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Correspondance de Voltaire/1736/Lettre 680

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Correspondance : année 1736GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 34 (p. 165-166).
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680. — À M. L’ABBE MOUSSINOT[1].
Ce (17 novembre 1736).

J´ai envoyé à Troyes, mon cher abbé, j´ai payé les frais d’un procès que je n’avais pas fait, et j’ai eu mon ballot de livres.

J’ai eu aussi celui où était mon portrait. Je voudrais qu’il fût un peu plus empâté et plus vif de couleurs. Pourriez-vous en faire exécuter quelque copie un peu plus animée ? On dit qu’il y a, à Paris, un homme qui fait les portraits en bague d’une manière parfaite. J’ai vu un portrait de Louis XV, de sa façon, très-ressemblant. Vous trouverez impertinent que la même main peigne le roi et moi chétif ; mais on le veut, et j’obéis. Ayez donc la bonté de déterrer cet homme. Envoyez de ma part savoir où il demeure, à M. le chevalier de Villefort, chez M. le comte de Clermont. Mais pourquoi Chevalier ne pourrait-il pas travailler sous mes yeux ? On dit du bien de lui, et il n’a pas encore assez de talent pour être indocile.

Si Boucher voulait venir travailler à Cirey, nous lui ferions faire cinq tableaux de la Henriade. Ensuite quinze aunes de courre ( ? ) en tapisserie coûteraient environ sept mille francs, et quinze cents ou deux mille francs pour le peintre. Le tout ne reviendrait peut-être pas à dix mille francs ; mais nous en raisonnerons plus à fond.

En attendant, j’accepte le marché que vous me proposez de la succession de la Verchère. Je m’en rapporte à vous, mais où mettrez-vous les effets ? Écrivez-moi sur cela vos idées, et suivez-les.

Vous m’avez fait un grand plaisir de m’emprunter un peu d’argent : tout ce que j’ai est à votre service.

Si ce chevalier de Mouhy vient vous voir, dites-lui que je suis prêt à lui faire tous les plaisirs qui dépendront de moi, mais ne lui donnez pas des espérances trop positives, et ne vous engagez pas.

Envoyez-moi, je vous prie, par le coche deux belles et très grandes boucles de souliers à diamants ; des boucles de jarretières à diamants ; deux des grandes ou quatre petites estampes de mon petit visage.

Je vous embrasse tendrement, mon cher abbé.

Je vous demande en grâce de renvoyer à M. Berger son billet avec une petite excuse de ne l’avoir pas fait plus tôt. Il demeure à l´Hôtel Soissons.

  1. Édition Courtat.