Correspondance de Voltaire/1760/Lettre 4249

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Correspondance de Voltaire/1760
Correspondance : année 1760GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 40 (p. 531).

4249. — À M. DAMILAVILLE.
Aux Délices, 9 septembre.

Je suis, monsieur, plus touché que jamais de l’intérêt que vous voulez bien prendre à ce qui me regarde. Vous aimez les belles-lettres ; je les ai cultivées jusqu’à l’âge de soixante-sept ans. Je donne mes pièces aux comédiens et aux libraires sans la moindre rétribution. Je mérite peut-être quelques bontés du public ; je n’ai recueilli que des persécutions. Fréron et Pompignan m’ont poursuivi jusque dans ma retraite ; ils m’ont forcé à être plaisant sur mes vieux jours, et j’en rougis.

Je vous prie, monsieur, d’avoir la bonté de vouloir bien envoyer par la petite poste cette lettre à M. Thieriot, qui n’est pas assez riche pour supporter souvent les frais de la poste des frontières à Paris ; c’est d’ailleurs un homme qui aime les belles-lettres autant que vous. Je vous demande bien pardon.