Correspondance de Voltaire/1758/Lettre 3692
Mon cher ami, je reçois la cargaison de livres anglais sur lesquels je n’avais plus compté. J’avais fait venir, il y a six mois, les mêmes volumes de Londres. Les uns seront dans mon cabinet des Délices ; les autres, dans celui de Ferney : on n’en saurait trop avoir : tous ces livres sont contre les prêtres. À qui faut-il que je paye ? Je suis tout prêt, et je vous remercie de tout mon cœur.
On est très-irrité, à Berne, contre le ministre de Vevay ou de Lausanne, auteur du punissable libelle inséré dans le Mercure suisse[1] ; et, s’il est découvert, il portera la peine de son insolence.
Vous avez bien raison de plaindre notre ami Polier de Bottens, qui a eu la faiblesse de se laisser gourmander par des cuistres, après avoir eu la force de faire hardiment une bonne œuvre qui devait imposer silence à ces marauds. Je parle un peu en homme qui a des tours et des mâchicoulis[2], et qui ne craint point le consistoire.
Vous n’êtes point venu aux Délices, mais j’espère que nous vous posséderons dans le château de Ferney, et que je vous donnerai, comme M. de Sotenville, le divertissement de courre un lièvre[3]. Mille respects à Mme de Brenles. Bonsoir, mon cher ami. V.