Correspondance de Voltaire/1763/Lettre 5150

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Correspondance : année 1763GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 42 (p. 348).
5150. — À M.  DE BRUS[1].
20 janvier.

Je voudrais bien baiser des deux côtés cette bonne religieuse Mme  Julie Fraisse[2]. Voilà un beau contraste avec la barbarie des assassins en robe noire. J’aime encore passionnément ce M.  Dumas, le brave homme ! le digne homme[3] ! Dites-lui, je vous en prie, monsieur, combien je lui ai d’obligations. Je ne doute pas qu’on ne fasse courir dans Paris la lettre de la bonne Mme  Fraisse à M. d’Auriac. Elle doit faire un très-grand effet, j’en envoie copie à mes amis. Mais pour l’archevêque de Toulouse et frère Bourges, je les tiens pour fort suspects. Je crois que le discours révoltant du conseiller au parlement de Paris nous servira plutôt que de nous nuire ; les juges du conseil se croiront intéressés à repousser loin d’eux ce reproche infâme qu’on a plus de soins de l’honneur de la magistrature que de l’équité, qui en fait le véritable honneur.

Mes compliments, je vous prie, à M. de Végobre, et puisse le procès aller au grand conseil !

  1. Éditeur, A. Coquerel.
  2. Anne-Julie Fraisse méritait ces éloges ; sa lettre à M. d’Auriac. imprimée sur une page volante, fut jointe aux recueils factices de mémoires et de factums que Voltaire répandait partout à profusion. (Note du premier éditeur.)
  3. C’est chez lui qu’habitèrent à Paris Mme  Calas et ses filles. Il parait s’être montré pour elles un protecteur délicat et dévoué. (Id.)