Correspondance de Voltaire/1753/Lettre 2520

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Correspondance de Voltaire/1753
Correspondance : année 1753, Texte établi par Condorcet, GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 37 (p. 566).

2520. — À M. LE MARQUIS D’ARGENS,
à postdam.
Berlin, le 16 février.

Je me meurs, mon cher marquis, et j’ai la force de vous avouer ma faiblesse. Je ne vous nierai pas certainement que ma douleur est inexprimable. J’ai voulu me vaincre et venir à Potsdam ; mais je suis retombé, la veille de mon départ, dans un état dont il n’y a pas d’apparence que je relève. Mon érysipèle est rentré, la dyssenterie est survenue, j’ai souvent la fièvre ; il y a quatorze jours que je suis dans mon lit. Je suis seul, sans aucune consolation, à quatre cents lieues d’une famille en larmes à qui je sers de père. Voilà mon état. Je compte sur votre amitié, qui fait presque ma seule consolation, et je vous embrasse tendrement.