égarement.

Ceux à qui nous donnâmes les Écritures croient au Coran.

Ils s’écrient, lorsqu’on leur explique sa doctrine : Nous croyons qu’il est la vérité de Dieu ; avant sa venue nous étions musulmans[83].

Ils recevront une double récompense, parce qu’ils ont souffert avec patience, qu’ils ont rendu le bien pour le mal, et versé dans le sein de l’indigent une portion des richesses que nous leur avions départies.

Lorsqu’ils entendent les railleries des méchans, ils s’en éloignent, et ils disent : Nous avons pour nous nos œuvres. Vous rendrez compte des vôtres. La paix soit avec vous. Nous n’aspirons point à l’amitié de ceux qu’aveugle l’ignorance.

Les hommes ne seront point éclairés au gré de tes désirs. Dieu illumine ceux qu’il veut, et connaît celui qui marche dans les voies du salut.

Ils ont dit : Si nous embrassons ta croyance, nous serons chassés de notre pays. Ne leur avons-nous pas assuré un asile où nous rassemblons des biens de toute espèce pour leur subsistance ? Mais la plupart sont dans l’aveuglement.

Combien nous avons détruit de cités abandonnées à la volupté et à la débauche ! Le plus grand nombre de ces villes n’ont plus été habitées, et nous en conservons l’héritage.

Dieu n’a point renversé d’empire avant d’avoir envoyé dans la capitale un prophète prêcher ses commandemens ; et les villes dont les habitans étaient impies, ont été les seules détruites.

Les richesses qui vous ont été dispensées vous procurent les plaisirs et les agrémens de la vie. Les jouissances du ciel sont bien plus délicieuses. Ne le concevez-vous pas ?

Le juste qui possédera la félicité que nous lui avons promise, aura-t-il un sort semblable au mortel qui a joui de tous les charmes de la vie mondaine, et qui au jour de la résurrection sera réprouvé ?

Lorsqu’on appellera l’idolâtre, on lui demandera : Où sont les dieux que tu égalais à l’Éternel ?

Ceux dont la condamnation est prononcée[84], diront : Seigneur, nous l’avons séduit comme nous le fûmes nous-mêmes. Nous ne sommes point coupables du culte qu’il nous a rendu. Rien ne pouvait le porter à nous adorer.

On ajoutera : Appelle tes divinités. Il les invoquera inutilement. Elles garderont le silence, et il verra les tourmens qu’il eût évités, s’il avait suivi la vraie religion.

Dieu lui demandera : Qu’as-tu répondu à mes ministres ?

La réponse mourra sur ses lèvres, et il restera interdit.

Celui que le repentir aura ramené à la foi et à la vertu, peut encore espérer le bonheur.

Ton Dieu crée et élit ceux qu’il veut. Leurs idoles n’ont point le pouvoir du choix. Louange à l’Éternel ! Anathème aux faux dieux !

Ton Dieu connaît et les replis de leurs cœurs, et ce que leur bouche profère.

Il est le Dieu unique. Un tribut de louanges lui est dû dans ce monde et dans l’autre. Il est le juge suprême. Tous les hommes paraîtront devant son tribunal.

Que vous en semble ? Si Dieu prolongeait les ténèbres de la nuit jusqu’au jour de la résurrection, quel autre que lui pourrait vous rendre la lumière ? Ne comprendrez-vous point ?

Que vous en semble ? Si Dieu prolongeait la clarté du jour jusqu’au jour de la résurrection, quel autre que lui pourrait vous ramener les ombres de la nuit, pour servira votre repos ? N’ouvrirez-vous point les yeux ?

Dieu plein de bonté a établi la nuit et le jour ; l’une pour le repos, l’autre pour le travail, afin que vous lui rendiez des actions de grâces.

Un jour nous citerons les idolâtres à notre tribunal, et nous leur demanderons : Où sont les dieux que vous associiez à ma puissance ?

Nous ferons paraître un témoin de chaque nation, et nous leur dirons : Où sont vos preuves ? Ils connaîtront que la vérité procède du Très-Haut, et leurs divinités chimériques disparaîtront.

Caron, un des Israélites, s’était abandonné à l’orgueil. Nous lui avions départi des richesses immenses. Plusieurs hommes robustes auraient eu peine à porter les clefs qui les tenaient enfermées. Ne te livre point aux excès de la joie, lui dirent les Hébreux ; Dieu hait la joie insolente.

Efforce-toi d’acquérir, avec les biens que tu possèdes, le séjour éternel. N’oublie pas la portion dont tu as été favorisé dans ce monde. Sois bienfaisant comme Dieu l’a été envers toi. Ne souille pas la terre de tes crimes. Dieu hait les corrupteurs.

Mes trésors, répondit Caron, sont le prix de ma science. Ignorait-il que Dieu a exterminé des peuples puissans et nombreux ? Mais les scélérats ne seront point interrogés sur leurs forfaits.

Caron s’avançait vers le peuple avec pompe. Ceux pour qui la vie mondaine a des charmes disaient : Plût à Dieu que nous fussions aussi riches que Caron ! Il possède une fortune immense.

Malheur à vous, disaient ceux que la science éclairait ! La récompense que Dieu prépare au croyant vertueux est bien préférable. Elle n’est destinée qu’à ceux qui souffriront avec patience.

Nous ouvrîmes la terre. Caron[85] et son palais furent engloutis. Le nombre de ses esclaves ne put le défendre contre le bras du Tout-Puissant, et il n’eut point de vengeur

Ceux qui la veille enviaient son sort, s’écrièrent le matin : Dieu dispense ou retire ses faveurs à son gré. Si sa miséricorde ne veillait sur nous, la terre nous eût ensevelis dans ses abîmes. Les méchans ne jouiront point de la félicité.

Le palais de la vie future sera le prix de ceux qui fuient l’orgueil et le crime. La fin est pour les justes.

Celui qui aura pratiqué la vertu, recevra une récompense magnifique, et les scélérats subiront des peines proportionnées à leurs crimes.

Celui qui t’a enseigné le Coran, opérera ton retour désiré[86]. Dieu connaît ceux qui suivent la lumière, et ceux qui marchent dans les ténèbres.

Tu n’espérais pas recevoir le Coran ; c’est une faveur du ciel. Ne prête point d’appui aux infidèles.

Qu’ils ne t’écartent jamais des préceptes divins, après les grâces que tu as reçues. Appelle les hommes à Dieu, et fuis l’idolâtrie.

N’invoque qu’un Dieu. Il est seul. Tout périra devant sa face. Il est le juge suprême. Vous comparaîtrez devant son tribunal.





L’ARAIGNÉE.


donné à la mecque, composé de 69 versets
______
Au nom de Dieu clément et miséricordieux.


A. L. M. Les hommes pensent-ils qu’il suffit de dire, nous croyons, sans donner des preuves de leur foi ?

Nous avons éprouvé les premiers peuples, afin de distinguer les apôtres de la vérité d’avec ceux qui étaient livrés au mensonge.

Les méchans croient éviter nos châtimens, et ils se trompent.

Celui qui attend le jugement dernier dont Dieu a fixé le terme invariable, car il sait et entend tout,

Celui qui combat pour la foi, combat dont il sera récompensé, parce que Dieu est riche sans l’univers,

Et le croyant qui aura exercé la bienfaisance, et dont nous aurons effacé les péchés, recevront la félicité pour prix de leurs œuvres.

