Correspondance de Voltaire/1762/Lettre 4828

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4828. — À MADAME LA DUCHESSE DE SAXE-GOTHA[1].
Aux Délices, par Genève, 4 février 1762.

Madame, je crains d’envoyer par la poste à Votre Altesse sérénissime une tragédie[2] où elle ne verra, du moins, que les malheurs du temps passé. Si elle l’ordonne, je tenterai cette voie. Heureux si elle peut se plaire quelques moments à voir dans les infortunes de l’antiquité un faible crayon des calamités qui affligent aujourd’hui la terre ! Puisse le nouveau gouvernement de la Russie contribuer à faire cesser les douleurs et les alarmes publiques[3] !

Je m’occupe actuellement à l’édition de Pierre Corneille. J’espère mettre cet ouvrage à vos pieds à la fin de cette année. Si elle daigne faire parvenir à Mlle Corneille les témoignages de sa bonté, elle peut me les faire adresser par son banquier de Francfort. Elle fait ses respectueux remerciements à Votre Altesse sérénissime. Je me mets aux pieds de son auguste famille avec le plus profond respect.


Le Suisse V.

  1. Editeurs, Bavoux et François.
  2. Olympie.
  3. Pierre III, qui succéda à Élisabeth, fit la paix avec Frédéric.