Correspondance de Voltaire/1736/Lettre 612

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Correspondance : année 1736GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 34 (p. 90-91).
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612. — À M. DE CIDEVILLE.
Ce 27 juin.

Mon cher ami, Dieu me préserve de m’accommoder : ce serait me déshonorer. Le ministère a été si indigné et si convaincu des crimes de Jore qu’il l’a forcé de rendre la lettre dont une cabale, qui conduit ce misérable, abusait pour me perdre. Je crois qu’il sera chassé de Paris. Voici un petit mémoire qui était fait avant que l’autorité s’en fût mêlée.

Il est bien cruel d’avoir troqué le Parnasse contre la grand’-salle, et Apollon pour la chicane. Mais voilà qui est, je crois, fini. Où en étions-nous de nos vers et de nos belles-lettres ? Reprenons le fil de nos goûts et de nos plaisirs ; legamus, mi Cideville, et amemus[1] ; vale. Je n’ai guère de moments à moi ; mais je ne serai point toujours damné.

  1. Imitation de ce vers de Catulle, V, i :
    Vivamus, mea Lesbia, atque amemus.