Mortels, nous vous avons recommandé la bienfaisance envers les auteurs de vos jours ; mais s’ils voulaient vous forcer à adorer des divinités étrangères, résistez à leurs instances. Vous paraîtrez devant mon tribunal, et je dévoilerai vos actions.

Les croyans qui auront fait le bien seront introduits dans l’assemblée des justes.

Il en est qui disent : Nous croyons en Dieu ; et lorsqu’ils sont opprimés pour la foi, ils redoutent autant leurs souffrances que les peines de l’enfer. Le ciel se déclare-t-il en faveur des fidèles, ils s’écrient : Nous sommes de votre parti. L’Éternel ignore-t-il donc ce qui est caché dans le cœur de ses créatures ?

Il connaît parfaitement les croyans et les impies.

Les incrédules ont dit aux fidèles : Suivez notre doctrine, et nous nous chargeons de vos péchés. Ils ne sauraient se charger des offenses d’autrui, et ils mentent.

Ils ne porteront que le fardeau de leurs iniquités, et au jour du jugement, on leur demandera compte de leurs mensonges.

Nous choisîmes Noé pour prêcher ses semblables. Il demeura parmi eux neuf cent cinquante ans[87], ensuite le déluge submergea les impies.

Nous sauvâmes Noé et ceux qui étaient avec lui dans l’arche. Elle servira d’exemple à la postérité.

Abraham dit au peuple : Servez le Seigneur. Craignez-le. Son culte sera pour vous une source d’avantages. Si vous saviez !

Vous adorez des idoles. Vous servez le mensonge. Vos divinités ne sauraient vous procurer aucun bien. Cherchez auprès de Dieu ceux dont vous avez besoin. Devenez ses adorateurs. Rendez-lui des actions de grâces. Vous retournerez à lui.

Si vous niez la vérité de ma mission, les nations qui vous ont précédés ont ainsi traités les prophètes ; mais un apôtre n’est chargé que de prêcher la vérité.

N’ont-ils pas vu comment Dieu produit une créature ? C’est ainsi qu’il la ressuscitera. Ce prodige est facile à sa puissance.

Parcourez la terre. Contemplez tous les êtres que Dieu a créés. Il en fera sortir d’autres du néant, parce que rien ne limite sa puissance.

Il exerce à son gré sa justice ou sa miséricorde. Vous retournerez tous à lui.

Vous ne pouvez suspendre son bras vengeur sur la terre ni dans les cieux. Vous n’avez contre Dieu ni appui ni défenseur.

Ceux qui nient l’islamisme et la résurrection, désespéreront de ma miséricorde, et subiront la rigueur des tourmens.

Mettons Abraham à mort, faisons-le expirer dans les flammes, dirent les idolâtres. Dieu l’en délivra, et son salut fut pour les croyans un gage de la protection divine.

Vous avez prodigué, leur dit-il, vos encens et votre amour à des dieux impuissans ; au jour de la résurrection, une partie de vous méconnaîtra l’autre, et la chargera de malédictions. Votre réceptacle sera l’enfer, et vous n’aurez point de défenseur.

Loth embrassa la croyance d’Abraham. J’abandonne, dit-il, mes concitoyens, pour m’approcher de Dieu, parce qu’il est puissant et sage.

Nous donnâmes à Abraham Isaac et Jacob, et à leurs descendans la prophétie et les Écritures. Nous le récompensâmes dès ce monde ; dans l’autre il aura sa place parmi les justes.

Loth répétait aux habitans de Sodôme : Vous souillerez-vous d’un crime inconnu avant vous sur la terre ?

Aurez-vous commerce avec des hommes ? Les attaquerez-vous dans les chemins ? Commettrez-vous mutuellement une action infâme ? Les habitans de Sodôme répondirent : Fais tomber la vengeance du ciel sur nos têtes, si tes menaces sont véritables.

Seigneur, s’écria Loth : Aide-moi contre un peuple corrompu !

Les ministres de nos vengeances étant arrivés chez Abraham, lui annoncèrent une heureuse nouvelle, et lui dirent qu’ils allaient exterminer les habitans de Sodôme livrés à l’infamie.

Loth habite au milieu d’eux, leur représenta Abraham. Nous le savons, répondirent les anges. Nous le sauverons avec sa famille ; mais sa femme restera avec les coupables.

Lorsqu’ils furent arrivés chez Loth, il s’affligea sur leur sort, et déplora son impuissance. Calme tes craintes et ton chagrin, lui dirent-ils ; nous sommes venus te délivrer avec ta famille. Ta femme seule sera enveloppée dans le malheur général.

Nous allons faire tomber sur cette ville les fléaux du ciel, à cause de ses abominations.

Nous avons laissé subsister les ruines de Sodôme, monument frappant pour ceux qui pensent.

Chaïb, l’apôtre des Madianites, leur dit : O mes frères ! Servez le Seigneur ; croyez à la résurrection, et n’oubliez pas la justice.

Ils accusèrent Chaïb d’imposture. Un tremblement de terre les fit périr, et on les trouva le matin étendus dans leurs maisons, la face contre terre.

Aod, Themod ne sont plus. Les ruines de leurs cités attestent notre vengeance. Le tentateur leur couvrit le vice de fleurs. Il les écarta du droit chemin, malgré leur pénétration.

Caron, Pharaon, Haman ont disparu de la terre. Moïse leur montra des miracles. Ils s’abandonnèrent à l’orgueil, et ils ne purent éviter nos châtimens.

Tous ont éprouvé les traits de notre vengeance. Un vent impétueux renversa les uns ; une voix terrible fit disparaître les autres ; ceux-ci furent engloutis dans la terre ; ceux-là ensevelis dans les eaux. Le ciel ne les punit point injustement. Ils se perdirent eux-mêmes.

Ceux qui mettent leur appui dans les idoles, ressemblent à l’araignée qui se construit un édifice fragile, qu’un souffle détruit. S’ils réfléchissaient !

Dieu sait à qui ils adressent leurs hommages, parce qu’il est puissant et sage.

Nous proposons ces exemples aux hommes. Les sages seuls en ont l’intelligence.

Dieu a créé le ciel et la terre. La vérité présida à son ouvrage. Les fidèles y reconnaissent sa puissance.

Lis la doctrine du Coran qui t’a été révélé. Fais la prière. Elle écarte de l’impureté et de l’injustice. Le souvenir de Dieu est le premier des biens. Il connaît vos actions.

Ne disputez avec les juifs et les chrétiens, qu’en termes honnêtes et modérés. Confondez ceux d’entre eux qui sont impies. Dites : Nous croyons au livre qui nous a été envoyé, et à vos écritures ; notre Dieu et le vôtre ne font qu’un ; nous sommes musulmans.

Nous avons fait descendre le Coran du ciel. Ceux qui ont reçu la loi écrite croient en lui. Le plus grand nombre des habitans de la Mecque ont la même croyance. L’infidèle seul rejette sa doctrine.

Avant le Coran, tu n’avais lu aucun livre. Il n’est point écrit de ta main ; autrement ceux qui s’efforcent de l’anéantir douteraient de sa vérité.

