Correspondance de Voltaire/1762/Lettre 4978
Vous m’avez envoyé un trésor, monsieur, j’en ferai bientôt usage ; il y a des mots de Henri IV qui pénètrent l’âme. Il y a des anecdotes curieuses, mais les paroles de ce grand roi sont plus curieuses encore. Il aimerait mieux, dit-il, être turc que catholique[1]. Mais dans quel temps s’exprime-t-il ainsi ? C’est lorsque les prédicateurs canonisaient en chaire l’empoisonneur du prince de Condé, et qu’ils excitaient les bons catholiques à empoisonner ou à assassiner le grand Henri. Dieu préserve son successeur des billets de confession, et des Damiens, et de la guerre avec les Anglais ! Je vous souhaite, monsieur, l’avancement que vous méritez ; et au roi, beaucoup d’officiers qui pensent comme vous.
Recevez les très-humbles et très-respectueux remerciements de votre obligé serviteur.
- ↑ Henri IV dit : « Si je n’étais huguenot, je me ferais turc ; » voyez tome XII, page 567.