Correspondance de Voltaire/1743/Lettre 1567

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Correspondance de Voltaire/1743
Correspondance : année 1743GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 196-197).

1567. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
Mars.

Quand les autres en ont gros comme un moucheron, j’en ai gros comme un chameau[1]. Quoique j’aie commencé longtemps avant mes anges, je ne crois pas que j’aie la force de sortir aujourd’hui de mon lit. Si je sortais, ce ne serait pas pour Mérope. Je suis trop heureux que ces cahiers vous amusent en voilà six autres. J’aurai soin du quatrième acte d’Adélaïde, mais c’est sur Zulime que je compte le plus. Si j’étais plus jeune et moins persécuté, je travaillerais encore. Je suis venu dans le temps de barbarie. Je ne sais rien de cette Académie ; tout ce que je sais, c’est qu’il est bien cruel que deux hommes[2] puissants se soient réunis pour m’arracher un agrément frivole, la seule récompense que je demandais après trente années de travail. Bonjour ; vous êtes ma plus grande consolation ; mais portez-vous bien l’un et l’autre.

  1. Il avait alors la grippe. Voyez ci-après la lettre 1571.
  2. Boyer et Maurepas ; voyez tome XXIII, page 205.