Des signes frappans le caractérisent. Ils sont gravés dans le cœur de ceux qui ont la sagesse. Les méchans seuls en nient l’évidence.

Ils ne veulent, disent-ils, y ajouter foi, que lorsqu’ils y seront autorisés par des miracles. Réponds-leur : Les miracles sont dans les mains de Dieu, je ne suis chargé que de la prédication.

Ne suffit-il pas que nous t’ayons envoyé le Coran, pour leur expliquer sa doctrine ? Il est le gage des grâces célestes, et le guide des croyans.

Dis : Le témoignage de Dieu me suffit contre vous.

Il sait ce que le ciel et la terre renferment. Ceux qui croient en de vains simulacres, et qui nient l’islamisme, périront.

Ils te défient de hâter l’effet de tes menaces. Si l’instant de la vengeance n’était marqué, ils auraient déjà été punis ; mais elle les surprendra au moment où ils ne s’y attendront pas.

Ils te défient de hâter leur châtiment ; mais l’enfer environne les infidèles.

Un jour les fléaux célestes les envelopperont de toutes parts, et on leur dira : Goûtez le prix de vos œuvres.

O croyans ! Qui êtes mes serviteurs, la terre est d’une vaste étendue ; adorez-moi.

Tous les hommes subiront la mort, et ils ressusciteront.

Ceux qui auront professé l’islamisme et exercé la bienfaisance, habiteront éternellement le jardin de délices où coulent des fleuves. Gloire à la récompense de ceux qui auront travaillé ;

De ceux qui, ayant mis leur confiance dans le Seigneur, auront souffert avec persévérance.

Combien d’animaux ne préparent point leur nourriture ! Dieu les nourrit ainsi que vous ; il sait et entend tout.

Demandez-leur qui a créé le ciel et la terre, qui a fait servir à leurs besoins le soleil et la lune ; ils répondent : C’est Dieu. Pourquoi se livrent-ils donc au mensonge ?

Dieu étend et resserre ses bienfaits à son gré. Sa science embrasse tout l’univers.

Demandez-leur qui fait descendre du ciel la pluie pour féconder la terre stérile ; ils répondent : C’est Dieu. Louange au Très-Haut ! La plupart ne le connaissent pas.

La vie du monde n’est qu’un jeu frivole. Le séjour éternel est la vraie vie. S’ils le savaient !

Lorsque le vaisseau les porte sur la mer, ils invoquent le Seigneur, et lui montrent une foi sincère. À peine les avons-nous ramenés au port, qu’ils adorent de fausses divinités.

C’est ainsi qu’ils payent d’ingratitude nos bienfaits signalés. Ils verront…

Ne voient-ils pas que nous leur avons donné un asile assuré, tandis qu’on enlève les hommes qui sont autour d’eux ? Croiront-ils donc au mensonge ? Nieront-ils les grâces du Seigneur ?

Quoi de plus criminel que de blasphémer contre Dieu, de nier la vérité qu’on a connue ? L’enfer n’est-il donc pas la demeure des impies ?

Nous conduirons au sentier du salut ceux qui combattront pour la foi. Dieu est avec les bienfaisans.





LES GRECS.


donné à la mecque, composé de 60 versets
______
Au nom de Dieu clément et miséricordieux.


A. L. M. Les Grecs ont été vaincus. Ils ont été défaits sur la frontière[88]. Ils rachèteront leur défaite par la victoire,

Dans l’espace de dix années[89]. Dieu règle le sort des combats. Le jour où ils triompheront sera un jour de joie pour les fidèles.

Ils devront leur succès au bras du Très-Haut qui protège ceux qu’il veut. Il est puissant et sage.

Dieu l’a promis. Il ne rétracte point ses promesses ; mais la plupart l’ignorent.

Enivrés des plaisirs terrestres, les hommes oublient la vie future.

Ignorent-ils que le ciel, la terre, et tout ce qui existe dans l’espace, sont l’ouvrage véritable de Dieu, et qu’il a fixé le terme de leur durée ? Cependant la plupart nient la résurrection.

N’ont-ils pas parcouru la terre ? N’ont-ils pas vu quel a été le sort des anciens peuples ? Plus puissans qu’eux, ils y ont laissé des monumens de leur grandeur. Ils l’ont habitée plus long-temps. Des prophètes leur prêchèrent la vérité. Dieu ne les traita point injustement. Ils se perdirent eux-mêmes.

Livrés à l’impiété, ils niaient la religion divine ; ils insultaient à sa sainteté par leurs railleries ; et ils ont péri.

Dieu a créé l’homme. Il le ressuscitera, et le fera paraître devant son tribunal.

Le jour où le temps s’arrêtera, les méchans désespérés garderont le silence.

Ils ne seront point secourus par leurs divinités, et ils les méconnaîtront.

Le jour où le temps s’arrêtera, sera l’instant de la séparation.

Les croyans qui ont exercé la bienfaisance habiteront des prairies couvertes de fleurs.

Les infidèles qui auront nié l’islamisme et la résurrection, seront destinés aux tourmens.

Publiez les louanges du Seigneur le soir et le matin.

On le loue dans les cieux et sur la terre, au coucher du soleil, et à midi.

Il fait jaillir la vie du sein de la mort, et la mort du sein de la vie. Il fait éclore au sein de la terre stérile les germes de la fécondité. C’est ainsi que vous sortirez de vos tombeaux.

Les hommes créés de boue, et leur dispersion sur la terre, sont l’ouvrage de ses mains, et attestent sa puissance.

La création de vos femmes, formées de votre sang, pour que vous habitiez avec elles, l’amour, la piété qu’il a mis dans vos cœurs, annoncent sa bienfaisance à ceux qui réfléchissent.

La formation des cieux et de la terre, la diversité de vos langues, et de vos couleurs, sont pour l’univers un monument de sa puissance.

Votre repos pendant la nuit, et dans le jour, vos efforts pour vous procurer l’abondance, sont des signes de sa bonté pour ceux qui entendent.

La foudre qu’il fait briller à vos yeux au milieu de vos craintes, et de votre espérance, la pluie qu’il verse des nuages, pour féconder la terre stérile, annoncent sa grandeur à ceux qui comprennent.

La stabilité des cieux et de la terre est son ouvrage. À sa voix vous vous hâterez de sortir de vos tombeaux.

Les cieux et la terre forment son domaine ; L’univers lui obéit.

Il a formé toutes les créatures. Il ranimera leurs cendres. Ce prodige lui est facile. Il est le Très-Haut au ciel et sur la terre. La sagesse et la domination sont ses attributs.

Il vous propose des exemples tirés de vous-mêmes. Vos esclaves sont-ils vos égaux ? Partagez-vous avec eux vos richesses ? Avez-vous pour eux le respect que vous avez pour vous-mêmes ? C’est ainsi que nous expliquons notre doctrine à ceux qui ont l’intelligence.

Les méchans n’ont d’autre loi que leurs passions. Qui peut éclairer ceux que Dieu égare ? Ils n’auront point de défenseur.

Ouvre ton cœur à l’islamisme ; il est l’ouvrage de Dieu qui a créé les hommes pour l’embrasser ; il est le culte saint et éternel ; mais la plupart sont plongés dans l’ignorance.

Élève ton front vers le Seigneur. Nourris sa crainte dans ton âme. Fais la prière, et fuis l’idolâtrie.

