Correspondance de Voltaire/1757/Lettre 3387

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Correspondance de Voltaire/1757
Correspondance : année 1757GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 39 (p. 238).
3387. — À M.  TRONCHIN, DE LYON[1].
Délices, 29 juillet.

J’ai une grâce à vous demander ; c’est pour les Pichon. Ces Pichon sont une race de femmes de chambre et de domestiques, transplantée à Paris par Mme  Denis et consorts. Un Pichon vient de moriir à Paris, et laisse de petits Pichon. J’ai dit qu’on m’envoyât un Pichon de dix ans pour l’élever ; aussitôt un Pichon est parti pour Lyon. Ce pauvre petit arrive, je ne sais comment ; il est à la garde de Dieu. Je vous prie de le prendre sous la vôtre. Cet enfant est ou va être transporté de Paris à Lyon par le coche ou par charrette. Comment le savoir ? où le trouver ? J’apprends par une Pichon des Délices que ce petit est au panier de la diligence. Pour Dieu, daignez vous en informer ; envoyez-le-nous de panier en panier ; vous ferez une bonne œuvre. J’aime mieux élever un Pichon que servir un roi ; fût-ce le roi des Vandales[2].

Vous savez la prise de Gabel et du beau régiment le vieux Wurtenberg à parements noirs : plus, cinq cents housards prisonniers. Si on prend Gôrlitz, qui est au delà de Gabel, on est en Silésie ; cependant l’ennemi est toujours en Bohême. On se livre dans Vienne à une joie folle ; on chante les chansons du pont Neuf sur le roi de Prusse.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Frédéric II.