Correspondance de Voltaire/1759/Lettre 3773

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Correspondance de Voltaire/1759
Correspondance : année 1759GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 40 (p. 33-34).

3773. — À M.  BERTRAND.
10 février.

Vous connaissez peut-être les nouvelles ci-jointes, mon cher ami. J’envoie aux seigneurs curateurs un Mémoire[1] accompagné du certificat du décret de prise de corps contre Grasset, convaincu de vol à Genève.

Le libelle est saisi et défendu à Genève. Je sais que ce fatras est très-ennuyeux ; mais un fripon n’en est pas moins punissable parce qu’il est un sot. Je vous prie de voir le Mémoire envoyé aux seigneurs curateurs, dont un double a été dépêché à l’Académie de Lausanne. Je le supprime ici pour ne pas grossir le paquet.

Je vous conjure de dire à M.  de Freudenreich que mon cœur est pénétré de respect, d’estime et de reconnaissance pour lui au delà de toute expression. Mes sentiments pour vous sont les mêmes. V.

Les chefs de la conspiration contre le roi de Portugal ont été exécutés. Le duc d’Aveiro, avant de mourir, a déclaré que c’étaient les jésuites qui l’avaient encouragé à l’assassinat du roi. Ils lui ont dit que non-seulement il ne commettait pas un crime, mais qu’il faisait une action méritoire. Ils ont fait des neuvaines avec l’exposition du saint sacrement pour le succès de l’assassinat.

Les auteurs de ces conseils sont, suivant la déposition du duc d’Aveiro, un jésuite italien, un du Brésil, le père provincial, les anciens confesseurs du roi et de la famille royale, le père Mathos et le père Irance, tous cordons bleus de l’ordre. Ils sont actuellement dans les fers, au nombre de neuf. Voilà les nouvelles du 5, de Paris, et copiées sur la traduction portugaise, pour le roi de France.

  1. Il est tome XXIV, pages 85 et suivantes.