De toutes les sectes qui couvrent la terre, aucune n’est mécontente de sa croyance.

Lorsque la verge du malheur frappe les hommes, ils élèvent vers Dieu leur voix suppliante ; à peine ont-ils éprouvé les effets de sa miséricorde, que le plus grand nombre d’entre eux retournent offrir de l’encens aux idoles.

Nos bienfaits ne servent qu’à hâter leur ingratitude. Jouissez, pervers ! Bientôt vous saurez.

Leur avons-nous envoyé un livre divin sur lequel ils puissent établir l’idolâtrie ?

Comblés de nos faveurs, ils se livrent aux excès de la joie ; punis de leurs crimes ils s’abandonnent au désespoir.

Ne voient-ils pas que Dieu dispense ou retire ses dons à son gré, afin de donner aux fidèles des marques de sa puissance ?

Acquittez-vous des devoirs sacrés envers vos proches. Soyez bienfaisans envers les pauvres et les voyageurs. O vous qui désirez les récompenses du Seigneur, ces actions ont un mérite à ses yeux.

L’usure, par laquelle l’homme veut augmenter ses richesses, ne produira rien auprès de Dieu. L’aumône que vous faites dans l’espoir de mériter sa présence, multipliera au centuple.

Dieu vous a tirés du néant. Il vous nourrit. Il vous enverra la mort, et vous fera ressusciter. Vos divinités peuvent-elles opérer le moindre de ces prodiges ! Louange au Tout-Puissant ! Anathème aux idoles !

Les crimes des hommes ont attiré les fléaux qui ont ravagé la terre et les mers. Nous leur avons fait éprouver une partie de nos châtimens, afin qu’ils reviennent à nous.

Dis : Parcourez la terre. Voyez quel fut le sort de ceux qui vous ont précédés. La plupart étaient idolâtres.

Embrasse l’islamisme avant le jour de la séparation, avant ce jour dont on ne pourra différer l’accomplissement.

L’incrédule sera chargé du poids de son infidélité, et le juste recevra le prix de ses bonnes œuvres.

Dieu comblera de biens les croyans vertueux. Les infidèles ne recueilleront que sa haine.

Les vents qu’il envoie vous présager une pluie fortunée, les vaisseaux qui fendent les ondes à sa voix, pour vous procurer l’abondance et vous rendre reconnaissans, sont des signes de sa puissance.

Avant toi nous envoyâmes des messagers de la foi prêcher la vérité aux peuples. Les scélérats furent punis. Notre justice devait cet exemple aux fidèles.

C’est l’Éternel qui déchaîne les vents, qui agite les nuages, qui les étend dans les airs, et de leur sein entr’ouvert fait couler à son gré la pluie sur les campagnes. Ceux qui la reçoivent se réjouissent.

Avant qu’elle tombât, ils étaient désespérés.

Arrêtez vos regards sur les traces de sa miséricorde divine. Voyez comme il fait éclore au sein de la terre stérile les germes de la fécondité ; c’est ainsi qu’il fera revivre les morts. Rien ne borne sa puissance.

Après ces bienfaits, si nous envoyons un vent qui brûle les moissons, ils deviennent ingrats.

Veux-tu faire entendre tes prédications aux sourds et aux muets, ils s’en retournent précipitamment.

Tu ne saurais tirer l’aveugle de ses ténèbres. Les fidèles seuls écouteront ta doctrine.

Dieu vous fait naître faibles, ensuite il vous donne la force, que suit la vieillesse couronnée de cheveux blancs. Il crée ce qu’il veut. La science et la puissance sont ses attributs.

Le jour où le temps s’arrêtera, les méchans jureront

Qu’ils ne sont demeurés qu’une heure dans le tombeau ; c’est ainsi qu’ils mentaient auparavant.

Les croyans éclairés par la grâce répondront : Vous y êtes resté le temps marqué dans le livre divin ; vous y êtes restés jusqu’au jour de la résurrection. Le voilà ce jour ; mais vous avez vécu dans l’aveuglement.

Leurs excuses seront vaines ; leur soumission sera sans fruit.

Le Coran offre aux hommes des exemples multipliés ; mais à la vue d’un miracle, l’incrédule s’écriait : C’est une imposture.

C’est ainsi que Dieu scelle le cœur de ceux qu’aveugle l’ignorance.

Souffre avec patience. La promesse de Dieu est infaillible. Que ceux dont la foi est chancelante, ne t’inspirent pas leur légèreté.



  1. Hegr est une vallée située entre Médine et la Syrie. C’était là qu’habitaient les Thémudéens. Gelaleddin.
  2. Ce livre est le Coran. Il est confié à la garde des anges. Ils doivent veiller à ce qu’il ne souffre ni changement ni altération. Gelaleddin.
      Lorsque Dieu envoya le Coran à Mahomet, Gabriel fut chargé du message. Des anges furent placés devant et derrière pour empêcher que les démons portassent atteinte à sa pureté. Les esprits célestes furent chargés de veiller à sa conservation. Zamchascar.
  3. Nous avons placé des signes au firmament. Ce sont, suivant les Arabes, les signes du Zodiaque dont voici les noms : Elhaml, eltôr, eljauza, elsartan, elaçad, elsembala, elmizan, elacrab, elcaus, elgedi, eldelou, elhaut. Le belier, le taureau, les gémeaux, le cancer, le lion, l’épi, la balance, le scorpion, le sagittaire, le capricorne, le verseau, les poissons.
  4. Les mahométans croient qu’avant Mahomet, les démons s’élevaient jusqu’aux signes du Zodiaque, qu’ils y écoutaient les discours des anges, et les révélaient ensuite aux devins et aux magiciens. À l’instant où Mahomet vint au monde, Dieu les chassa des sphères célestes, et leur défendit d’écouter les secrets du ciel. Il en est encore qui font des efforts pour y pénétrer ; mais des traits enflammés les en précipitent. Les météores que l’on voit briller au milieu des ténèbres, et que Virgile décrit ainsi :

    Sæpe etiam stellas, vento impendente, videbis
    Præcipites cœlo labi, noctisque per umbras,
    Flammarum longos à tergo albescere tractus.

    Les Turcs les regardent comme des traits de feu que le Très-Haut lance contre les démons qui s’efforcent de s’élever jusqu’aux signes du Zodiaque. Maracci, page 384.

