Coran Savary/Vie de Mahomet/JC639

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Traduction par Claude-Étienne Savary Voir et modifier les données sur Wikidata.
G. Dufour (1p. 125-136).
(Depuis la chute d’Adam, suivant Abul-Feda. 6124. — Depuis la naissance de J.-C. 639. — Après l’hégire. 9. — De Mahomet. 61.)

La neuvième année de l’hégire fut célèbre par le concours des ambassadeurs, qui vinrent s’humilier devant le prophète de l’islamisme. La plupart des princes arabes, avaient jusqu’alors été simples spectateurs des combats livrés entre la Mecque et Médine. Ils attendaient pour se déclarer, l’arrêt de la victoire[1]. Lorsqu’elle eut prononcé ; lorsque les Coreïshites, respectés comme les dépositaires de la religion et les gardiens, du territoire sacré, eurent courbé leur front sous la loi du mahométisme, les idolâtres vinrent en foule rendre hommage au vainqueur, et lui prêtèrent serment de fidélité. Cette prophétie s’accomplit : « Lorsque Dieu enverra son secours et la victoire, vous verrez les hommes embrasser à l’envi l’islamisme[2]. » Mahomet fit un accueil favorable aux envoyés des peuples. Il les traita chacun suivant sa dignité, et les renvoya avec de riches présens. Un des principaux fut Moseïlama, prince d’Yemama, ville qui a donné son nom à la province dont elle est capitale. Il se fit musulman et prêta serment de fidélité. À peine fut-il de retour dans ses états, qu’il apostasia. Souverain d’une grande ville, honoré parmi ses sujets, il crut pouvoir jouer avec succès le rôle de prophète. Il se mit à prêcher. Un nombre de partisans assez considérable s’étant rangés sous ses drapeaux, il se regarda comme l’égal de Mahomet, et lui écrivit en ces mots : « Moseïlama, apôtre de Dieu, à Mahomet, apôtre de Dieu, salut. Que la moitié de la terre soit à toi, et l’autre moitié à moi. » Trop bien affermi pour avoir besoin d’un associé, Mahomet lui fit cette réponse : « Mahomet, apôtre de Dieu, à Moseïlama, le menteur. La terre appartient à Dieu. Il en donne l’héritage à qui il lui plaît. La victoire accompagnera ceux le craignent. » Les talens de Moseïlama ne répondaient pas à son ambition. Son règne fut passager. Il périt dans une grande bataille que lui livra Khaled, sous le califat d’Abubecr, et son parti fut anéanti.

Arwa, prince des Takifites, était absent lorsque les Musulmans assiégèrent Taïef. Il vint à Médine, et embrassa l’islamisme. Il voulut devenir l’apôtre de son peuple[3]. Mahomet lui représenta l’opiniâtreté des Takifites, et les dangers de son apostolat. Malgré ces avertissemens, Arwa alla prêcher ses compatriotes. La mort fut le prix de son zèle. Il fut tué d’un coup de flèche.

Caab, fils de Zohaïr, dont la tête avait été proscrite, osa retourner à Médine. Choisissant le moment où Mahomet était à la mosquée entouré d’un peuple nombreux, il parut au milieu de l’assemblée. Il prononça la profession de foi des Musulmans, et récita le poëme fameux que les Arabes regardent comme un chef-d’œuvre de l’art, et qui commence par ces mots : Ma félicité commence. Le jour désiré brille à mes yeux, etc. Mahomet fut si flatté des louanges du poëte, qu’il se dépouilla de son manteau et l’en revêtit[4]. C’est avec ce Caab que le docteur Prideaux confond le satirique de même nom, mis à mort la troisième année de l’hégire.

