Correspondance de Voltaire/1763/Lettre 5163

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Correspondance : année 1763GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 42 (p. 359-360).

5163. — À M. LEKAIN.
À Ferney, 27 janvier.

En attendant, mon grand acteur, que j’érige un monument à Corneille, Racine, et Molière, je fais une œuvre plus plaisante : je marie la nièce de Corneille ; et ce qu’il y a de bon, c’est que, tandis qu’on joue Dupuis à la Comédie, je la marie à un Dupuits. Ce n’est pas le vieux Dupuis, c’est un jeune gentilhomme, officier de dragons, dont les terres touchent précisément les miennes. Je garde chez moi futur et future ; et, quand vous viendrez nous voir, nous jouerons tous la comédie. Je ferai l’aveugle à merveille, car je le suis ; mais je ne dirai pas :


Dieu, qui fait tout pour le mieux,
M’a fait une grande grâce

De m’avoir crevé les yeux,
Et réduit à la besace.


Je vous embrasse de tout mon cœur.