Correspondance de Voltaire/1759/Lettre 3746

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Correspondance de Voltaire/1759
Correspondance : année 1759GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 40 (p. 10-11).

3746. — À M.  BERTRAND.
Aux Délices, 9 janvier 1759.

Mon cher ami, dites-moi, je vous prie, en confidence, et au nom de l’amitié, quel est l’auteur de ce libelle inséré dans le Mercure suisse. On m’assure que c’est un bourgeois de Lausanne, et, d’un autre côté, on me certifie que c’est un prêtre de Vevay. Je suspends mon jugement, ainsi qu’il le faut quand on nous assure quelque chose. J’ai écrit au sieur Bontemps de vous faire tenir le montant de la friperie italienne[1]. En vérité, je n’ai guère le temps de lire les extraits de livres inconnus. Quand on bâtit deux châteaux, et que ce n’est pas en Espagne, on ne lit guère que des mémoires d’ouvriers. Cela n’est pas extrêmement philosophique, mais c’est un amusement ; c’est le hochet de mon âge. J’ai beaucoup lu, je n’ai trouvé qu’incertitude, mensonge, fanatisme. Je suis à peu près aussi savant sur ce qui regarde notre être que je l’étais en nourrice. J’aime mieux planter, semer, bâtir, meubler, et surtout être libre. Je vous souhaite, pour 1759 et pour 1859, repos et santé. Ce sont les vœux que je fais pour M.  et Mme  de Freudenreich ; présentez-leur, je vous en supplie, mes tendres respects. V.

  1. Voyez les lettres 3675 et 3734.