Correspondance de Voltaire/1760/Lettre 4368

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Correspondance : année 1760
Garnier (Œuvres complètes de Voltaire, tome 41p. 93-94).

4368. — À M. DUPONT.
10 décembre.

Si vous aviez été cælebs, mon cher ami, vous seriez venu dans mes beaux ermitages ; je vous y aurais possédé ; vous auriez eu la comédie, et bien jouée, et des pièces nouvelles ; vous auriez chassé, vous auriez vu frère Adam[1], qui est redevenu tout jésuite ; mais vous êtes sponsus et paterfamilias. Je ne vous plains point, parce que vous avez une femme et des enfants aimables ; mais je me plains, moi, d’être toujours loin de vous. Nous ne vous oublions ni aux Délices ni à Ferney ; nous faisons souvent commémoration de vous, Mme Denis et moi. Savez-vous bien que, dans mes retraites, je n’ai pas un moment de loisir ; qu’il a fallu toujours bâtir, planter, écrire, faire des pièces, des théâtres, des acteurs ? Tenez, voilà les Facéties pour vous amuser, et Pierre le Grand pour vous ennuyer. Vale, amice.

  1. Voyez la note, tome XXVII, page 408.