Correspondance de Voltaire/1739/Lettre 1162

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Correspondance de Voltaire/1739
Correspondance : année 1739GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 35 (p. 279-280).

1162. — À FRÉDÉRIC, PRINCE ROYAL DE PRUSSE.
Mai.

Votre Altesse royale prend le parti des citadelles contre Machiavel ; il paraît que l’empire pense de même, car on a tiré vraiment douze cents florins de la caisse pour les réparations de Philipsbourg, qui en exigent, dit-on, plus de douze mille,

Il n’y a guère de places dans les Deux-Siciles : voilà pourquoi ce pays change si souvent de maître. S’il y avait des Namur, des Valenciennes, des Tournai, des Luxembourg, dans l’Italie,

Ch’or giù dall’ Alpi non vedrei torrenti
Scender d’armati, ne di sangue tinta
Bever l’onda del Pô gallici armenti ;

Ne la vedrei del non suo ferro cinta
Pugnar col braccio di straniere genti,
Per servir sempre, o vincitrice, o vinta.

Il faudra bien qu’au printemps prochain l’empereur et les Anglais reprennent ce beau pays ; il serait trop longtemps sous la même domination. Ah ! monseigneur, heureux qui peut vivre sous vos lois !

J’ai commencé, monseigneur, à prendre de votre poudre. Ou il n’y a point de Providence, ou elle me fera du bien. Je n’ai point d’expression pour remercier Marc-Aurèle devenu Esculape.

Je suis avec le plus profond respect et la plus tendre reconnaissance, etc.