Correspondance de Voltaire/1762/Lettre 4917

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Correspondance : année 1762GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 42 (p. 125-126).

4917. — À M. DAMILAVILLE[1].
4 juin.

Mon cher frère, je n’ai point encore cette Éducation de l’homme[2] le plus mal élevé qui soit au monde. Je l’aurai incessamment.

Je sais, en attendant, que l’auteur est un monstre d’insolence et d’ingratitude[3]. Le chien qui suivait Diogène était moins méprisable que lui.

Permettez que je vous adresse un exemplaire d’une brochure[4] plus abominable que tous les livres de Jean-Jacques Rousseau ; elle est pour M. le marquis d’Argence. Ce n’est pas le prétendu marquis d’Argens, compilateur fort plat des Lettres juives, qui est à Berlin ; c’est le marquis d’Argence, maréchal de camp, en son château, près d’Angoulême. C’est un homme très-instruit qui veut réfuter ce détestable ouvrage : il est prodigieusement rare, et, Dieu merci, il ne fera nul mal.

On ne veut donc pas imprimer l’Èloge de Crébillon[5] ? J’étais curieux de le voir.

Je crois frère Thieriot en chemin ; je voudrais bien que vous pussiez en faire autant. Vale.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Émile ou de l’Éducation, par Jean-Jacques Rousseau.
  3. Dans Beuchot, ces premières lignes terminent la lettre du 28 mai, n° 4911.
  4. Les Sentiments de Meslier.
  5. Voyez tome XXIV, page 345.