Correspondance de Voltaire/1762/Lettre 4912

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Correspondance : année 1762GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 42 (p. 121-122).

4912. — À M. MOULTOU[1].
Dimanche (mai 1762).

Voici à peu près, monsieur, comme je voudrais finir le petit ouvrage en question[2]. Ensuite, j’en enverrai des exemplaires aux ministres d’État, sur la protection et sur la prudence de qui je puis compter ; à Mme  la marquise de Pompadour, à quelques conseillers d’État, et à quelques amis discrets qui pensent comme vous et moi.

J’accompagnerai l’envoi d’une lettre circulaire par laquelle je les supplierai de ne laisser lire l’ouvrage qu’à des personnes sages, et d’empêcher que leur exemplaire ne tombât entre les mains d’un libraire.

J’en enverrai un au roi de Prusse et à quelques princes d’Allemagne, et je les supplierai de se joindre à ceux qui ont secouru la famille Calas, plongée dans l’indigence par l’arrêt absurde et barbare du parlement de Toulouse.

Le reste des exemplaires demeurerait enfermé sous la clef en attendant le moment favorable de le rendre public. Voyez, monsieur, si ce plan est de votre goût, et ce qu’on doit ajouter et retrancher à la feuille que j’ai l’honneur de vous soumettre.

J’attends avec impatience la lettre de Rousseau à l’archevêque de Paris. Mais j’ai bien peur qu’elle ne soit préjudiciable à la cause de la raison. J’ai été extrêmement affligé des inconséquences de votre ami. J’aurais souhaité qu’il eût été le mien. Pourquoi s’est-il brouillé de gaieté de cœur avec tous les siens ?

  1. Éditeur, A. Coquerel.
  2. Le Traité sur la Tolérance.