  5. La ville d’Aleïca était située dans le désert près de Madian, sur le bord de la mer Rouge.
  6. Les habitans d’Hegr, c’est-à-dire les Thémudéens. Saleh fut leur apôtre. Voyez ci-dessus.
  7. Ce sont les sept versets qui composent le chapitre de l’introduction. Les musulmans les récitent toutes les fois qu’ils font la prière, c’est-à-dire, au lever de l’aurore, à midi, à trois heures, au coucher du soleil, et deux heures après
  8. C’est-à-dire Gabriel.
  9. Les Arabes sont, de tous les peuples de la terre, ceux qui ont le plus conservé les mœurs antiques. La vie pastorale est encore honorée parmi eux. Les princes ne dédaignent pas de conduire leurs troupeaux. Leurs filles vont encore puiser de l’eau à la fontaine.
  10. Gelaleddin pense que Mahomet parle dans ce verset de la tour de Babel. Nemrod, dit-il, bâtit une tour fort élevée. Il voulait monter dans les cieux et faire la guerre contre ses habitans. Dieu sapa dès le fondement son édifice. Il envoya un violent tremblement de terre, et la tour fut renversée.
  11. Les Arabes idolâtres croyaient que les anges étaient les filles de Dieu. Gelaleddin.
  12. Gelaleddin pense qu’au lieu de ces mots elhar, de la chaleur, on doit entendre elbard, du froid. Maracci, suivant sa manière honnête d’expliquer les difficultés, s’écrie : Nimis stolidum facit prophetam suum, qui caloris nomine frigus intelligat. C’est toute son explication, p. 400, réfutation du chapitre XVI. Nous osons croire que Gelaleddin s’est trompé, et que sous la zone torride, les vêtemens sont aussi nécessaires à la conservation de l’homme exposé à l’action d’un soleil brûlant, qu’ils le sont sous la zone glaciale à celle du sauvage enfoncé dans la neige ; du moins l’expérience dépose-t-elle en faveur de ce sentiment. Les Arabes sont toujours couverts de longs manteaux de laine qui arrêtent l’activité des rayons du soleil, et qui les empêchent de brûler au milieu des torrens de feux que réfléchit de toutes parts le réverbère des sables embrasés.
  13. L’esprit de sainteté : c’est ainsi que Mahomet nomme l’archange Gabriel.
  14. Les auteurs ne s’accordent point sur celui qu’on soupçonnait d’instruire Mahomet. Gelaleddin pense que c’était Caïn, chrétien que le prophète visitait de temps en temps. Jahia croit que c’était un esclave chrétien qui était libraire. Zamchascar dit que c’était un jeune homme nommé Aïch, qui travaillait dans la librairie, et qui était fervent musulman. D’autres prétendent que deux esclaves nommés Haber et Infer, armuriers à la Mecque, l’instruisaient. En effet, lorsque Mahomet passait devant leur maison, il entrait chez eux, et ils lui lisaient le Pentateuque et l’Évangile. Plusieurs croient que ces paroles, une langue étrangère, désignent Salman, Persan, dans lequel il avait beaucoup de confiance.
      Cette variété d’opinions peut nous conduire à la vérité. Mahomet voulant faire passer son livre pour divin, commença par protester qu’il ne savait ni lire ni écrire. Il feignit que la doctrine qu’il prêchait lui était révélée par Gabriel. Pour jouer ce rôle avec succès, il lui fallait des connaissances qu’un génie élevé ne peut pas donner seul. Il s’était instruit dans ses voyages. La retraite qu’il faisait chaque année dans une caverne du mont Tour, lui servait à lier ensemble les différentes parties de son système religieux ; mais il lui fallait connaître la religion chrétienne, la juive, et la tradition de son pays. Il ne pouvait puiser ces connaissances que dans les livres et dans le commerce des hommes. Aussi fréquentait-il les chrétiens, les juifs, les Persans ; aussi se faisait-il lire leurs livres sacrés. C’est pour cela qu’on lui reprochait d’être instruit par des hommes et non par des anges. Ainsi, les différentes opinions des commentateurs peuvent se concilier. Chacun des hommes cités aura contribue à instruire Mahomet. Il a ensuite combiné son système de religion, et composé le Coran.
  15. Ce chapitre est nommé Esra, qui veut dire il a transporté durant la nuit. Mahomet dit seulement dans le Coran que Dieu l’a transporté pendant la nuit du temple de la Mecque dans celui de Jérusalem. Il était trop prudent pour décrire ce voyage miraculeux, imaginé pour donner du poids à la nouvelle manière de prier qu’il voulait établir. Il se contenta de le raconter de vive voix, et voyant qu’il ne prenait pas dans le public, il n’en parla plus. La tradition a transmis le voyage nocturne comme une de ces vérités que les mahométans doivent croire sans examen. Les auteurs les plus graves le regardent comme une vision. Ils soutiennent que Mahomet ne fut transporté qu’en esprit. (Voyez vie de Mahomet.)
  16. L’homme porte son sort attaché au cou. Tous les musulmans croient à la prédestination. Ils pensent que le destin de l’homme est écrit à l’instant de sa naissance. Cette opinion les rend patiens dans le malheur et hardis dans le danger.
  17. L’arbre maudit c’est l’arbre zacoum. Il s’élève du fond de l’enfer. Lorsque Mahomet assure qu’il sera un sujet de tentation, il fait allusion aux débats des infidèles qui disaient : Le feu consume les pierres, comment l’arbre zacoum peut-il croître au milieu des flammes ? Gelaleddin.
      Le zacoum est un arbre épineux qui croît en Arabie, et dont les fruits sont extrêmement amers. C’est sans doute à cause de ces qualités malfaisantes que Mahomet le place dans l’enfer.
  18. Lorsque Mahomet entra triomphant à la Mecque, le temple était environné de trois cent soixante idoles. Il les frappa avec une baguette qu’il tenait à la main, en criant jusqu’à ce qu’elles furent renversées : la vérité a paru, le mensonge va s’évanouir. Gelaleddin. (Voyez vie de Mahomet, huitième année de l’Hégire.)
  19. Ce chapitre est intitulé Elcahaf, la caverne, parce que Mahomet y parle de plusieurs enfans qui s’étaient retirés dans une caverne pour conserver leur foi. Cette fable a beaucoup de rapport avec l’histoire des sept dormans d’Éphèse.
  20. Quelques interprètes pensent que la ville dont il est fait mention dans ce verset est Tharse de Cilicie.
  21. On dira qu’ils étaient sept. C’est le sentiment que l’on doit adopter suivant Ebnabbas.
  22. Ne dis jamais, etc. Quelques chrétiens ayant demandé à Mahomet l’histoire des sept dormans. Je vous la raconterai demain, répondit-il ; il oublia d’ajouter, si c’est la volonté de Dieu. Il fut repris de cette omission, et ce verset lui fut révélé : Ne dis jamais : Je ferai cela demain sans ajouter : si c’est la volonté de Dieu.
      Les Turcs ont parfaitement bien retenu cette maxime. Ils ne font jamais de réponse absolue. Qu’on leur demande viendrez-vous ? irez-vous ? terminerez-vous cette affaire ? Ils ajoutent toujours à la fin de leur réponse : en cha allah, si c’est la volonté de Dieu.
  23. Toutes les actions des hommes seront écrites dans ce livre. Les croyans le recevront dans la main droite, et les infidèles dans la main gauche. Gelaleddin.
  24. Les génies, comme nous l’avons déjà dit, tiennent le milieu entre les anges et les hommes. Ils peuvent donner l’existence à des êtres semblables à eux. Éblis, dont nous avons fait le mot Diable, fut leur père.
  25. Josué fils de Nun.
  26. La fuite de ce poisson était le signe auquel Moïse devait reconnaître la rencontre prochaine de celui qu’il cherchait. Gelaleddin.
  27. Antioche.
  28. Alexandre est nommé dans le Coran Zou Cornain, c’est-à-dire possesseur de deux cornes. Quelques Auteurs arabes prétendent qu’il se nommait ainsi parce qu’il portait deux cornes à sa couronne ; d’autres parce qu’il possédait deux empires, celui des Perses et celui des Grecs. Zamchascar.
      Ismaël, fils d’Ali, dans son histoire d’Alexandre, fils de Philippe, soutient que celui dont il est parlé dans le Coran n’est point Alexandre-le-Grand. Il assure, d’après le sentiment de plusieurs auteurs, que Zou Cornain vivait du temps d’Abraham, qu’on doit entendre par ce nom Afrid, fils d’Asphian, sixième roi de Perse, ou bien Essaab, fils d’Elraïs, roi de l’Arabie heureuse. Quoi qu’il en soit, le sentiment le plus généralement reçu, est que Zou Cornain est le même qu’Alexandre-le-Grand.
