Correspondance de Voltaire/1760/Lettre 4350

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Correspondance : année 1760
Garnier (Œuvres complètes de Voltaire, tome 41p. 76).

4350. — À M. TRONCHIN, DE LYON[1].
28 novembre.

Il pourra se faire que dans quelques jours une demoiselle de dix-huit ans vienne se présenter à vous : c’est la petite-fille du grand Corneille, la petite-nièce de Cinna et de Chimène. Il est juste que je prenne quelque soin de la descendante de mon maître. Les vassaux sont obligés de nourrir les filles de leur seigneur. Supposé qu’elle vienne, nous vous demandons, Mme Denis et moi, toutes vos bontés pour elle ; nous supposons que ce sera vers le temps de l’Escalade. Si vers ce temps-là quelque dame de Lyon va à Genève, ne pourrait-on pas s’arranger ? Je crois que Mme d’Argental voudra bien se charger de son voyage à Lyon ; celui de Genève se fera comme vous le jugerez à propos. Vous voyez que nous faisons aller et venir des filles ; c’est toujours vous qui favorisez ce beau commerce, et vous devez assurément prendre votre droit de passage. Cependant rien n’est si édifiant que nos filles ; nous les tirons du couvent, et nous les renvoyons dévotes.

Le prince Henri est très-malade de la poitrine ; c’est dommage, car il jouait très-joliment dans mes pièces[2].

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. À Berlin, en 1752.