Correspondance de Voltaire/1743/Lettre 1622

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Correspondance de Voltaire/1743
Correspondance : année 1743GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 260).

1622. — À M. URIOT[1].
À Brunswick, ce 16 octobre.

J’ai été bien mortifié, mon cher monsieur, d’avoir reçu trop tard votre lettre, mais il en faut accuser mes courses continuelles. Je vous ai recommandé de mon mieux, en partant  ; mais vous savez qu’il faut parler souvent d’une affaire pour réussir ; la vôtre me tient bien au cœur. Berlin est un séjour digne de tous les arts que vous cultivez ; je me flatte que j’aurai le plaisir de vous parler plus amplement à la Haye, où je retourne comblé des faveurs du roi de Prusse et de la famille royale. Ce monarque daigna, quand je pris congé de lui, me faire présent d’une boîte d’or dans laquelle il y avait plusieurs médaillons d’or qui le représentent donnant la paix à ses sujets : c’est dommage qu’on m’en ait volé quelques-uns à Magdebourg ; mais ses présents sont fort au-dessous de ses bontés. Je voudrais bien, monsieur, que vous connussiez, par expérience, les uns et les autres. Je suis du meilleur de mon cœur, votre, etc.

Voltaire.

  1. Joseph Uriot, né à Nancy en 1713, d’abord comédien à Baireuth, alla ensuite à Stuttgard, y fut professeur d’histoire, bibliothécaire et lecteur du duc de Wurtemberg. Il est mort le 18 octobre 1788. Il est auteur de quelques écrits en français, et, entre autres, de la Vérité telle qu’elle est contre la Pure Verité, 1765, in-8o. La Pure Verité, Augsbourg, 1765, in-12, était un libelle de Maubert de Gouvest contre la cour de Wurtemberg. (B.)