  29. Il vit le Soleil se coucher dans une mer en feu. Ces mots fiaïn hamiat, dans une mer en feu, Marracci les a traduits ainsi : dans une fontaine de boue noire. Il est vrai que le mot aïn signifie une fontaine, mais il a bien d’autres acceptions ; il signifie aussi un courant d’eau, une étendue d’eau. Hamiat est un dérivée de la cinquième conjugaison du verbe hama, il a produit de la chaleur. Maracci a pris hamaat, qui veut dire de la boue noire, pour hamiat, être en feu ; et il a traduit : il vit le soleil se coucher dans une fontaine de boue noire. Peut-être aussi que cette manière de rendre le texte, fournissant une plus ample matière à réfutation, lui a paru préférable.
  30. Ces deux montagnes sont dans la Thrace. Alexandre ferma d’un mur le passage qu’elles laissaient entre elles. Gelaleddin. Lorsque Mahomet a voulu écrire sur l’histoire, il n’a débité que des fables ; mais il a toujours eu soin de les adapter à ses vues et à son système de religion. Le charme inimitable de son style, le ton prophétique avec lequel il les a publiées, les font passer aux yeux des Mahométans peu instruits pour des vérités incontestables.
  31. Jagog et Magog sont les noms barbares de deux Tribus. Zamchascar les fait descendre de Japhet, troisième fils de Noë. Ils ajoutent qu’elles étaient antropophages. D’autres auteurs prétendent que Jagog et Magog étaient des géans. Ils paraissent être les mêmes que Gog et Magog dont parle Ézéchiel, et dont l’Apocalypse de saint Jean fait mention. Maracci.
  32. K. H. I. A. S. Ces caractères sont mystérieux, et Dieu seul en a la connaissance. Gelaleddin.
  33. Si l’on en croit Gelaleddin, Zacharie avait alors cent vingt ans et son épouse quatre-vingt-dix-huit.
  34. Dès la plus haute antiquité, les femmes des contrées orientales ont été dans l’usage de se couvrir le visage. De nos jours elles ne paraissent point en public sans être voilées. Ces voiles sont de mousseline et descendent jusqu’à la ceinture. On y laisse deux petites ouvertures, afin qu’elles puissent voir à se conduire. Deux causes doivent avoir introduit parmi les femmes de l’Orient, l’usage de se couvrir le visage, la chaleur excessive qui effacerait bientôt l’éclat de leur teint, et la jalousie excessive des hommes qui ne veulent pas qu’elles soient vues.
  35. Ce palmier était desséché, sans branches et sans feuillage, c’était en hiver. À la voix de l’ange il se couvrit de feuilles et de fruits. Zamchascar.
  36. Cet Aaron était de la famille du prophète de même nom. Il était frère de Marie, et jouissait parmi les Hébreux d’une grande réputation de probité et de vertu. Zamchascar.
  37. Les Arabes débitent beaucoup de fables au sujet d’Henoch. Nous nous contenterons de rapporter ce qu’en dit Ismaël ebn Ali. Henoch fut enlevé au Ciel à l’âge de trois cent cinquante ans. Dieu lui donna l’esprit prophétique et lui révéla les secrets du ciel. Il lui envoya trente volumes sacrés. Henoch fut le premier qui se servit de la plume et de l’épée pour défendre la religion. Il inventa l’astrologie et apprit aux hommes à compter et à peser.
  38. T. H. Tous ces caractères sont mystérieux, et Dieu seul en a la connaissance. Gelaleddin. Zamchascar.
  39. Sa main fut couverte d’une lèpre blanche sans qu’il ressentît aucune douleur. Gelaleddin.
  40. Pharaon se faisait rendre les honneurs divins. Gelaleddin.
  41. En adorant les idoles.
  42. Sameri sachant que sous les pieds du cheval de Gabriel, le sable se convertissait en or, et devenait propre à donner la vie, prit de la poussière sur laquelle le coursier céleste avait imprimé ses pas, et la fondit avec les ornemens les plus pesans des Hébreux. Il en fit un veau d’or mugissant et animé. Telle est l’opinion des mahométans au sujet de ce veau.
  43. Au second son de la trompette qu’embouchera Asraphel, les âmes des humains en sortiront comme un essaim d’abeilles, et iront rejoindre leurs corps. Jahra.
  44. Cette profession de foi est comme nous l’avons déja dit, la ila ella allah ou Mohammed raçoul allah, il n’y a de Dieu que Dieu et Mahomet est son prophète. Il ne faut jamais prononcer ces mots devant des Turcs à moins qu’on ne soit disposé à se faire circoncire.
  45. Mahomet craignait d’oublier un mot, lorsque Gabriel lui récitait les versets du Coran, se hâtant de les répéter avant même que l’ange eût fini. Dieu lui reprocha sa crainte et sa précipitation. Gelaleddin.
  46. Adam et Hève étaient nuds, et couverts seulement de leur longue chevelure.
  47. Les Mahométans prient cinq fois le jour. Ils n’ont point de cloches. Des crieurs annoncent du haut des minarets la prière au peuple.
  48. Celui qui lira ce chapitre sera jugé avec douceur au jour de la résurrection. Les prophètes dont il est fait mention dans le Coran, lui tendront la main, et lui donneront le salut. Zamchascar.
  49. Le Coran est pour moi la preuve que les anges n’adorent qu’un Dieu. Le Pentateuque et l’Évangile attestent cette vérité aux juifs et aux chrétiens. Telle est l’explication de Gelaleddin au sujet de ce passage. Nous l’avons suivie comme la plus naturelle.
  50. Cette solidité des cieux n’est qu’une expression figurée, par laquelle Mahomet, fait entendre qu’ils étaient fermés à la pluie.
  51. Abraham, après avoir mis en pièces les idoles de ses pères, attacha sa hache au col de la plus grande qu’il laissa entière, afin que le peuple tournât vers elle ses soupçons. Gelaleddin.
  52. Les auteurs arabes disent que les Chaldéens ayant fait un grand bûcher, y jetèrent Abraham enchaîné, mais que les flammes consumèrent ses liens sans toucher à sa personne. Maracci.
  53. Un troupeau entré dans un champ pendant la nuit, y avait fait du dégât. L’affaire fut portée devant David. Il jugea que les brebis devaient être livrées pour le dommage. Salomon fut d’un sentiment différent. Il prononça que leur laine, leur lait, et leurs agneaux seraient abandonnés au possesseur du champ jusqu’à ce que le dommage fût réparé, et qu’ensuite le berger reprendrait son troupeau. David applaudit à cette sentence. Gelaleddin.
  54. Les commentateurs du Coran, instruits par les Thalmudistes, disent que Dieu avait soumis à David et à Salomon, les montagnes, les vents, les animaux et les démons. Ils commandaient à la nature entière. Lorsque David était fatigué de chanter des cantiques, il ordonnait aux montagnes et aux oiseaux de le remplacer. Dieu lui apprit l’art de faire des cuirasses. Maracci. Les psaumes de David auront donné lieu à cette fable. On aura pris à la lettre ce qui était dans un sens figuré.
  55. Nous rapporterons ici ce que les docteurs musulmans pensent de Job. Il descendait d’Esaü et possédait de grandes richesses. Des troupeaux de bœufs, de moutons, de chameaux et de chevaux couvraient ses campagnes. Son épouse se nommait Rahmet. Dieu l’éprouva en lui ôtant tous ses biens. Il fut réduit à une extrême misère. Couvert de vermine, couché sur un fumier (a), personne ne pouvait supporter la puanteur qui s’exhalait de son corps. Sa femme le servait avec patience ; mais Satan étant venu lui rappeler son ancienne félicité, et lui promettre de lui rendre ses richesses s’il voulait l’adorer, Rahmet le pria d’y consentir. Job en colère jura, que s’il revenait en santé, il lui donnerait cent coups de verges. Le ciel couronna sa persévérance. Il lui envoya l’ange Gabriel qui le prit par la main, et l’aida à se lever. À l’instant une fontaine jaillit de dessous ses pieds. Il s’y désaltéra, s’y lava. Les vers qui le rongeaient tombèrent. Il devint plus beau qu’il n’avait été. Dieu augmenta ses richesses, et lui rendit sa famille et ses enfans, etc. Plusieurs auteurs croient que Job fut prophète, et qu’il vécut du temps de Jacob. On compte parmi ses fils, Basciar, Hod et d’Elcaphel. Chronique d’Ismaël ebn Ali, au chapitre de Job.