La paix régnait en Arabie. Les peuples, séduits ou domptés, révéraient, ou craignaient leur apôtre, leur conquérant. Quelques petits princes idolâtres n’avaient point encore subi le joug. Ils ne parurent pas assez formidables à Mahomet pour lui faire suspendre l’exécution de ses desseins. C’était peu pour lui d’avoir soumis les Arabes, s’il n’employait leurs forces réunies, pour renverser les trônes des voisins, et pour envahir leurs états. La Syrie avait attiré ses regards. Cette riche contrée était à sa bienséance. Il en médita la conquête, et si la mort ne lui laissa pas le temps d’exécuter ce projet, il traça du moins à ses successeurs la marche qu’ils devaient suivre. Ayant appris que les Grecs levaient des troupes sur la frontière, il publia contr’eux la guerre sainte. N’ayant eu jusqu’alors que des tribus divisées à combattre, il avait couvert du mystère toutes ses démarches. Le secret de ses expéditions, la rapidité de ses attaques, n’avaient pas laissé aux ennemis le temps de se reconnaître. Presque tous avaient été défaits avant d’avoir pu réunir leurs forces. C’est à cette politique qu’il devait tant de succès. Contre les Grecs rassemblés sous une même domination la surprise devenait inutile. Il fallait de grandes batailles pour les réduire ; il changea de plan, et manifesta son intention. Afin que les Musulmans fissent des efforts proportionnés, il leur dévoila les fatigues et les obstacles qu’ils auraient à surmonter, le nombre et le courage des ennemis qu’il faudrait combattre[5]. Les préparatifs se faisaient au mois de Rajeb. La chaleur était extrême. La sécheresse et la stérilité désolaient le territoire de Médine. L’attente des nouveaux fruits, l’espoir d’une récolte prochaine enchaînaient les courages. Une armée formidable entraînait des dépenses extraordinaires. L’éloquence et la fermeté de Mahomet triomphèrent de tous ces obstacles. Abubecr donna tous ses biens pour la guerre sainte. Omar sacrifia la moitié de ses richesses. Elabbas fournit de grandes sommes d’argent. Ohtman apporta mille écus d’or, fit tuer trois cents chameaux, et se chargea d’entretenir trois régimens pendant la campagne.

Tout étant prêt, Mahomet se mit en marche et alla camper à quelques lieues de Médine. Abdallah, l’incrédule, y demeura avec ses partisans. Ils se moquaient des croyans qui, poussés par un zèle superstitieux, allaient s’exposer à tant de périls pendant l’excès des chaleurs. Mahomet leur répond ainsi dans le Coran : « Satisfaits d’avoir laissé partir le prophète, ils ont refusé de soutenir la cause du ciel, de leurs biens et de leurs personnes, et ils ont dit : N’allez pas combattre pendant la chaleur. Réponds-leur : Le feu de l’enfer sera plus terrible que la chaleur. S’ils le comprenaient[6] ! »

Parmi les Musulmans, Caub, fils de Malec ; Merara, fils de Rabié ; Helal, fils d’Omaïa, furent les seuls qui refusèrent de se rendre aux ordres de leur général[7]. En son absence, il avait confié le gouvernement de Médine, et le soin de sa famille au brave Ali. Les idolâtres, qui redoutaient sa fermeté, frémirent de dépit, et cherchèrent à jeter des soupçons dans son cœur. Ils publièrent que Mahomet l’avait laissé derrière parce qu’il était jaloux de ses exploits. Ces discours affligèrent Ali. L’amour de la gloire se réveilla. Il prit ses armes, se rendit au camp, et apprit au prophète les bruits injurieux qui couraient sur son compte. « Ce sont des imposteurs, lui dit Mahomet. Retournez à Médine. Soyez-y mon vicaire, et prenez soin de ma famille. Refuseriez-vous de remplir auprès de moi la place qu’Aaron occupait auprès de Moïse ? » Ali, consolé, se rendit à son poste, et fit taire l’envie.

