Correspondance de Voltaire/1758/Lettre 3643

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Correspondance de Voltaire/1758
Correspondance : année 1758GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 39 (p. 481-482).

3643. — À M.  PIERRE ROUSSEAU,
à liège.
À Lausanne, 24 août.

En revenant de Schwetzingen, château de monsieur l’électeur palatin, j’ai reçu à mon passage les deux lettres que vous avez bien voulu m’écrire. Il est vrai que les choses écrites à M.  Darget avec la liberté de l’amitié ne devaient pas être publiques, et que ma lettre[1] n’a pas été imprimée bien fidèlement ; mais c’est là un des plus légers chagrins qu’on puisse avoir dans ce monde. Ces bagatelles sont confondues dans la foule des malheurs publics.

Je désire fort que la nécessité où l’on est de chercher des diversions à tant de désastres ramène un peu les hommes aux belles-lettres, qui sont toujours consolantes. Votre Journal, monsieur, sera continuellement une des plus agréables lectures qui puissent amuser les gens de goût. Je n’aurais guère que des fleurs très-fanées à vous offrir pour votre parterre ; et d’ailleurs on dit qu’il y a des épines qui blesseraient certains lecteurs délicats. Si jamais je fais des psaumes, je vous prierai d’en inonder votre livre ; mais je le ferais tomber. En attendant, je le lis avec un très-grand plaisir,

  1. c’est le n° 3514.