      (a) Le mot arabe mezbalat signifie fumier. La vulgate l’exprime de la même manière. Mais dans l’hébreu, mezbalat est rendu par le mot cendre, ce qui ne s’accorde plus avec le texte. D’où il paraît que Job a écrit en arabe, et que notre vulgate a été traduite d’après le texte arabe. Marracci.
  56. Ismaël ebn Ali croit que Delcaphel était fils de Job, et qu’il habitait la Syrie. Il fut nommé ainsi parce qu’il jeûnait le jour, et veillait la nuit. Il jugeait sans aigreur les différens des mortels, de manière que tous ceux qui s’en rapportaient à son jugement s’en retournaient toujours satisfaits. Gelaleddin.
  57. Lorsque l’ange Sehel aura lu les actions de chaque homme, il pliera le livre, et son sort sera décidé. Geladeddin.
  58. Suivant le sentiment des auteurs arabes, la maison sainte avait été apportée du ciel par les anges. Soixante-dix mille y priaient tous les jours, et les mêmes n’y entraient jamais deux fois. Adam en avait fait quarante fois le pèlerinage du fond de l’Inde. Ayant été enlevée au ciel avant le déluge, Dieu en donna l’emplacement à Abraham pour y bâtir le temple de la Mecque.
  59. Avant Mahomet les Arabes faisaient le pèlerinage de la Mecque. Ils venaient y célébrer la mémoire d’Abraham et d’Ismaël. Ce n’était qu’un usage. Mahomet le consacra par des cérémonies religieuses, et leur en fit un précepte. Il cachait sous le motif de la religion des vues politiques. Il voulait que la Mecque devînt un point de réunion pour tous les mahométans ; qu’ils vinssent y chercher les aromates de l’Arabie heureuse, et apporter en échange leur or et les productions de leur pays. Les grandes caravanes qui partent tous les ans de Perse, de Damas, de Maroc et du Caire, se réunissent à la Mecque. Il se fait pendant le temps du pèlerinage un commerce immense dans cette ville, et à Gedda qui en est le port.
  60. Le temple de la Mecque.
  61. Idem.
  62. Cette accusation fut intentée contre Aïesha, épouse chérie de Mahomet, que quelques musulmans accusèrent d’avoir eu commerce avec Sawan. On peut voir ce que nous en avons dit dans la vie de Mahomet, sixième année de l’Hégire.
  63. Les femmes turques, comme nous l’avons dit, ne sortent point en public, sans être voilées. En Égypte elles s’enveloppent d’un long manteau de soie noire qui leur couvre tout le corps. Des babouges d’un cuir jaune et très-mince leur servent de chaussure. De longs caleçons et des habits traînant à terre empêchent qu’on ne leur voie la jambe ; mais comme elles ne portent point de bas, Mahomet leur défend d’agiter les pieds de manière à laisser apercevoir des charmes qui doivent être voilés. Elles paraissent toujours en public habillées avec la plus grande décence. Dans l’intérieur de leurs maisons, elles quittent tout cet attirail, et sont vêtues de la manière la plus légère.
  64. L’ancienne autorité des pères de famille, la première que les hommes ayent connue, s’est conservée dans l’Orient. Le Coran ne l’a point établie. Il n’a fait que la rendre plus sacrée. Le père de famille y jouit encore des droits que la nature lui a donnés. Il est juge et pontife. Ses serviteurs, ses enfans ne paraissent point devant lui sans sa permission. Ils doivent aller le matin, à midi et le soir lui offrir leurs services, et recevoir ses bénédictions. Il juge les différens qui naissent parmi eux, et immole les victimes du Beïram (fête des Turcs). C’est là que l’on voit des objets attendrissans. Le même toit renferme souvent quatre générations. L’extrême vieillesse, l’âge viril, la tendre enfance, y sont réunis par des liens sacrés et chéris.
  65. Les Orientaux sont dans l’usage de dormir à midi. Ils expédient leurs affaires le matin, font un léger repas vers onze heures, et laissent passer dans les bras du sommeil le temps de la plus grande chaleur. C’est un besoin produit par un climat brûlant. Les Européens s’y accoutument à la longue. Les Turcs qui peuvent reposer alors près d’un ruisseau, à l’ombre des orangers, se croient déjà en possession du jardin de délices que leur promet Mahomet.
  66. Rassi est le nom d’un puits situé dans le territoire de Madian. Un jour que les Madianites étaient assis à l’entour, la terre s’abîma, et ils furent tous engloutis. Gelaleddin.
  67. Pour prier.
  68. T. S. Tous ces caractères sont mystérieux, et l’on ne peut en donner d’explication raisonnable.
  69. Salomon entendait ce qu’un oiseau faisait comprendre à un autre par ses cris et ses chants. Zamchascar.
  70. Cette femme, suivant les auteurs arabes, est Balcaise, reine de l’Arabie heureuse.
  71. La lettre de Salomon était conçue en ces termes : Salomon serviteur de Dieu et fils de David, à Balcaise, reine de Saba. La paix soit avec celui qui suit la lumière. Ne vous révoltez pas contre moi. Venez me trouver et croyez. Il parfuma la lettre avec du musc ; il la scella de son sceau, et commanda à la Huppe de la porter. Gelaleddin
  72. Balcaise envoya à Salomon mille esclaves, cinq cents de chaque sexe, un grand nombre de plats d’or enrichis de pierres précieuses, du musc et de l’ambre. Gelaleddin.
  73. Gelaleddin nous fait une description pompeuse de ce trône fabuleux. Si l’on en croit cet auteur, il avait quatre-vingts coudées de long, quarante de large, et trente de haut. Il était composé d’or et d’argent. Une couronne de rubis et d’émeraudes régnait à l’entour. Les colonnes qui le soutenaient étaient faites des mêmes pierres précieuses. Il contenait sept appartemens où l’on entrait par sept portes.
  74. Le palais était construit de verre transparent. Un ruisseau où l’on voyait nager les poissons coulait sous ce merveilleux édifice. Lorsque la reine y entra elle releva ses habits croyant passer un torrent. Gelaleddin.
  75. Ce monstre que les commentateurs du Coran ont peint chacun à leur manière, aura cinquante coudées de long. Il courra d’une vitesse extraordinaire, et aura des crins, des plumes et deux ailes.
