Correspondance de Voltaire/1762/Lettre 4911

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Correspondance : année 1762GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 42 (p. 121).

4911. — À M. DAMILAVILLE.
28 mai.

Mon cher frère, je suis bien languissant : je serai bien charmé de revoir frère Thieriot avant de mourir, et très-fâché de ne vous avoir jamais vu ; mais, en vérité, je ne vous en aime pas moins.

Nous vous avons adressé en dernier lieu une lettre ouverte pour M. de La Chalotais[1], procureur général du parlement de Bretagne : quand je dis nous, j’entends celui qui tient la plume, et moi. Je vous envoie un livre exécrable[2] ; mais votre ami veut l’avoir, et j’obéis à ses ordres.

Je voudrais savoir comment réussit la nouvelle édition du Dictionnaire de notre Académie. Les étrangers se plaignent qu’il est sec et décharné, et qu’aucun des doutes qui embarrassent tous ceux qui veulent écrire n’y est éclairci. Il est triste que nous ne puissions parvenir à donner un dictionnaire tel que ceux de la Crusca et de Madrid.

Je suis enchanté que Zelmire[3] réussisse. Je m’intéresse à l’auteur, et je m’intéresserai toujours au succès de la scène française ; mais je m’intéresse bien davantage aux frères et à la destruction de l’inf…, qu’il ne faut jamais perdre de vue. Valete, fratres.

  1. Celle du 17 mai, n° 4894.
  2. L’Extrait des sentiments de J. Meslier ; voyez tome XXIV, page 293.
  3. Tragédie de Du Belloy, jouée le 6 mai 1762.