Correspondance de Voltaire/1748/Lettre 1903

La bibliothèque libre.
Correspondance de Voltaire/1748
Correspondance : année 1748GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 523-524).

1903. — AU LIEUTENANT GÉNÉRAL DE POLICE[1].

Je vous prie, monsieur, de vouloir bien permettre qu’on récite quelques vers que M. Crébillon a retranchés, et qui sont absolument nécessaires[2]. Je vous en fais juge. Si le personnage chargé de ces vers ne les débite pas, Sémiramis, qui lui réplique, ne répond plus convenablement ; et cette disparate gâte un endroit essentiel à l’ouvrage. Vous trouverez ci-joints les vers en question. Je vous prie de me les renvoyer approuvés de votre main, afin que l’acteur puisse les réciter. Je vous demande bien pardon de ces bagatelles, mais vous entrez dans les petites choses comme dans les grandes.

  1. Éditeur, Léouzon Leduc.
  2. Voici les vers que Crébillon avait retranchés. Ils tiennent à l’acte second, dans la scène entre Assur et Sémiramis :
    assur.

    Je suis épouvanté, mais c’est de vos remords,
    Les vainqueurs des vivants redoutent-ils les morts ?
    Ah ne vous formez plus de craintes inutiles,
    C’est par la fermeté qu’on rend les dieux faciles.
    · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·

    sémiramis.

    Croyez-moi, les remords à vos yeux méprisables
    Sont la seule vertu qui reste à des coupables.

    Voyez tome IV, page 530.