Correspondance de Voltaire/1739/Lettre 1202

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Correspondance de Voltaire/1739
Correspondance : année 1739GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 35 (p. 334).

1202. — À M. DE CIDEVILLE,
au château de tournebu, route de gaillon.
Ce 20 septembre.

Tibulle de la Normandie,
Vous qui, ne vivant qu’à la cour
Du dieu des vers et de Lesbie,
Ne voyageâtes de la vie
Que sur les ailes de l’Amour,
Venez à Paris, je vous prie,
Sur les ailes de l’Amitié ;
Voltaire et la reine Émilie,
S’ils n’écoutaient que leur envie.
Du chemin feraient la moitié.

Ah ! mon cher ami, par quel contre-temps cruel ne vous verrai-je qu’un moment ! Je pars mercredi pour Richelieu. Sera-t-il dit que nous ressemblerons aux deux héros du roman de Zaïde[1], qui se virent de loin une fois, et s’éloignèrent pour un temps si long ? Quand nous retrouverons-nous ? quand passerai-je avec vous le soir tranquille de ce jour nébuleux qu’on nomme la vie ?

  1. Par Mme de La Fayette.