Correspondance de Voltaire/1738/Lettre 888

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Correspondance : année 1738GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 34 (p. 509-510).
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888. — À M. DE PONT-DE-VEYLE.
À Cirey, le 23 juin.

Enfin nous avons lu le Fat puni ; nous sommes provinciaux, mais nous ne pouvons pas dire que nous prenons les modes quand Paris les quitte ; la mode d’aimer cet ouvrage charmant ne passera jamais.

Du fat que si bien l’on punit
Le portrait n’est pas ordinaire,
Et le Rigaut qui le peignit
Me paraît en tout son contraire.
C’est le modèle des auteurs,
Qui connaît le monde et l’enchante,
Et qui sait jouir des faveurs
Dont monsieur le marquis se vante.

Je pourrais bien être un fat aussi de vous envoyer des vers si misérables, mais que je ne sois pas le Fat puni. Pardonnez à un mauvais physicien d’être mauvais poëte. Mme  du Châtelet est enchantée de cette petite pièce. Est-ce que nous n’en connaîtrons jamais l’auteur ?

Notre affliction du départ de monsieur votre frère[1] augmente à mesure que le départ approche. Si Pollux va en Amérique, Castor au moins nous restera en France.

  1. Voyez une note de la lettre 827.