Correspondance 1812-1876, 4/1861/CDLXXXVI
CDLXXXVI
À M. ARMAND BARBÈS, À LA HAYE
J’apprends de Londres, par Pichon, que vous avez été récemment très gravement indisposé. On pense que le climat de la Haye ne vous convient pas. Pouvez-vous hésiter à chercher un ciel plus clément pour vous ? ne savez-vous pas ce que vos amis perdraient en vous perdant, et croyez-vous ne rien devoir à nous tous qui vous aimons tant ? Les circonstances ont ralenti ou intercepté nos relations ; mais vous n’êtes pas de ceux qui doutent, et vous savez bien que mon cœur est toujours tout à vous.
J’envoie à Paris chez Pichon, qui y sera dans peu de jours, le premier volume de l’Histoire de ma vie, qu’il m’avait retourné pour que je pusse y écrire votre nom. Il y a bien longtemps que cet ouvrage, où je vous ai consacré plusieurs pages, est chez lui, attendant l’occasion de vous parvenir.
Maurice voyage. Il doit être en route pour les États-Unis. Mais je ne vous en dis pas moins que lui aussi vous aime, car je le sais. Combien souvent nous avons parlé de vous !
Je n’ose plus vous supplier de revenir en France, craignant de vous blesser dans un parti pris, auquel pourtant votre état de santé vous permettrait bien de vous soustraire, à présent qu’on doit vous recommander l’air natal. Faites que j’aie au moins de vos nouvelles et croyez à mon inaltérable affection.