Correspondance de Voltaire/1743/Lettre 1580

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Correspondance de Voltaire/1743
Correspondance : année 1743GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 212-213).

1580. — À M. LE COMTE D’ARGENSON[1],
ministre de la guerre.
Samedi, 8 juin.

Je me flatte, monseigneur, que je partirai vendredi pour les affaires que vous savez. C’est le secret du sanctuaire ; ainsi n’en sachez rien. Mais si vous avez quelques ordres à me donner, et que vous vouliez que je vienne à Versailles, j’aurai l’honneur de me rendre secrètement chez vous à l’heure que vous me prescrirez.

Nous perdons sans doute considérablement à nourrir vos chevaux. Voyez si vous voulez avoir la bonté de nous indemniser en nous faisant vêtir vos hommes.

Je vous demande en grâce de surseoir l’adjudication jusqu’à la fin de la semaine prochaine. Mon cousin Marchant[2] attend cleux gros négociants qui doivent arriver incessamment, et qui nous serviront bien.

Heureux ceux qui vous servent, et plus heureux ceux qui jouissent de l’honneur et du plaisir de vous voir ! Mille tendres respects.

Voltaire[3].

  1. Marc-Pierre de Voyer, comte d’Argenson, né le 6 août 1696, ministre de la guerre en 1743, disgracié en 1757, mort en 1764. Il était frère du marquis, et avait eté aussi le condisciple de Voltaire.
  2. Marchant ou Marchand, père de Marchant de Varenne et de Marchant de La Houhére. Voltaire lui fit avoir un intérêt dans la fourniture des fourrages et des habillements, et lui-même eut sa part dans les marchés. Marchant père, qui était cousin germain de Voltaire, est cité dans le quatrième alinéa de la lettre 1592.
  3. Une lettre de Philibert Orry, contrôleur général des finances, à Voltaire, à la date du 9 juin 1743, est signalée dans un catalogue d’autographes. Elle est relative à l’envoi de Voltaire à la Haye « Le roi, monsieur, s’est déterminé à vous envoyer où vous savez. Je donne ordre à M. de Montmartel de vous payer huit mille francs et une année de votre pension, qui est ce que M. Amelot m’a dit que vous demandiez… »