Correspondance de Voltaire/1753/Lettre 2518

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Correspondance de Voltaire/1753
Correspondance : année 1753, Texte établi par Condorcet, GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 37 (p. 565).

2518. — À M. LE MARQUIS D’ARGENS.

Cher frère, je vous renvoie Locke. Maupertuis, dans ses belles Lettres, a beau dire du mal de ce grand homme, son nom sera aussi cher à tous les philosophes que celui de Maupertuis excitera de haine. Kœnig vient de lui donner le dernier coup[1], en lui démontrant qu’il est un plagiaire. On a imprimé à Leipsick une histoire complète de toute cette étrange aventure, qui ne fait pas d’honneur à ce pays-ci. Soyez très-sûr que toute l’Europe littéraire est déchaînée contre lui, et qu’excepté Euler et Mérian, qui sont malheureusement parties dans ce procès, tout le reste des académiciens lève les épaules.

Je suis dans mon lit malade, malgré le quinquina du roi. Vous devriez bien venir dîner demain comme frère Paul chez Antoine. Ce sera peut-être la dernière fois de ma vie que je vous verrai. Donnez-moi cette consolation.

  1. Par la publication de l’Appel au public du jugement de l’Académie de Berlin. qui fut suivi d’une Défense de l’Appel au public.