      Ebn Jarih le décrit avec la tête d’un taureau, les yeux d’un porc, les oreilles d’un éléphant, les cornes d’un cerf, le cou d’une autruche, la poitrine d’un lion, la couleur d’un ours, le milieu du corps d’un chat, la queue d’un belier, et le pied d’un chameau. Il sortira de la grande mosquée de la Mecque, et épouvantera la terre de sa voix. Il prononcera ces mots : Les hommes n’ont point cru l’islamisme. Zamchascar.
  76. T. S. M. Voyez ce que nous avons dit ci-dessus au sujet de ces caractères.
  77. La mère de Moïse l’allaita pendant trois mois. Craignant ensuite pour ses jours, elle l’enferma dans un coffre enduit de poix, fait en forme de berceau, et le déposa sur le Nil. Maracci.
      La tradition du pays porte que le berceau de Moïse s’arrêta devant le Mekias, ancien château bâti à la pointe d’une île située entre le vieux Caire et Giza. Cet édifice tombe en ruine. On n’y voit de bien conservé qu’un bassin carré, creusé à la profondeur du Nil, avec lequel il communique par un canal. Du milieu de ce bassin s’élève une colonne de marbre qui sert à marquer les divers accroissemens du fleuve. Aussitôt qu’il commence à croître, des crieurs publics vont soir et matin consulter la colonne, et proclament dans les rues du grand Caire la hauteur journalière de l’eau. Lorsqu’elle est à un certain période, on fait de grandes réjouissances, on coupe les digues, et le Nil arrose les campagnes. Le mot mekias signifie mesure d’eau.
  78. Moïse partit de Memphis, capitale de l’Égypte, et demeura huit jours dans son voyage. Comme il ignorait le chemin, un ange fut son conducteur. Gelaleddin.
      Il ne reste aucune trace de Memphis. Les villes du Grand-Caire et de Boulac auront été bâties de ses débris. Si l’on creusait dans les monceaux de sable qui s’élèvent aux environs du vieux Caire, on trouverait peut-être des monumens qui fixeraient la position de cette ancienne capitale de l’Égypte. Thèbes et Alexandrie ont laissé des ruines qui attestent encore leur ancienne magnificence ; mais Memphis a subi le sort de plusieurs autres villes fameuses, elle a disparu entièrement de la face de la terre.
  79. Le mot cheikh signifie vieillard ; mais comme les vieillards avaient anciennement toute l’autorité, et que les Arabes ont conservé les mœurs antiques, ils se servent encore de ce mot pour désigner leurs chefs.
  80. Lorsque Moïse arriva à la demeure de Jetro, que les Arabes nomment Chaïb, il trouva le dîner prêt. Assied-toi et mange avec nous, lui dit le vieillard. Je n’accepte point ton offre, lui répondit Moïse, comme le prix du service que j’ai rendu à tes filles. Il est une loi inviolable dans ma famille : on fait le bien sans en recevoir de récompense. Et moi, répliqua Jetro, j’ai pour coutume (et ce fut celle de mes pères) de bien accueillir mes hôtes, et de les nourrir. Gelaleddin.
      L’hospitalité est encore en honneur parmi les Turcs. Si un étranger se présente à l’heure du repas, on le fait asseoir, et il est traité comme les autres. On ne lui demande point d’où il vient, où il va, ce qu’il est ; questions accablantes pour les malheureux. C’est un homme qui se présente à l’heure du repas, on le reçoit comme s’il était de la famille, et en le traite avec la même bonté. Aussi ne voit-on point de mahométan déshonorer l’humanité, en exposant, au milieu des chemins et des rues, sa misère à ses semblables.
  81. Lorsque Moïse fut sur le point de quitter Jetro, le vieillard ordonna à sa fille de lui donner la baguette avec laquelle il écartait les bêtes féroces de son troupeau ; c’était la verge des Prophètes. Elle était faite de myrte du Paradis terrestre. Adam l’avait possédée le premier. Moïse la reçut des mains de son épouse, avec la science de Jetro. Gelaleddin.
  82. Les auteurs arabes racontent des fables sans nombre au sujet de cette tour. Cinquante mille ouvriers y travaillaient chaque jour. Lorsqu’elle fut très-élevée, Pharaon monta sur le sommet, et lança contre le ciel un trait qui retomba couvert de sang. Le roi se glorifia d’avoir tué le Dieu de Moïse ; mais Gabriel d’un coup d’aile renversa l’édifice qui écrasa une partie de son armée. Zamchascar.
  83. C’est-à-dire consacrés au culte d’un seul Dieu.
  84. Les Démons.
  85. Caron ou Coré, le plus riche et le plus beau des enfans d’Israël, avait fait bâtir un palais magnifique. Il avait formé un parti parmi les Hébreux, et songeait à devenir leur chef. Il gagna à prix d’or une femme qui devait déclarer publiquement que Moïse avait eu commerce avec elle. Un jour que le prophète faisait un discours au peuple, et qu’il prononçait la peine de mort contre l’adultère, Caron se leva et lui dit : Si tu étais toi-même coupable de ce crime, quelle devrait être ta punition ? La mort, répondit Moïse. Aussitôt on fit paraître la femme apostée ; mais, loin de calomnier l’innocence, elle découvrit le complot. Moïse à l’instant s’écria : O terre engloutis les scélérats, et la terre les engloutit. Ismaël ebn Ali, au chapitre de Caron.
  86. C’est-à-dire son entrée à la Mecque, d’où il avait été obligé de fuir pour sauver ses jours.
  87. Le cours entier de la vie de Noé fut de mille cinquante ans. Il en avait quarante lorsque Dieu lui commanda de prêcher. Sa mission dura jusqu’au déluge, c’est-à-dire neuf cent cinquante ans. Il en vécut encore soixante après. Gelaleddin. Zamchascar.
  88. Les deux armées se rencontrèrent dans la Mésopotamie, où elles livrèrent combat. Zamchascar.
      Les Grecs qui étaient chrétiens furent vaincus par les Perses qui adoraient les idoles. Les idolâtres de la Mecque se réjouirent de leur défaite, et dirent aux croyans : nous triompherons de vous, comme les Perses ont triomphé des Grecs. Gelaleddin.
  89. Cette prédiction s’étant accomplie, les mahométans en tirèrent de grands argumens pour prouver que Mahomet était prophète ; mais il est aisé de voir combien sont futiles des raisonnements appuyés sur une prophétie aussi vague, et qu’un homme qui connaissait l’état de l’empire des Grecs, et de celui des Perses, pouvait faire à coup sûr.