Correspondance de Voltaire/1758/Lettre 3620

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Correspondance de Voltaire/1758
Correspondance : année 1758GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 39 (p. 456).

3620. — À M. TRONCHIN, DE LYON[1].
Délices, 16 juin.

Vous savez combien je suis flatté de vous voir réussir dans tout ce que vous entreprenez. Nous savions déjà l’affaire des six millions ; mais je ne dis à personne que vous êtes chargé de cette grande affaire[2] ; c’est un triomphe qui ne sera pas longtemps ignoré. M. de La Bat, votre ami, prétend qu’il sera difficile aux Génois de fournir tout d’un coup cette somme, et peut-être la Suisse, toute Suisse qu’elle est, serait-elle en état de donner ce que les Génois n’auront pas de prêt. En ce cas, je pourrais, en qualité de Suisse, mettre mon denier de la veuve dans cette grande offrande, s’il y avait place dans le tronc.

Il s’en faut bien que nos affaires militaires soient conduites comme vous traitez les affaires de finance. La marche du prince Ferdinand de Brunswick et son passage du Rhin sont un chef-d’œuvre de l’art militaire, et ce n’en est pas un de l’avoir laissé passer. Voilà un terrible événement.

  1. Editeurs, de Cayrol et François.
  2. Voyez le post-scriptum de la lettre 3624.