Correspondance de Voltaire/1758/Lettre 3527

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Correspondance de Voltaire/1758
Correspondance : année 1758GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 39 (p. 367-368).

3527. — DE FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.
À Breslau, le 16 janvier.

J’ai reçu votre lettre du 22 de novembre, et du 2 de janvier[1], en même temps. J’ai à peine le temps de faire de la prose, bien moins des vers pour répondre aux vôtres. Je vous remercie de la part que vous prenez aux heureux hasards qui m’ont secondé à la fin d’une campagne où tout semblait perdu. Vivez heureux et tranquille à Genève ; il n’y a que cela dans le monde ; et faites des vœux pour que la fièvre chaude héroïque de l’Europe se guérisse bientôt, pour que le triumvirat[2] se détruise, et que les tyrans de cet univers ne puissent pas donner au monde les chaînes qu’ils lui préparent.


Fédéric.

Je ne suis malade ni de corps ni d’esprit, mais je me repose dans ma chambre. Voilà ce qui a donné lieu aux bruits que mes ennemis ont semés. Mais je peux leur dire comme Démosthène aux Athéniens : « Eh bien ! si Philippe était mort, que serait-ce ? ô Athéniens ! vous vous feriez bientôt un autre Philippe. »

Ô Autrichiens ! votre ambition, votre désir de tout dominer, vous feraient bientôt d’autres ennemis ; et les libertés germaniques et celles de l’Europe ne manqueront jamais de défenseurs.

  1. On n’a point trouvé ces lettres ; et plusieurs autres manquent également.
  2. Le triumvirat féminin dont il est question dans une note de la lettre 3502