Correspondance 1812-1876, 6/1871/DCCCXXI
DCCCXXI
À M. CHARLES-EDMOND, À PARIS
Je vous renvoie l’épreuve reçue ce matin[1]. Je vous supplie de mettre beaucoup d’exigence à ce que l’on observe ma ponctuation, sans laquelle mon style (par sa nature et je ne sais pourquoi) est tout à fait incompréhensible. Je corrige donc avec beaucoup de soin ; mais, dans la plupart des journaux, on n’en tient pas compte, j’espère que le Temps est plus consciencieux, et j’avoue être très sensible à une virgule qui dénature une idée. Il y a, à la Revue, des pédants obstinés à leur méthode de ponctuation, qui est mauvaise, illogique, absolue, bête par conséquent. Cela m’a fait damner. Si je retrouvais chez vous, la liberté et la responsabilité personnelle, non seulement de ma manière de voir et de sentir, mais aussi de ma ponctuation, qui est une partie essentielle de ma forme, je m’en réjouirais beaucoup. – Cela me fait penser qu’un feuilleton sur la ponctuation comme je la comprends ne serait pas ennuyeux et aurait son utilité : qu’en dites-vous ?
J’ai écrit à M. Hébrard pour accepter l’offre dont vous avez bien voulu être l’intermédiaire, me réservant de vous dire, au bout d’une année, si je me trouve vraiment dans les mêmes conditions qu’à la Revue. Ma belle-fille, qui sait calculer et que je consulte, me dit qu’elle croit que j’aurai plus de travail pour atteindre à la même somme. Nous verrons s’il y a une différence qui vaille la peine que je vous la signale. Quant à présent, marchons.
M. Hébrard me dit que vous ne saviez pas que le roman de M. Hector Malot devait passer après celui de Maurice, c’est-à-dire avant moi. Il faut le laisser passer. Je ne veux prendre la place de personne. Si j’ai plus de travail que je n’en peux écouler au Temps, je pense que j’aurai quelque chose à donner à la Revue pour régler mes comptes, et tout s’arrangera.
Amitiés de la famille et à vous de cœur, cher ami.
- ↑ Épreuve du premier feuilleton des Impressions et Souvenirs, qui furent publiés dans le Temps.