Correspondance de Voltaire/1762/Lettre 4808

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Correspondance : année 1762GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 42 (p. 14-15).

4808. — À M.  THIERIOT.
Aux Délices, 26 janvier.

Le frère ermite embrasse tendrement les frères de Paris. Il a un peu de fièvre, mais il espère que Dieu le conservera pour être le fléau des fanatiques et des barbares. Ni lui ni M. Picardet ne sont contents de l’altération du texte du Droit du Seigneur ; et il espère que, quand il s’agira d’imprimer, le texte sacré sera rétabli dans toute sa pureté.

Je suis enthousiasmé du petit livre de l’Inquisition ; jamais l’abbé Mords-les n’a mieux mordu, et la préface est un des meilleurs coups de dent qu’ait jamais donnés Protagoras[1].

Je suis d’ailleurs très-mécontent de frère Thieriot, dont les lettres sont toujours instructives, et qui écrit une fois en six mois. Ce frère aura pourtant, dans six mois, un ouvrage d’un de nos frères de la propagande qui pourra lui être utile[2], et faire prospérer la vigne du Seigneur.

Allons donc, paresseux, écrivez-moi donc comment on a reçu la réplique foudroyante de l’abbé de Chauvelin aux jésuites[3].

Quelles nouvelles du tripot de la Comédie ? quelle tragédie jouera-t-on ? quelles sottises fait-on ? Envoyez-moi donc celles de Piron[4], puisque j’ai lu celles de Gresset[5].

  1. On pourrait croire, d’après cette phrase, que d’Alembert, auquel Voltaire donnait le nom de Protagoras, est auteur de la Préface du Manuel des Inquisiteurs, qu’on doit à Morellet. Voyez tome XXV, page 105.
  2. Voltaire se proposait sans doute d’abandonner le produit d’un de ses ouvrages sur le chantier à Thieriot. (B.)
  3. Répliques aux Apologies des jésuites. Voyez tome XXIV, page 341.
  4. Le Salon, poëme, 1762, in-4o.
  5. Lettre à M. le duc de Choiseul sur le Mémoire historique de la négociation entre la France et l’Angleterre, Amiens, 1762, in-4o.