Correspondance de Voltaire/1762/Lettre 4978

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Correspondance : année 1762GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 42 (p. 184).
4978. — À M. DE LA MOTTE-GEFRARD.
Aux Délices, le 25 juillet.

Vous m’avez envoyé un trésor, monsieur, j’en ferai bientôt usage ; il y a des mots de Henri IV qui pénètrent l’âme. Il y a des anecdotes curieuses, mais les paroles de ce grand roi sont plus curieuses encore. Il aimerait mieux, dit-il, être turc que catholique[1]. Mais dans quel temps s’exprime-t-il ainsi ? C’est lorsque les prédicateurs canonisaient en chaire l’empoisonneur du prince de Condé, et qu’ils excitaient les bons catholiques à empoisonner ou à assassiner le grand Henri. Dieu préserve son successeur des billets de confession, et des Damiens, et de la guerre avec les Anglais ! Je vous souhaite, monsieur, l’avancement que vous méritez ; et au roi, beaucoup d’officiers qui pensent comme vous.

Recevez les très-humbles et très-respectueux remerciements de votre obligé serviteur.

  1. Henri IV dit : « Si je n’étais huguenot, je me ferais turc ; » voyez tome XII, page 567.