L’armée des croyans, forte de vingt mille hommes d’infanterie et de dix mille hommes de cavalerie, se mit en marche. Les chaleurs étaient excessives. Brûlés par un soleil ardent, étouffés par la poussière, dévorés par la soif, les soldats succombaient sous l’excès de la fatigue. L’exemple d’un général qui marchait à leur tête sans se plaindre, soutenait seul leur courage[8]. Lorsqu’ils furent arrivés à Hegr[9], vallée située à une station de Wadi Elcora, ils voulurent se désaltérer à une de ses sources. « Gardez-vous de boire de cette eau, leur cria Mahomet : elle est infectée, ; des impies s’y sont désaltérés. Gardez-vous d’entrer dans ces maisons ; les peuples qui les habitaient furent injustes et sacriléges. Pleurez sur eux, et craignez de mériter le châtiment qui les fit périr. » En prononçant ces mots, il se couvrit le visage de son manteau, et franchit la vallée au galop[10]. Après avoir traversé de vastes déserts, et supporté des fatigues incroyables, il arriva à Tabuc[11], où il trouva des eaux et des palmiers. Il s’y arrêta pour prendre des informations de l’ennemi. Ayant appris que les Grecs s’étaient retirés, il se borna à soumettre les petits princes des environs, afin de s’assurer des frontières de la Syrie. Comme il était sur les terres de l’empereur Héraclius, il lui écrivit une seconde lettre pour l’engager à embrasser l’islamisme. L’empereur reçut son ambassadeur avec honneur, et le renvoya avec de bonnes paroles.

[12] Cependant les habitans des bourgs et des villes voisines, effrayés par l’approche d’une armée formidable, se hâtèrent de conjurer l’orage. Ils envoyèrent des députés au camp de Tabuc, et rendirent hommage au chef des Musulmans[13]. Yohanna, seigneur d’Aïla, prince chrétien, y vint lui-même. Il obtint la paix, à condition qu’il paierait par an un tribut de trois mille écus d’or. Le prophète lui accorda ce diplôme en forme de lettres-patentes : « Au nom de Dieu clément et miséricordieux[14]. Que ces lettres accordées au nom de Dieu et de Mahomet, son apôtre, servent de sauvegarde à Yohanna, et aux citoyens d’Aïla[15]. Que leurs vaisseaux et leurs caravanes parcourent la mère et la terre, sous la protection de Dieu et de Mahomet, son prophète. Que les habitans de Syrie, de l’Yémen et des côtes maritimes qui commerceront avec eux, jouissent des mêmes priviléges. Si quelqu’un d’eux acquiert de nouvelles richesses, qu’il ne les préfère pas au salut de son âme. S’il fait des captifs, qu’il les traite avec humanité, leur accordant la nourriture et les secours dont ils auront besoin, et qu’ils promettront de payer lorsqu’ils seront devenus libres. » Les habitans d’Aïla ont gardé précieusement cet écrit, et le conservent encore de nos jours. Non content de cette faveur, le prophète fit présent aux citoyens d’Aïla du manteau[16] qu’il portait alors.

[17] Mahomet reçut favorablement les députés d’Adroh et de Jarha, villes situées sur les frontières de Syrie, et leur accorda la paix, à condition qu’ils lui paieraient un tribut de deux cents écus. Tous les petits souverains des environs qui refusèrent d’embrasser l’islamisme, devinrent ses tributaires. Ocaïder, prince chrétien de la tribu de Kenda, refusa de rendre hommage au conquérant. Fier du titre de roi de Doumat Elgendal, ville située à cinq stations de Damas, il n’envoya point d’ambassadeurs au camp de Tabuc. Retiré dans la forteresse de Madhen avec ses trésors et sa famille, il se crut à l’abri de la tempête ; mais Mahomet craignait de laisser derrière lui un ennemi dangereux. Il dépêcha Khaled avec quatre cents chevaux, et lui commanda d’enlever le prince rebelle. Tout le pays jusqu’aux frontières de Syrie étant subjugué, il partit de Tabuc après y avoir séjourné vingt jours. Tandis qu’il ramenait ses troupes à Médine, Khaled volait vers Madhen. Ayant trop peu de monde pour employer la force ouverte, il fit usage de la ruse. Posté en embuscade à quelque distance du château, il épia le moment où Ocaïder sortit pour la chasse, et l’enleva avec son cortége. Hasan, un des frères du prince, ayant fait quelque résistance, fut tué. Il était revêtu d’une cotte d’armes de brocard, couverte de lames d’or. Elle fut envoyée au prophète pour gage de la victoire. Cette riche dépouille attira les regards de toute l’armée. Chaque soldat voulait la voir, la toucher. Témoin de leur admiration stupide, Mahomet la fit cesser[18]. « Vous contemplez avec étonnement, leur dit-il, la richesse de cette cotte d’armes. Apprenez que les essuie-mains dont Saad se sert dans le paradis, sont infiniment plus précieux. » Cependant Khaled, aussi adroit négociateur que vaillant capitaine, se fit remettre les clefs du château de Madhen, avec mille chameaux, huit cents chevaux et quatre cents cuirasses. Il amena Ocaïder et son frère Masoud aux pieds de l’apôtre qui leur pardonna, leur imposa tribut, et les renvoya dans leur pays avec des lettres de sauvegarde.

