Correspondance de Voltaire/1736/Lettre 663
J’apprends, monsieur, le détail des obligations que je vous ai ; vous n’êtes pas de ces gens qui souhaitent du bien à leurs amis, vous leur en faites. D’autres diraient : « Comment se tirerat-on de là ? la chose est embarrassante ; » et, quand ils auraient plaint leur homme, le laisseraient là, et iraient souper. Pour vous, vous raccommodez tout, et très-vite, et très-bien ; et vous servez vos amis de toutes façons, et vous leur faites des vers, et vous leur coupez des scènes, et les pièces sont jouées, et la police et les sifflets ont un pied de nez, et, malgré les mauvais plaisants, on réussit.
Ajoutez vite à toutes vos bontés celle de me faire tenir cet enfant par la poste. Vous pouvez aisément me faire contresigner cet enfant-là, ou vous, ou monsieur votre frère ; et puis, s’il vous plaît, dites-moi l’un et l’autre comment cela va ; s’il faut bien corriger, si cela peut devenir digne de paraître au grand jour de l’impression ; je vous croirai, par amabile fratrum[2]. Pourquoi Mlles Fessard disent-elles que cela est de moi ? Pourquoi Mme de Saint-Pierre[3] l’assure-t-elle ? Je ne l’ai point avoué, je ne l’avouerai pas. Je ne me vante que de votre amitié, de vos bontés, de mon tendre attachement pour vous, et point du tout de l’enfant.