Correspondance de Voltaire/1739/Lettre 1208

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Correspondance de Voltaire/1739
Correspondance : année 1739GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 35 (p. 340).

1208. — DU BARON DE KEYSERLINGK.

Quoique rien ne saurait être ajouté aux sentiments de tendresse et à mon parfait attachement pour vous, monsieur, il est pourtant hors de doute que, s’il avait plu à mon auguste maître de vous les dépeindre, vous en auriez été convaincu d’une manière bien plus agréable. Je suis en savoir comme une jeune beauté passée qui doit la plupart de ses charmes à ses ajustements. Déshabillée, vous déplairait-elle ? Je pense que non, et j’ose hardiment vous faire voir toute nue l’amitié avec laquelle je serai toute ma vie, monsieur, tout à vous, et votre, etc.,

de Keyserlingk.

Faites agréer, je vous en supplie, mes assurances de respect a madame la marquise. Je serais au comble de mes souhaits si, à la suite de mon adorable maître, je pouvais me transporter à Paris[1] pendant que Mme du Châtelet, M. le prince de Nassau, et vous, monsieur, contribuez à en embellir le séjour. Mais, monsieur, jugez-moi, s’il vous plaît, par vous-même : seriez-vous disposé à quitter madame la marquise pour venir nous trouver à Remusberg ?

  1. Keyserlingk devait faire ce voyage, qui n’eut pas lieu.