Correspondance de Voltaire/1755/Lettre 3026

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Correspondance de Voltaire/1755
Correspondance : année 1755GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 38 (p. 472).
3026. — À M. DUPONT,
avocat.
Aux Délices, 23 septembre

Mon cher ami, je vous regrette plus que le château de Horbourg[1]. Comptez que je suis parti de Colmar avec douleur. J’ai été enchanté des bontés de monsieur le premier président, de Mme de Klinglin, et de toute sa respectable famille ; je vous supplie de leur présenter à tous mes respects. Ne m’oubliez pas auprès de M. de Bruges[2] et de M. l’abbé de Munster, je vous en supplie. Vous croyez bien que je n’oublie pas Mme Goll, à qui j’ai donné la préférence sur toutes les dames de Colmar, et dont j’ai apporté le portrait à Lausanne.

Voulez-vous vous charger, sérieusement parlant, d’une bonne œuvre qui sera utile à cette belle ? Il s’agirait de porter la tribu Goll à s’accommoder d’une somme certaine pour finir un procès très-incertain, et qui durera peut-être encore bien des années.

Si vous portez ces plaideurs à se contenter d’une somme très-modique, ils vous auront encore bien de l’obligation. M. de Beaufremont vous en aura aussi, et les deux parties vous donneront des honoraires. Il faut saisir ce moment, qui probablement ne reviendra plus. Soyez arbitre ; c’est un métier plus beau que celui de juge. Je vous écris à la hâte ; la poste presse. Je vous embrasse tendrement, vous, et femme, et enfants.


Le Suisse Voltaire.

  1. Voyez la lettre 2642.
  2. Avocat du conseil du duc de Wurtemberg.