En ramenant son armée à Médine, Mahomet passa près du territoire des Ganamites[19]. Ces Arabes, chrétiens dissimulés, avaient élevé un temple pour l’opposer à celui de Koba, dont il avait fait la dédicace en y priant solennellement. Désirant d’attirer chez eux le concours des peuples, ils sollicitèrent un pareil honneur[20]. Le prophète était prêt à le leur accorder, lorsqu’il apprit qu’Abu Amrou devait être le pontife de ce temple. Ce moine fervent, voulant s’attirer la vénération des peuples, marchait toujours couvert d’un cilice[21]. Le zèle du christianisme, la haine qu’il portait à Mahomet, le déterminèrent à partir pour Constantinople. Il demanda des troupes à Héraclius pour combattre l’ennemi de sa religion ; mais l’empereur refusa de lui accorder sa demande. Voici le tableau que le Coran nous offre de ce temple : « Ceux qui ont bâti un temple, séjour du crime et de l’infidélité, sujet de discorde entre les fidèles, lieu où ceux qui ont porté les armes contre Dieu et son ministre dressent leurs embûches, jurent que leur intention est pure ; mais le Tout-Puissant est témoin de leur mensonge. Garde-toi d’y entrer. Le vrai temple a sa base établie sur la piété[22]. » La défense était formelle. Mahomet envoya des troupes qui renversèrent le temple[23] des Ganamites.

De retour à Médine au mois Ramadan, il punit sévèrement les trois Ansariens qui avaient refusé de se rendre sous ses drapeaux. Ils furent bannis de la société, privés de tous leurs droits. Il fut défendu d’entretenir aucun commerce avec eux, même de leur parler. On fuyait leur approche avec horreur. Ce châtiment terrible dura cinquante jours. Lorsqu’il les crut assez punis, il fit descendre du ciel ce verset qui annonce leur crime, leur punition et leur pardon. « Trois d’entre eux étaient restés derrière. Bannis de la société, en exil au milieu de leurs concitoyens, ils pensèrent dans leur détresse qu’ils n’avaient de refuge qu’en Dieu. Il les regarda avec bonté, parce qu’ils se convertirent, et qu’il est indulgent et miséricordieux[24]. »

À peine était-il de retour à Médine, qu’il eut la joie d’apprendre la soumission des Takifites. Cette tribu guerrière avait jusqu’alors résisté à ses armes ; mais, sans alliés, entourée d’ennemis, harassée sans cesse par les troupes de Malec, chef des Hawazenites, elle se vit contrainte de suivre le torrent. Elle envoya dix ambassadeurs à Médine[25]. Admis à l’audience du prophète, ils proposèrent d’embrasser l’islamisme, à condition qu’ils conserveraient encore trois ans leur idole el Lat (c’était la grande déesse des Arabes ; mais les Takifites lui rendaient un culte particulier) ; leur proposition fut rejetée. Ils demandèrent qu’il leur fût permis de la garder au moins un mois. Mahomet refusa d’y consentir. Ils le conjurèrent de les exempter de la prière. Il leur répondit qu’une religion sans prière n’avait rien de bon. Forcés de céder aux circonstances, ils se soumirent et se firent musulmans. Pour s’assurer de leur conversion, le prophète envoya avec eux Moghaïra et Abusofian, fils de Harb, chargés de détruire l’idole el Lat. Le peuple de Taïef, persuadé que la déesse allait foudroyer les deux sacriléges, s’assembla pour être témoin de la vengeance céleste[26]. Abusofian prit un énorme marteau, et en frappa la statue ; mais, soit qu’il eût asséné le coup avec trop de force, soit que la frayeur l’eût saisi, il fut renversé par terre. Les cris de joie et les huées des Takifites célébrèrent sa défaite. El Mogharia, prenant le marteau d’un bras plus sûr, en déchargea plusieurs coups sur l’idole, l’abattit, et la mit en pièces. Les acclamations se changèrent en cris de douleur. Les vieilles femmes, les yeux baignés de larmes, chantèrent en sanglotant cet hymne funèbre : Pleurez, jeunes enfans qui sucez encore le lait de vos mères[27]. Faites vos derniers adieux à la grande déesse. Vous ne verrez plus voltiger autour d’elle les petits oiseaux qui lui étaient consacrés.

