Correspondance de Voltaire/1737/Lettre 735
Grand merci de votre lettre du 24, bien détaillée et bien claire, mon cher abbé. Vous étiez fait pour gouverner de plus grandes affaires qu’un chapitre de Saint-Merry et ma mense.
Je m’en tiens à ce que j’en ai dit pour les actions. Si elles sont à 2,120 livres, vendons-les ; sinon, gardons-les. De nos 43,200 livres et 3,690 livres, et de tout ce que vous pourriez avoir à moi, faisons-en deux lots, l’un d’argent à préter pour six mois à cinq pour cent, l’autre en caisse, pour acheter des actions dans le temps favorable. N’oublions pas le marquis de Lézeau, le prince de Guise, et écrivons-leur comme nous en sommes convenus.
Je vous réitère la prière de donner cent louis d’or à M. le marquis du Châtelet.
Vous pouvez toujours vous amuser à acheter pour six mille francs de tableaux, si vous croyez que cela réussisse : je m’en rapporte à vous.
À l’égard du portrait de Penel, en bague, s’il est bien, il faut le prendre et le payer à Perret. Vous ferez le prix vous-même. Je vous prie, si vous en êtes content, de le faire monter joliment en bague pour doigt de femme ; vous le ferez empaqueter et me l’enverrez à Bar-sur-Aube, sous le nom de Mme de Champbonin.
M. du Châtelet doit vous remettre quelques contrats. Vous aurez donc la bonté de les joindre aux autres.
Voulez-vous à présent que je vous parle franchement ? Il faudrait que vous me fissiez l’amitié de prendre par an un petit honoraire, une marque d’amitié. Agissons sans aucune façon. Vous aviez une petite rétribution de vos chanoines ; traitez-moi comme un chapitre : prenez le double de ce que vous donnait votre cloître, sans préjudice du souvenir que j’aurai toujours de vos soins, réglez cela, et aimez-moi.
Je vois que le petit secrétaire est parti ; mais, si le cabaret à pieds dorés subsiste, envoyez-le-moi, bien emballé, à Mme de Champbonin.
Envoyez aussi les tomes de Puffendorf et celui des Voyages du Nord.
Je vous embrasse.
- ↑ Édition Courtat.