Correspondance de Voltaire/1758/Lettre 3688

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Correspondance de Voltaire/1758
Correspondance : année 1758GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 39 (p. 525).

3688. — À M.  PESSELIER[1].
Aux Délices, 30 octobre.

Enfin, monsieur, à force de recherches, j’ai découvert tout ce que je vous dois. Ce rouleau, dont vous m’avez favorisé, était à Lausanne depuis longtemps, avec des cartes géographiques et des estampes qu’on m’avait envoyées de Pétershourg. J’ai fait tout revenir, et je me hâte de vous faire mes remerciements. Je savais déjà, par les vers agréables qu’on a imprimés de vous, avec quel succès vous cultivez les belles-lettres, et j’avais vu dans l’Encyclopédie quelles sont vos profondes connaissances sur beaucoup d’objets utiles.


Omne tulit punctum, qui miscuit utile dulci.

(Hor., de Art. poet., v. 343.)


Voilà votre devise ; la mienne est : Si placeo, tuum est[2].

Mèrope ne s’attendait pas à être traitée aussi honorablement que la finance. Le Parnasse et le trésor royal vous ont bien de l’obligation. Vous avez un double droit à mon estime et à ma reconnaissance. Si j’étais contrôleur général, vous auriez une pension : et si je faisais encore des vers, je vous chanterais.

Recevez, monsieur, les assurances de l’attachement sincère du vieux Suisse V.

  1. Ch.-Ét. Pesselier, né à Paris en 1712, mort en 1763.
  2. Horace, livre IV, ode iii, vers 24.