[28] Au mois de Chawal, Abubecr, chargé de présider à la célébration du pèlerinage de la Mecque, partit avec un cortége de trois cents hommes. S’étant arrêté à Delholaïfa, bourg situé à quelques milles de la Mecque, il vit arriver Ali avec des préceptes nouvellement descendus du ciel. En effet, le prophète ne croyant plus avoir besoin de ménager les idolâtres, publia[29] le chapitre de la conversion, où on lit ces mots : « Dieu et son envoyé déclarent qu’après les jours du pèlerinage, il n’y a plus de pardon pour les idolâtres. Il vous importe de vous convertir. Si vous persistez dans l’incrédulité, souvenez-vous que vous ne pourrez suspendre la vengeance céleste. Annonce aux infidèles des supplices douloureux, etc.[30]. »

Ali devait lire ce chapitre fulminant dans l’assemblée du peuple. Abubecr, jaloux de son ministère, retourna à Médine, et dit à Mahomet : Le ciel ne vous a-t-il rien révélé pour moi ? « Rien, répondit le prophète. Tous les préceptes que Gabriel m’a apportés, j’ai dû les publier moi-même, ou charger quelqu’un de ma famille de cet emploi. Ô Abubecr ! qu’il vous suffise d’avoir été mon compagnon dans la grotte du mont Tour, et de vous être assis à mes côtés, sous le dais que l’on m’éleva à la journée de Beder. » Je n’oublierai jamais cet honneur, répondit Abubecr. Il s’en retourna consolé. Arrivé à la Mecque, il présida à la solennité du pèlerinage, et enseigna aux peuples les cérémonies que l’on devait observer pendant ces fêtes. La veille de l’immolation des victimes, Ali lut le chapitre de la conversion[31]. Le lendemain il fit un discours aux Arabes, et déclara qu’après cette année, nul mortel ne pourrait accomplir les circuits sacrés autour du sanctuaire d’Ismaël, sans être revêtu de l’habit de pèlerin. Il ajouta que désormais il serait défendu sous peine de mort aux idolâtres de célébrer la fête du pèlerinage, et de s’approcher du temple. Le Coran confirme cette défense[32]. « Ô croyans ! les idolâtres sont immondes. Qu’ils n’approchent plus du temple de la Mecque après cette année. Si vous craignez l’indigence, le ciel vous ouvrira ses trésors. Dieu est savant et sage[33]. » Lorsque la solennité fut finie, Abubecr et Ali retournèrent à Médine.

  1. Abul-Feda, p. 121. Jannab, p. 345.
  2. Le Coran, chap. 110, tome 2.
  3. Abul-Feda, p. 122.
  4. Le calife Moavia offrit à Caab dix mille drachmes de ce manteau, sans pouvoir l’obtenir. À la mort du poëte, il l’acheta de ses enfans pour vingt mille drachmes. Ce manteau devint un ornement des califes. Ils le portaient aux fêtes solennelles Elmostasem en était revêtu lorsqu’il parut devant Holagu, grand khan des Tartares. Il portait aussi à la main la canne de Mahomet. Holagu ayant fait brûler l’un et l’autre dans un bassin, fit jeter leurs cendres dans le Tigre. Ce n’est point le mépris, dit-il, qui m’a porté à brûler ces deux monumens précieux, c’est le désir de conserver leur pureté, leur sainteté. Elmoslasem fut le trente-sixième calife et le dernier de la famille des Abassides. Holagu, après avoir emporté Bagdad d’assaut, et passé les habitans au fil de l’épée, le fit périr. Ahmed ben Joseph, Hist. gén., sect. 40.
  5. Abul-Feda, p. 123.
  6. Chap. 9, tom. Ier.
  7. Abul-Feda, p. 123.
  8. Ebn Houkel. El Edris, le géographe.
  9. Cette vallée est actuellement déserte. Les montagnes qui l’environnent sont nommées par les Arabes, Elateleb, les fragmens de rochers. Ebn Haukal.

