Correspondance de Voltaire/1762/Lettre 5058

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Correspondance : année 1762GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 42 (p. 256-257).

5058. — À M.  COLINI.
7 octobre.

Voici ce qui m’est arrivé, mon cher secrétaire de la famille d’Alexandre et de Son Altesse électorale palatine. On a représenté Olympie chez moi. Mme  Denis y a joué comme Mlle  Clairon, et Mlle  Corneille s’est surpassée. Mais la mort de Statira, son évanouissement sur le théâtre, m’ont glacé, et l’amour d’Olympie ne m’a pas paru assez développé. Je deviens très-difficile quand il faut plaire à Leurs Altesses électorales. J’ai tout changé ; et la nouvelle leçon que je vous envoie me paraît infiniment mieux ou infiniment moins mal. Si la pièce n’est pas encore jouée à Schwetzingen, je demande en grâce qu’on diffère jusqu’à ce que les acteurs sachent les trois derniers actes tels que je les ai corrigés. Il s’agit de mériter le suffrage de monseigneur l’électeur ; il ne serait certainement pas content de l’évanouissement de Statira. Il vaut mieux tard que mal, et cela en tout genre.

Je vous supplie instamment de présenter mes très-humbles obéissances au chambellan qui dirige les spectacles[1], et à son ami, dont j’ignore le nom[2], mais dont je connais le mérite par des lettres qu’il a écrites à M. de Chenevières, premier commis de la guerre à Versailles. Vous trouverez aisément à débrouiller tout cela. En vvérité, je n’ai pas un moment à moi ; je suis surchargé de tous côtés. Aimez-moi toujours un peu.

  1. Dans Mon Séjour auprès de Voltaire, page 246, on a mis entre parenthèses : « Le baron d’Erbestein. »
  2. On lit ici entre parenthèses : « Le comte de Corsturelles d’Arras. »