Correspondance de Voltaire/1762/Lettre 4952

La bibliothèque libre.

4952. — À CHARLES-THÉODORE.
électeur palatin.
Aux Délices, le 5 juillet.

Monseigneur, je voudrais bien que mon bon hiérophante trouvât grâce devant Votre Altesse électorale. Il n’est ni janséniste ni moliniste ; c’est le meilleur prêtre que je connaisse. Si les jésuites lui avaient ressemblé, ils seraient encore en Portugal, et ne seraient point honnis en France. Toute la famille d’Alexandre, que j’ai mise à vos pieds il y a un mois[1], attend ce que vous pensez d’elle pour savoir si elle doit se montrer.

Me sera-t-il permis d’avoir recours à votre protection pour le temporel[2], après avoir soumis le spirituel à vos lumières ? Votre Altesse électorale voit que l’âme et le corps du petit Suisse dépendent d’elle. La petite-fille de Corneille et son édition languissent. J’espère que M. de Beckers nous ranimera. C’est auprès de M. de Beckers que je vous implore ; je crois qu’il n’y a point auprès de lui de meilleure protection que la vôtre. Daignez donc souffrir, monseigneur, que j’adresse à Votre Altesse électorale le triste et discourtois placet que je présente à votre contrôleur général. Il y a de fins courtisans italiens qui prétendent qu’il faut toujours aller au prince par les ministres ; et moi, monseigneur, je tiens que dans votre cour il faut aller au ministre par le prince, et c’est toujours à votre belle âme qu’il faut avoir recours.

Que Votre Altesse électorale daigne agréer, avec sa bonté ordinaire, l’attacbement, la reconnaissance, et le profond respect, etc.

  1. Cet envoi d’Olympie fut fait par l’intermédiaire de Colini, à la fin d’avril : voyez la lettre 4887.
  2. Il s’agissait d’une rente viagère que lui devait l’électeur.