Correspondance de Voltaire/1751/Lettre 2197

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Correspondance de Voltaire/1751
Correspondance : année 1751, Texte établi par Condorcet, GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 37 (p. 249).

2197. — À M. DARGET.
À huit heures et demie du soir, ce dimanche, 1751.

Mon cher ami, je reçois votre consolante lettre ; n’en soyez point en peine, je vous garde toutes celles que vous m’avez écrites. Nous avons bu à votre santé avec MM. de Cagnoni et Bodiani, quoique je ne boive guère : car, en vérité, mon état est bien éloigné des plaisirs. Il est vrai que le juif, ayant demandé à faire serment sur des points contestés, a été déclaré, par la sentence, personnellement indigne de faire serment, et que l’affirmation m’a été adjugée : ainsi tout est absolument pour moi dans l’arrêt, sans en excepter la moindre clause. Le juif est assez fou pour en appeler ; il est bien cruellement et bien mal conseillé. J’ai écrit au roi comme je vous l’ai dit : c’était la lettre d’un malade qui n’envisageait que la vérité, mon attachement pour lui, et la mort qui finit tout. Vale.