Correspondance de Voltaire/1763/Lettre 5149

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5149. — À M.  LE COMTE D’ARGENTAL.
À Ferney, 20 janvier.

J’envoie à mes anges la copie d’une lettre d’une brave et honnête religieuse de Toulouse. Cette lettre me paraît bien favorable pour nos pauvres Calas ; et quoique la religieuse avoue que Mme  Calas sera damnée dans l’autre monde, elle avoue quelle et toute sa famille méritent beaucoup de protection dans celui-ci.

Il y a longtemps que mes anges ne m’ont parlé de cette importante affaire ; j’ose espérer que la révision sera incessamment accordée. Si mes anges veulent avoir la bonté de m’envoyer les chansons du roi David, traduites par ce Laugeois[1], ci-devant directeur des fermes, je lirai avec componction les psaumes pénitentiaux, attendu que je suis malade.

Je ne sais point de nouvelles du tripot ; j’ignore s’il y a des tragédies, des comédies nouvelles : mes anges m’abandonnent. Peut-être aurai-je demain la consolation de recevoir une de leurs lettres. En attendant, je baise le bout de leurs ailes avec toute l’humilité possible, et j’ai toujours pour eux le culte de dulie[2]. Savez-vous ce que c’est que le culte de dulie, mes anges ?

  1. Voyez la note 3, page 322.
  2. Le culte qu’on rend aux saints.