    Les Thémudéens, ses anciens habitans, furent anéantis par la vengeance divine, pour avoir tué une femelle de chameau que Saleh, leur apôtre, avait fait sortir miraculeusement d’un rocher. Mahomet qui, fondé sur la tradition, rapporte dans plusieurs endroits du Coran, leur crime et leur punition, voulut, par sa conduite, affermir sa doctrine, et refusa de se désaltérer à un puits qui avait servi à des impies.

  10. Abul-Feda, p. 124.
  11. Tabuc offre l’aspect riant de la fertilité au milieu du désert. Cette ville est située à six stations de Madian, vers l’orient, et à quatre stations de la Syrie. El Edris. Jannab dit que Tabuc est un lieu fort connu sur la route de Médine à Damas.
  12. Jannab.
  13. Abul-Feda, page 125.
  14. L’auteur du livre Elanouar.
  15. Aïla, ville située au fond de la mer Rouge, était anciennement habitée par des Juifs. Les pèlerins d’Égypte passent auprès pour aller à la Mecque. De nos jours, dit Abul-Feda, les environs sont incultes. L’ancienne citadelle, bâtie dans la mer, est détruite, et le gouverneur égyptien qui y résidait, s’est retiré dans la ville élevée sur le rivage, à cinq journées de Madian, située sur la même côte. Abul-Feda, Description de l’Arabie, page 41.

    Si l’on en croit le Coran, Dieu punit rigoureusement les Juifs, anciens habitant d’Aïla, devenus idolâtres. « Que vous peindrai-je de plus terrible que la vengeance que Dieu a exercée contre vous ? Il vous a maudits dans sa colère. Il vous a transformés en singes et en porcs, parce que vous avez brûlé de l’encens devant les idoles, et que vous êtes plongés dans les plus profondes ténèbres. » Le Coran, chap. 5, tome Ier.

  16. Les sultans ottomans possèdent ce manteau. Mourad Khan, fils de Selim Khan qui régnait l’an neuf cent quatre-vingt-deux de l’hégire, la mille cinq cent soixante-quatorzième année de notre ère, fit faire une cassette d’or où il renferma cette relique précieuse. Les Turcs lui attribuent la prospérité de leur empire, le succès de leurs armes, et surtout la vertu de guérir tous les malades qui boivent de l’eau où on l’a trempée. Ahmed ben Joseph, Hist. gén.
  17. Ahmed ben Joseph. Abul-Feda, Jannab.
  18. Abul Feda, page 226.
  19. Jannab.
  20. Gelaleddin.
  21. C’est ainsi que les auteurs arabes nous peignent Abu Amrou. C’était sans doute un de ces religieux zélés qui faisaient tous leurs efforts pour soutenir en Arabie le christianisme chancelant.
  22. Chap. 9, verset 18.
  23. Le temple dont Mahomet avait fait la dédicace à Coba, se nommait Eltacoua (la piété). Voyez première année de l’hégire.
  24. Le Coran, chap. 9, tom. Ier.
  25. Abul-Feda, p. 127.
  26. Jannab.
  27. El Sohaïl.
  28. Abul-Feda, p. 227 et 228.
  29. C’est le dernier que Mahomet ait publié ; mais ceux qui ont rassemblé les morceaux épars du Coran, ayant eu égard plutôt à la longueur des chapitres qu’au temps où ils ont été donnés, l’ont placé le neuvième. Elbokar. Voyez la préface.
  30. Le Coran, chap. 9, tome Ier.
  31. Jannab, p. 372.
  32. Elle est observée à la rigueur. Un étranger qui oserait s’approcher de la Mecque serait mis à mort s’il était reconnu.
  33. Le Coran, chap. 9, tom. Ier.