Correspondance de Voltaire/1760/Lettre 4248

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Correspondance de Voltaire/1760
Correspondance : année 1760GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 40 (p. 530-531).

4248. — À M.  LE DOCTEUR TRONCHIN[1].
7 septembre 1760.

Non, mon cher docteur, je n’y ai jamais mis la main, ni conduit la main de personne ; j’ai seulement deviné l’auteur, et ne l’ai deviné qu’hier, et je suis très-bon devin. L’auteur peut avoir raison de dire qu’un fripon est un fripon ; mais il a tort, et très-grand tort, de mettre à la tête de l’ouvrage un V au lieu d’une autre lettre de l’alphabet.

Je suis très-aise, et vous aussi, qu’on vilipende un tartufe ; je suis très-fâché qu’on me fasse un honneur que je ne mérite point, et que je ne veux point. J’ai demandé justice au conseil du libraire qui abuse de la première lettre de mon nom ; je me soucie très-peu de l’obtenir, je ne me soucie que de votre amitié.

Que ferons-nous de Daumart ? Il est toujours dans le même état. Je soupçonne quelque misère dans son fémur, et je pense qu’il a beaucoup plus besoin de vos bontés que des eaux de Bonn.

Je vous embrasse du meilleur de mon cœur.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.