Correspondance de Voltaire/1737/Lettre 763

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Correspondance : année 1737GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 34 (p. 285-287).
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763. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[1].
Ce 29 (juin 1737)

Je reçois, mon cher abbé, le paquet de M. Pitot, et votre billet du 26.

M. Bronod doit enfin avoir donné l’argent.

J’attends toutes les choses que je vous ai demandées, secrétaire, bâton ferré, fragments de glace, balais de plume, poudre à poudrer, essence, gibecière, etc., les livres de l’Académie. À l’égard des miroirs concaves, il m’en vient un d’ailleurs.

Pour les thermomètres et les baromètres, voici ce qu’il faudrait faire : m’envoyer les verres et la monture bien conditionnés, les liqueurs et le mercure à part, avec un petit mémoire de la manière de mettre le mercure dans les tubes, et de les fermer ensuite hermétiquement. Cela n’est pas difficile, mais il faut s’adresser à un homme très-entendu.

Je vous ai déjà donné des instructions philosophiques pour le sieur Geoffroy. Il s’agit de savoir s’il attribue au feu seul l’augmentation du poids de ce plomb calciné ; si on a pesé la terrine avant et après ; si on a pesé la cuiller ou spatule avec laquelle le plomb a été remué ; si l’on a pris les mêmes précautions dans l’expérience faite au miroir ardent. On m’a assuré que le sieur Boulduc[2], savant chimiste, a fait de son côté des expériences qui tendent à prouver que le feu n’augmente pas la pesanteur des corps : il s’agirait d’avoir sur cela une conversation avec M. Boulduc, Il y a encore un M. Grosse qui, je crois, demeure chez M. Boulduc : c’est un chimiste très-intelligent et très-laborieux ; je vous prie de demander à l’un et à l’autre ce qu’ils pensent des expériences du plomb calciné au feu ordinaire, et des matières calcinées au feu des rayons réunis du soleil par le verre ardent. Ayez la bonté de m’envoyer un résultat précis de leur opinion. Ils se feront un plaisir de vous parler, mais surtout qu’ils ne se doutent pas que vous agissez pour moi.

Voici une autre affaire : la lettre de change ci-jointe vous instruira du fait.

Il faut trouver quelque banquier honnête homme, M. Delarue par exemple, ou tel autre de connaissance, lui demander ce que dix mille cent cinquante florins, argent courant, au mois d’août, produiront, argent de France à Paris, à peu près ; et, s’il croit que cela puisse aller à plus de vingt mille cinq cents livres, il n’a qu’à envoyer la lettre de change à ses correspondants à Amsterdam, pour se faire payer du sieur Jacques Ferrand ; après quoi il nous remettra l’argent à Paris.

En attendant, voici une lettre que je vous prie de faire mettre à la poste pour le sieur Jacques Ferrand. Vous verrez par cette lettre que le banquier à qui vous vous adresserez ne doit faire nulle difficulté de mettre son nom lui-même dans ma lettre de change, attendu que j’en donne avis à celui sur qui je tire. Voilà bien du verbiage. Je vous embrasse.

Voici un modèle de la lettre qu’il faut écrire au prince de Guise.

  1. Édition Courtat.
  2. Gilles-Franrois Boulduc premier apothicaire du roi et associé chimiste dans l’Académie des sciences, né à Paris le 2 février 1675, mort le 17 janvier 1742.