Correspondance de Voltaire/1762/Lettre 5015

La bibliothèque libre.
Correspondance : année 1762GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 42 (p. 215-216).

5015. — POUR MADAME CALAS[1].
Du 25 août.

On se trompe beaucoup quand on dit que Mme  de Pompadour ne s’intéresse pas à l’affaire. Il est vrai qu’elle ne peut ni ne doit agir ouvertement ; mais il est certain qu’elle est très-touchée d’une si horrible injustice, qu’elle rendra tous les services possibles sans se compromettre. Voilà sur quoi Mme  Calas peut compter. Il ne faut pas s’étonner si M. de Saint-Florentin a reçu le placet sans le lire. On ne lit guère de placets à l’audience ; il faudrait que l’audience tînt vingt-quatre heures pour les lire tous.

Il ne faudrait pas s’étonner qu’on ne rendît à Mme  Calas ses filles qu’après le procès.

Le gain de ce procès me paraît sûr. M. le premier président de Nicolaï est celui qui a agi le plus fortement auprès de monsieur le chancelier : il serait bon que Mme  Calas allât le remercier quand il sera à Paris.

Tout ce qu’on a fait jusqu’à présent a consisté à disposer favorablement les esprits, à émouvoir la compassion publique et à exciter l’indignation. Tout le reste se fera bien facilement ; Mme  Calas peut être tranquille. Elle sera très-bien servie par MM. Mariette et de Beaumont, et on prend de tous côtés les meilleures mesures en sa faveur.

Quant au jeune Lavaysse, c’est assez qu’il rende justice à la vérité dans le cours du procès, mais il ne doit pas négliger de faire connaître cette vérité à tous les particuliers auxquels il pourra parler. C’est un devoir dont il ne peut se dispenser, et dont sans doute il s’acquittera.

En un mot, que Mme  Calas se repose sur son innocence, et sur le zèle inaltérable de ceux qui s’intéressent à son affaire.

    Corneille avec le Commentaire de Voltaire que se trouvait la remarque sur les vers de Pompée :

    Ô soupirs ! ô respect ! etc.

    Voyez tome XXXI, page 471.

  1. Éditeur, A. Coquerel.