Correspondance de Voltaire/1753/Lettre 2566

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Correspondance de Voltaire/1753
Correspondance : année 1753GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 38 (p. 39-41).

2566. — RAPPORT DU BARON DE FREVTAG[1].
à m. de fredersdorff.
5 Juni.

Hochwohlgeborner Herr,
Hochgeehrtester Herr Geheimder Kämmerier,

Das mit der letzteren Post an Seine Königliche Majestät allerunterthänigst erlassene wird unter Kouvert Euer Hochwohlgeboren richtig überkommen und vermuthlich eröffnet worden sein. Es ware bei Ankunft des von Voltaire kein ander moyen, als den von Hrn. Schmid vorgeschlagenen Assistenten zu nehmen. Den Offizier, welcher kein Wort französisch spricht, habe sowolh zu meiner Sicherheit, als auch mir bei dem Voltaire Respekt zu machen, damit ich zu keiner publiken Arrestirung schreiten dorfte, mit darzu genommen. Wie ich mir nun ganz wohl einbilden kann, dass Er noch Scripturen genug hinter sich habe, so weiss ich doch kein Mittel ausfindig zu machen, solche zu überkommen, er müsste denn in die Königlichen Lande zurückgeführet werden, welches aber ohne besonderes Requisitionsschreiben nicht geschehen kann. Er fängt schon an, sich gute Freunde zu machen, die ihme vielleicht Hoffnung bei dem Magistrat Assistenz zu erhalten. Er ware, da ich bei ihme ware, ziemlich insolent ; er verlangte in ein ander Quartier zu ziehen ; er wollte dem Herzog von Meiningen aufwarten ; ich musste es ihme, doch mit aller Politesse, abschlagen ; da fuhre Er heraus : Comment ! votre roi me veut arrêter ici, dans une ville impériale ? Pourquoi ne l’a-t-il pas fait dans ses Étais ? Vous êtes un homme sans miséricorde, vous me donnez la mort, et vous tous serez sûrement dans la disgrâce du roi. Nachdeme ich ihm ziemlich trucken geantwortet, so habe mich retiriret.

Er scheinet elend und schwach zu sein ; ob Er sich aber verstellet, und ob Er vielleicht allezeit wie ein Skelett aussiehet, kann ich nicht wissen.

Wo Er seine andern Ballots, die Er in der Welt herum hat, noch hierher kommen lassen sollte, so wird mir eine ostensible Ordre oder auch eine Requisition an hiesigen Magistrat, Ihn in aller Form zu arrestiren, nöthig sein.

Das Kreuz und den Schlüssel werde mit dem Buch einsenden.

Ich halte diese Gelegenheit vor einen längst gewünschten glücklichen Moment, der mir die Ehre und Gnade verschafft, mit Euer Hochwohlgeboren einmal in Korrespondenz zu kommen, und versichern zu können, dass ich mit besonderem Attachement und mil wahrer Hochachtung seie[2], etc.

  1. Éditeur, Varnhagen von Ense.
  2. Traduction : Monsieur le très-bien né et très-honoré camérier secret, le rapport très-humble envoyé par la dernière poste à Sa Majesté royale sous le couvert de Votre Excellence est déjà sans doute entre vos mains. À l’arrivée de de Voltaire, je n’eus pas d’autre moyen que de prendre l’assistant proposé par M. Schmid ; quant à l’officier, qui ne sait pas un mot de français, je l’ai amené pour ma sûreté personnelle autant que pour imposer respect au Voltaire. Je m’épargnais ainsi la nécessité de recourir à une arrestation publique : mais, comme je suis persuadé maintenant qu’il a encore bien des manuscrits par devers lui, je ne vois aucun moyen de s’en emparer, sinon de le reconduire bon gré mal gré dans les États du roi, chose qui ne pourrait s’exécuter qu’en vertu d’une réquisition spéciale. Il commence à se faire ici de bons amis qui lui font peut-être espérer la protection des magistrats. Quand je suis retourné chez lui, il s’est montré assez insolent. Il demandait à changer d’hôtel, il voulait aller faire sa cour au duc de Meiningen. J’ai dû lui refuser avec toute la politesse possible. Alors il s’est écrié : Comment ! votre roi me veut arrêter ici, dans une ville impériale ! Pourquoi ne l’a-t-il pas fait dans ses États ? Vous êtes un homme sans miséricorde, vous me donnez la mort, et vous serez tous sûrement dans la disgrâce du roi. Après lui avoir répondu assez sêchement, je me retirai. Il parait souffreteux et affaissé ; est-ce une comédie qu’il joue ? ou bien a-t-il en effet toujours l’air d’un squelette ? Je n’en sais rien. S’il faisait venir ici ses autres ballots, qui courent le monde, j’aurais besoin d’un ordre ostensible ou d’une réquisition aux magistrats pour le faire arrêter dans toutes les formes.

    La croix et la clef, je les enverrai avec le livre.

    Je considère cette occasion comme un moment heureux, désiré depuis longtemps et qui me procure l’honneur d’entrer en correspondance avec vous, très-hautement et bien né, et de pouvoir vous assurer avec un attachement particulier et une véritable estime, que je suis, etc.