Correspondance de Voltaire/1757/Lettre 3395

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Correspondance de Voltaire/1757
Correspondance : année 1757GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 39 (p. 245-246).

3395. — À M.  PALISSOT.
Aux Délices, 15 août.

Je hasarde, monsieur, ce petit mot de réponse rue du Dauphin, où vous demeuriez l’année passée, et où je suppose que vous êtes encore. Votre jugement sur la pièce nouvelle[1] confirme ce qu’on m’en a déjà mandé. Je sens combien le métier est difficile, et je vous jure que je ne voudrais pas le recommencer.

J’ai été longtemps en peine de votre ami M.  Patu. Je désire de tout mon cœur qu’il repasse par mon petit ermitage à son retour ; mais il sera triste qu’il y revienne seul[2]. Il avait un compagnon de voyage que je regretterai toujours, et à qui je souhaiterais un emploi auprès de mon lac hérétique plutôt qu’en terre papale.

C’est une chose bien flatteuse pour moi que Mme  la princesse de Robecq[3] ait bien voulu ne pas m’oublier. J’ambitionnais son suffrage, quand elle ornait les premières loges de sa présence ; je désirais son souvenir ; je l’en remercie bien respectueusement, et je vous prie de me mettre à ses pieds. Soyez sûr, monsieur, que votre souvenir n’est pas moins précieux pour moi que celui des belles princesses.

  1. Sans doute Iphigénie en Tauride.
  2. Patu, lors de son premier voyage à Genève et aux Délices, en octobre 1755, était accompagné de Palissot. Lors du second, en novembre 1756, il était avec d’Alembert.
  3. Anne-Maurice de Montmorency, fille du maréchal duc de Luxembourg et de Marie-Sophie Colbert-Seignelai ; mariée, en 1745, à Anne-Louis-Alexandre de Montmorency, prince de Robecq ; elle mourut le 4 juillet 1700, deux mois après la première représentation de la comédie des Philosophes, où elle se fit porter mourante.